74% des Français de moins de 25 ans jugent l’avenir effrayant en raison des inquiétudes grandissantes face au dérèglement climatique. Depuis 2019, le terme “éco-anxiété” s’inscrit de plus en plus dans notre espace médiatique et public.
Avez-vous déjà entendu parler de l’éco-anxiété ? La fondation Jean-Jaurès et le Forum français de la jeunesse publient une enquête sur le sujet, chez les jeunes Français de 18 à 30 ans.
L'intérêt de cette étude est de mieux comprendre l’état d’esprit des jeunes concernés et la manière dont ils perçoivent le changement climatique et ses conséquences. Que ce soit d’un point de vue personnel, intime, collectif ou encore politique. Il est important de préciser qu’il ne s’agit en aucun cas d’une pathologie.
Bien qu’il n’existe pas de consensus pour définir cette angoisse, dans ce rapport, l’éco-anxiété est définit comme "un sentiment de préoccupation, d’inquiétude, d’anxiété et d’angoisse ressenti par certains individus, qui est provoqué par des bouleversements actuels ou bien par des menaces qui pèsent sur l’environnement, liés en particulier au dérèglement climatique.”
Colère, tristesse, impuissance
En plus de l’anxiété, d’autres émotions peuvent être ressenties : tristesse, culpabilité, angoisse, mélancolie, impuissance, colère ou encore espoir. L’émotion la plus partagée par le panel est la colère, qui vient majoritairement de "ceux qui ont le pouvoir", et "qui ne font rien, comme les décideurs publics et privés".
“Ces images nous rappellent l’urgence à faire quelque chose. Il faut absolument que les politiques, les chefs d’entreprise, la société, se rendent compte très rapidement de ce problème et agissent maintenant”, confie Nolan Dias Tomaszower, lycéen et éco-anxieux.
Pour ce jeune lycéen, l'éco-anxiété se manifeste par des troubles du sommeil : “J’ai beaucoup de mal à dormir. C’est très compliqué d’avoir ces pensées aussi noires concernant l’avenir. “
37 % des jeunes Français hésitent à avoir des enfants
Pour d’autres, cette éco-anxiété empêche toute perspective d’avenir, comme fonder une famille. Certaines personnes ne se sentent pas en capacité d’assurer une sécurité pour un enfant, et donner la vie paraît aujourd’hui irresponsable. 37 % des jeunes Français sont concernés et hésitent ainsi à avoir des enfants pour cette raison.
Selon le rapport publié avec la fondation Jean-Jaurès, "trois raisons peuvent expliquer cette hésitation. Il y a d’abord une envie de préserver les "générations futures" d’un monde aux conditions de vie incertaines. La notion de limiter sa propre empreinte sur le climat intervient également, la naissance d’un enfant étant perçue comme une contribution potentielle à la surpopulation".
Enfin, près d’un tiers du groupe d’étude s'interroge sur les raisons qui les amènent à souhaiter devenir parents et ce désir de fonder une famille apparaît alors "égoïste".
74% des Français de moins de 25 ans jugent l’avenir effrayant
“Je veux bien croire qu’il y ait une urgence climatique et que cette urgence est source d’inquiétude. Mais je parlerais plutôt d’une source de stress. C’est-à-dire que le stress est une peur de quelque chose qui est bien réel et c’est une crainte qui, en principe, est ajustée aux risques”, explique le Dr Soffer, pédopsychiatre. En clair, ce qui est ressenti n’est pas réellement nouveau, mais la cause qui la génère, elle, l’est.
Bien que pour l’heure il soit compliqué d’évaluer et d’établir un profil-type des éco-anxieux, on remarque que le terme s’inscrit de plus en plus dans l’espace médiatique et public, et plus particulièrement depuis 2019.
On le voit, le dérèglement climatique préoccupe de plus en plus de Français et inquiète une proportion élevée de la population. Selon une étude publiée par The Lancet en 2021, 74% des Français de moins de 25 ans jugent l’avenir effrayant, et d’après l’Ademe, l’environnement fait partie des trois préoccupations les plus importantes des Français.
L’impact des images
“Ce n'est pas normal de voir un climat qui se dérègle aussi rapidement”. Pour autant, malgré le flux important d’images anxiogènes, Nolan n’a coupé ni télé ni réseaux sociaux. “Je pense qu’il faut rester informé par rapport à l’évolution de notre monde. Parce que si on ne comprend pas cette évolution, on ne se donne pas les moyens d’agir pour le rendre meilleur et plus vivable”
Pourtant, le Dr David Soffer, le confirme: “l’utilisation et le contenu des écrans devraient être beaucoup plus contrôlés car les images sont une source d’anxiété extrêmement importante pour les jeunes.”