Le Parc national des Calanques alerte sur une mortalité inquiétante de gorgones selon plusieurs observations récentes faites dans la Méditerranée. Ce phénomène récent est à mettre en lien avec le changement climatique. Son ampleur reste à déterminer.
"C'est bien triste, c'est moche de voir disparaitre des gorgones" déplore Sébastien Tinard, moniteur de plongée et gérant d'archipel plongée à Marseille. Ces coraux pourpres et jaunes qui vivent en colonies sur des substrats rocheux, abritent 15 à 20% des espèces connues de la Méditerranée.
Mais depuis mi-août, les gorgones se meurent massivement dans les eaux du Parc national des Calanques. "Elles se décolorent et deviennent toutes blanches et se cassent" décrit le plongeur qui a constaté leur disparition.
Les premières alertes sur la mortalité des gorgones datent du 18 et 19 août dernier. Elles coïncident avec les violents épisodes orageux survenus dans les Bouches-du-Rhône.
Ce phénomène n'est pas nouveau, " on avait déjà eu plusieurs épisodes de mortalité et notamment en 1999, mais ils s'intensifient de plus en plus" atteste Patrick Bonhomme chargé de mission pêche et gestion de la biodiversité marine du parc.
Un phénomène en lien avec les orages de la mi-août
D'autres observations ont depuis été effectuées par des plongeurs dans les eaux du Parc national des Calanques et autres aires marines protégées du littoral méditerranéen et confirment un phénomène massif de par son ampleur et son intensité.
Des nécroses touchent les nombreuses colonies de gorgones avec pour certaine "la disparition totale des tissus vivants", précise le parc des Calanques.
Pourtant, quelques jours avant les orages survenus à la mi-août, certaines gorgones aujourd'hui mortes étaient en bon état.
Et si les raisons précises du phénomène restent à déterminer. Les scientifiques pointent un lien avec le réchauffement climatique car les gorgones sont très sensibles aux variations de la température de l'eau.
Fortes chaleurs et canicule sous marine en cause
" Tout converge à penser qu'il y a un impact direct ou indirect du réchauffement climatique. Les colonies les plus affectées se trouvent à quelques dizaines de mètres de la surface, dans les eaux les plus chaudes qui sont à 24 à 26°C " explique Patrick Bonhomme.
Cet été a en effet été particulièrement chaud avec ses nombreux épisodes de chaleur et records de températures. Dans l'eau, la biodiversité a elle aussi souffert de ce qu'on appelle des canicules sous-marines qui ont duré dans le temps.
Les gorgones font l'objet d’un suivi scientifique dans le Parc national des Calanques. Des plongées sont actuellement en cours pour déterminer et étudier ce phénomène de mortalité récent.
Des prélèvements vont être effectués pour dresser un état des lieux plus précis des zones touchées.