Mardi 4 août vers 18 heures, une double explosion a touché le centre-ville de Beyrouth, faisant cent morts, des milliers de blessés et de disparus. A Marseille, une journaliste libanaise témoigne des scènes d’apocalypse que vivent sa famille et ses collègues.
"Le journal a été complètement détruit, il y a 15 journalistes blessés". Zeina Trad vit à Marseille depuis quinze ans. Au lendemain de la double explosion qui a frappé le centre de Beyrouth, la journaliste pense à ses collègues du journal arabophone An Nahar.
Hier son frère a été blessé. Il va bien comme le reste de sa famille, "mais on a tous un ami en soins intensifs".
Depuis la cité phocéenne, Zeina a le sentiment d’une fatalité : "Cela fait des mois que nous sommes touchés par une grave crise économique, puis il y a eu le Covid, maintenant ce drame, c’est une descente aux enfers".
Des vitres brisées dans toute la ville, des centaines de blessés, Zeina, en contact avec ses proches depuis mardi soir, décrit "une situation apocalyptique". Ashrafieh l’un des plus anciens quartiers de la capitale libanaise, n’est plus qu’un théâtre de désolation. Ici, vit une population en majorité chrétienne.[A LA UNE A 18H] Au moins 113 personnes ont péri dans l'explosion dévastatrice au port de Beyrouth et des dizaines sont portées disparues, selon un nouveau bilan fourni par le ministre de la Santé, Hamad Hassan #AFP (1/5) pic.twitter.com/BI9VxkXnUK
— Agence France-Presse (@afpfr) August 5, 2020
D’après le gouvernement libanais, le feu serait parti d’un entrepôt sur le port, au nord de Beyrouth. Une cargaison de nitrate d’ammonium serait à l’origine du drame.
"Le gouvernement a stocké sans surveillance et pendant des années 2.700 tonnes de nitrate d'ammonium à côté de la population ? Quel gouvernement peut faire ça ?". Zeina Trad est en colère.
«Une descente aux enfers », le témoignage d’une journaliste libanaise de Marseille, après les explosions de Beyrouth ? https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/bouches-du-rhone/marseille/descente-aux-enfers-temoignage-journaliste-libanaise-marseille-apres-explosions-beyrouth-1860392.html
Publiée par France 3 Provence-Alpes sur Mercredi 5 août 2020
"Il y aura une nouvelle ère au Liban"
Malgré le choc et la douleur des évènements, la journaliste le sait, le Liban se relèvera. "Il y a déjà un exode depuis des mois avec la crise économique, mais beaucoup de gens vont encore essayer de partir", explique-t-elle."Mes parents ont 80 ans, ils y pensent. Qui pense à émigrer à 80 ans ?", se désole-t-elle. Mais "il y aura une nouvelle ère au Liban. Il y aura un nouveau Liban après ça".
Une fatalité certes, mais une réelle volonté de reconstruire le pays : "Les libanais sont de nature optimiste, ils vont se reconstruire, même si aujourd’hui c’est difficile". Zeina relate déjà l’élan de solidarité dans le quartier, au lendemain des explosions.
Jeudi soir, la Paroisse Notre Dame du Liban célèbrera une messe à Marseille, et invite "tous les amis du Liban" à exprimer leur solidarité envers le peuple libanais.قداس على نيّة وطننا لبنان وأبناءه وبناته وراحة لنفوس الشهداء بعد الإنفجار الضخم الذي وقع في مرفأ العاصمة وذلك الساعة ٦٬٣٠ من يوم الخميس ٦ آب. يلي القداس وقفة تضامنية صامتة الساعة ٧٬٣٠. نرجو من الجميع التقيّد بالإجراءَات الصحيّة واحترام المسافات وبضرورة وضع الكمامات الواقية. pic.twitter.com/y58JEkvCPv
— Paroisse Notre Dame du Liban - Marseille (@ndl_marseille) August 5, 2020