DOCUMENT FRANCE 3. "Je reviendrai de manière régulière" : Emmanuel Macron fait le bilan de sa visite exceptionnelle à Marseille

Le chef de l'Etat a accordé, mercredi, un entretien au service politique de France Télévisions à l'occasion de sa dernière journée de visite dans la cité phocéenne, dans le cadre de l'acte II du plan "Marseille en grand".

Le moment de faire le bilan d'une visite exceptionnelle pour un président de la République à Marseille. A l'occasion de sa dernière journée passée dans la cité phocéenne, Emmanuel Macron a livré un entretien à Guillaume Daret, journaliste politique de France Télévisions, pour faire un bilan de ce déplacement. Malgré des annonces sur la lutte contre la criminalité qui ronge la ville, les écoles du futur ou les logements dégradés, le chef de l'Etat estime que "la vie est en train de changer, mais cela doit aller beaucoup plus vite". Tour d'horizon de sa vision de Marseille.

Guillaume Daret : qu'est-ce qui doit aller plus vite dans ce plan "Marseille en grand" ? 

Emmanuel Macron : Tout doit aller plus vite en général, parce qu'il y a une situation d'urgence à Marseille. C'est d'ailleurs ce qui a justifié l'intervention de l'Etat. Tout ce que je me suis engagé à faire, il y a deux ans, a été déployé : le nombre de policiers, le nombre de magistrats, en termes d'effectifs, de moyens... les résultats sont là. On a 70 points de deal qui ont été supprimés, mais ça va ne pas encore assez vite pour les gens qui vivent encore près d'un point de deal, des familles qui perdent un enfant, un frère, une sœur, à cause justement des assassinats liés aux trafics de stupéfiants. On a encore de très bons résultats et je suis confiant pour les prochains jours et les prochaines semaines. Et donc, il faut qu'on intensifie.

Quant au logement, vous savez que l'Etat est ici engagé de manière inédite depuis 2018 à la suite des terribles événements [le drame de la rue d'Aubagne qui a fait huit morts]. Nous sommes dans une phase d'accélération, il faut que l'on arrive à reconvertir davantage de logements, et, plus généralement, il faut produire davantage de logements pour améliorer les conditions d'habitat.

Et enfin, pour l'école, l'Etat investit, ici, de manière inédite pour rebâtir. On a plus de 180 écoles qui sont dans ce programme "Marseille en grand," ça doit aller plus vite. A la rentrée de 2024, on aura déjà une trentaine d'écoles qui auront été produites par cette société de projets, c'est inédit en France. 

Allez-vous revenir à Marseille pour voir comment avance ce plan ?

Bien sûr ! Et sur tous ces sujets, on avance. J'ai redonné des moyens, des engagements pour l'hôpital de Marseille, la santé doit aller plus vite. Donc, on a ajouté de l'argent.

On a doublé le financement sur le tramway et le désenclavement des quartiers Nord avec le reste de Marseille. Donc, je reviendrai de manière régulière, mais on a déjà des premiers résultats. La vie est en train de changer, mais ça doit aller beaucoup plus vite et beaucoup plus fort. Et puis, j'ai voulu aussi durant ce déplacement, ouvrir de nouvelles perspectives, en parlant de la Méditerranée et donc du grand port, avec de nouvelles ambitions pour le transport, l'énergie, le numérique et faire de Marseille-Fos, un très grand port européen, à vocation européenne et mondiale.

Certains Marseillais vous ont dit, au cours du grand débat citoyen, que ça avait été un peu "nettoyé" là où vous étiez passé. Est-ce que vous avez vu la vie quotidienne des Marseillais ?

J'ai essayé, à chaque fois. Je pense qu'il n'y a jamais eu de président de la République qui sont allés faire trois heures et demie de débat à la Busserine, passer, comme en 2021, plusieurs heures à Bassens en bas d'une tour ou être dans une copropriété, comme tout à l'heure, des quartiers Sud.

Donc, je passe beaucoup de temps. Ce qui est tout à fait vrai, c'est quand un président de la République arrive, on a nettoyé avant, et il y a des forces de sécurité. Je ne suis pas dupe et vous non plus. Mais, j'ai à cœur de pouvoir entendre sans filtre les Marseillaises et les Marseillais, et j'ai passé plusieurs heures à leur contact.

Donc, le défi pour "Marseille en grand", c'est de répondre à l'urgence, d'entendre les souffrances et les impatiences, mais aussi de le faire en suivant un cap et une ambition qui voit loin. Parce que cette situation d'urgence est le fruit de petits abandons, de petits mensonges, de petits renoncements et du fait que pendant trop longtemps, on n'a pas fait ce qu'il fallait.

Pourquoi ce tel attachement à Marseille, pourquoi cette volonté d'en faire un tel laboratoire ?

D'abord, parce que c'est la deuxième ville de France. Le président de la République, par définition, passe beaucoup de temps dans la première ville de France, qu'est Paris. Je pense qu'il est légitime, en tant que président de la République, que je mobilise l'action du gouvernement dans ce qui est la deuxième ville de France. Ensuite, Marseille concentre beaucoup de pauvreté, dans son cœur, des grandes difficultés économiques et sociales, mais en même temps, elle a une très grande jeunesse. 

"C'est une des villes les plus jeunes de notre pays. Et c'est pourquoi c'est une chance, et ça justifie cet investissement."

Emmanuel Macron

à France 3 Provence-Alpes

Et beaucoup de ses problèmes nécessitent des très grands changements, qui sont, à l'échelle de la nation. Je pense que Marseille représente aussi une partie des réponses aux difficultés du pays. On peut en faire un laboratoire. Ce qu'on a fait sur les écoles, et ce qu'on est en train de généraliser en termes d’innovation pédagogique, a commencé ici. 

Ce que nous allons faire sur le port, c'est réembrasser le destin océanique de notre pays. Nous avons une stratégie maritime et Marseille est au cœur de cette ambition. Vous avez là un laboratoire de beaucoup d'enjeux pour le pays, quand on parle de l'ouverture à la mer, d'énergie, de jeunesse... Marseille peut aussi beaucoup donner à la France.

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