On les pensait ancrés dans la brique. Pourtant, de plus en plus de noms de rues sont remis en cause, jugés pas assez diversifiés ou paritaires. Quand pensez-vous ? Nous en discutons ce soir dans l’Avant-JT à 18h30.
Gisèle Halimi, Samuel Paty … Ce sont quelques exemples des nouveaux noms qui pourraient bientôt orner l’entrée de votre rue.
L’année 2020 et ses revendications en cascade ont engendré la remise en cause de certains noms de rue partout en France. Les pouvoirs publics prêtent de plus en plus l’oreille à ces préoccupations : à l’occasion de la journée des droits de la femme le 8 mars dernier, la ville de Mandeville (Normandie) a symboliquement rebaptisé la rue "Pierre Curie" en rue "Pierre et Marie Curie".
Plus de parité, plus de diversité ou encore légitimité historique écornée, les raisons qui poussent à changer les noms des rues sont multiples.
Changer un nom de rue : concrètement, comment ça marche ?
Depuis les lois de décentralisation de 1982, le changement du nom d’une rue relève de la compétence exclusive de la municipalité, en vertu de l’article L2121-29 du code des collectivités territoriales.
Les citoyens ont leur mot à dire concernant les noms de rues: ils peuvent transmettre une demande écrite ou orale au maire, ou encore organiser une pétition. Le maire choisit ensuite de soumettre ces propositions aux délibérations du conseil municipal. Au final, c’est le maire qui a le dernier mot en vertu de son pouvoir discrétionnaire, mais sa décision peut être faire l’objet d’un recours.
Autre condition : il est préférable de ne pas attribuer le nom d’une personne vivante à une rue, même si cela n’est pas strictement interdit.
Dans tous les cas, le nom de la rue doit être "conforme à l’intérêt public local", c’est-à-dire ne pas "être de nature à provoquer des troubles à l’ordre public, ni heurter la sensibilité des personnes, ni porter atteinte à l’image de la ville ou du quartier concerné", comme l’a rappelé en 2011 le Ministère des collectivités territoriales.
Ces noms de rues polémiques à Marseille
Les rues marseillaises ne sont pas épargnées par ce vent de changement, comme la rue Colbert, ou encore la rue Alexis Carell. Dernièrement, la rue Bugeaud, a également suscité les critiques en raison du passé colonisateur du maréchal de France.
Cette remise en cause historique s’inscrit dans la même lignée que le déboulonnage des statues né avec le mouvement antiraciste Black Lives Matter en 2020. Un révisionnisme historique qui fait craindre à certains l’effacement d’une partie de l’Histoire.
Plus récemment, en février 2021, un bras de fer s’est engagé entre le maire de Marseille Benoît Payan et le groupe RN au conseil municipal : ce dernier demandait à nommer un boulevard "Laura et Mauranne", du nom des cousines assassinées sur le parvis de la gare Saint-Charles en 2017. Or, la municipalité avait déjà prévu de rebaptiser ce boulevard "Ibrahim Ali", en hommage tué par balle en février 1995 par un colleur d’affiches du Front national.
Depuis, l'avenue des Aygalades (15e) est officiellement devenue l'avenue Ibrahim Ali.
La question vous partage ? Dites-nous ce que vous en pensez. Vos témoignages pourront nous aider à débattre de la question ce vendredi soir à 18h30 dans l'Avant-JT.