Le "recul du trait de côte" rendra des zones inhabitables, prévient le ministre de la Transition écologique. Selon les projections à 2050, 868 logements sont concernés sur le littoral régional. Un tableau qui s'assombrit à l'horizon 2100.
En France, certaines zones côtières vont vite devenir inhabitables face au recul du littoral, a mis en garde le ministre de la Transition écologique jeudi 4 avril sur TF1. Le long des côtes françaises, 500 nouvelles communes à risque ont été identifiées comme étant menacées par l'érosion, en lien avec le réchauffement climatique. Sur le littoral régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur, 868 logements seront impactés à l'horizon 2050, et 22 189 d'ici à 2100.
Dans leur rapport, les experts du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) envisagent différents scénarios.
En Paca, 80% de la population vit sur la côte
Le littoral de Paca s’étend sur 1035 km, ce qui représente 43% de la façade méditerranéenne française. Près de 80% de la population de la région, soit environ 5 millions de personnes habitent sur la côte, où se développent les plus grandes villes et ports de Méditerranée : Marseille, Nice et Toulon.
Selon les données du GREC-Sud, (groupe d'experts sur le climat), en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, un tiers de la population se concentre sur 10% du littoral méditerranéen.
C'est ainsi que les projections du Cerema d'ici à 2050, font état dans les Bouches-du-Rhône de 224 logements affectés par l'érosion côtière, 433 dans le Var, qui est le département plus touché et 211 dans les Alpes-Maritimes. Des chiffres mêlant résidences principales et secondaires.
Les risques d'érosion gagnent du terrain sur le littoral provençal à l'horizon 2100, avec 10 703 logements touchés dans les Bouches-du-Rhône pour 9 809 sur les côtes varoises et 1 677 dans la région niçoise.
Quelque 464 locaux d'activités se retrouvent également en rouge sur la carte en 2050 ainsi qu’une dizaine de campings de la région. Ce à quoi s'ajoutent des aménagements routiers et voies ferrées, qui devront subir des "coupures".
Des solutions sur mesure
Le littoral régional est fait à la fois de côtes rocheuses (Côte Bleue, massif des Calanques, corniche des Maures) et de vastes étendues de plages sableuses (Camargue, golfe de Fos, Hyères), de zones humides et de secteurs artificialisés.
"Il n'y a pas de solution nationale qu'on pourra plaquer partout sur le territoire parce que les côtes de Camargue sont basses et sableuses, tandis que les côtes normandes sont hautes avec des falaises en craie", a précisé à l'AFP Sébastien Dupray, directeur "Risques, eaux, mer" du Cerema.
Selon Antoine Nicault, coordinateur du Grec-Sud, "il faut un plan national unique pour donner les orientations, mais le littoral est multiple et une adaptation au cas par cas est nécessaire".
"On peut trouver des résidences au bord de l'eau, des hôtels, des restaurants, comme des infrastructures militaires dans le Var", poursuit le président de l'association Air Climat, "l'enjeu, c'est de trouver des solutions spécifiques pour répondre à des situations géographiques et socio- économiques diverses".
L'équivalent de 4 200 terrains de foot
Le littoral français a déjà été grignoté par l'érosion à hauteur de 20%. Sébastien Dupray rappelle à l'AFP qu'en 50 ans, "on a perdu environ 30 km², soit 4.200 terrains de foot" et que "le tout digue n'est pas la réponse".
Un point de vue que partage Antoine Nicault : les digues ne sont pas forcément des solutions durables. "Tant que la digue est là, elle protège, mais lorsqu'elle disparaît, on se retrouve encore plus en insécurité". D'autres pistes déjà expérimentées par endroits sont donc à suivre selon ce spécialiste : la renaturation et le repli stratégique "qu'il est nécessaire d'anticiper avec l'État".