Ce mercredi 15 mars, le corps d'un homme de 89 ans et celui de sa femme de 85 ans ont été retrouvés dans leur appartement, au cœur du 1ᵉʳ arrondissement de Marseille. Il s'agit du septième féminicide d’une femme âgée de plus de 65 ans en Provence-Alpes-Côte D’azur, depuis le début de l’année. Des associations réagissent.
Ce mercredi 15 mars, les corps sans vie d’un homme de 89 ans et de son épouse de 85 ans ont été découverts dans leur appartement, dans le 1ᵉʳ arrondissement de Marseille. Selon les premières informations, le mari a fait feu sur sa femme et a ensuite retourné l’arme contre lui. On s'oriente vers le septième féminicide d’une femme âgée de plus de 65 ans en Provence-Alpes-Côte D’azur, depuis le début de l’année.
Selon les chiffres du collectif Féminicides par compagnon ou ex, douze femmes sont mortes par féminicide depuis janvier 2024, dont sept de plus de 65 ans. "C’est l’hécatombe dans la région", déplore une bénévole de l’association Féminicides par compagnon ou ex. Avant de poursuivre : "au 15 mars de l’année dernière, elles étaient trois, contre 12 cette année."
"Elles se retrouvent livrées à elles-mêmes"
Bien qu’il n’existe que très peu d’études et de statistiques sur les meurtres de femmes âgées, les victimes de 70 ans et plus, représentaient 18% des 146 femmes "tuées par leur partenaire ou ex-partenaire de vie", selon la délégation aux victimes.
Pour la bénévole de l’association Féminicides par compagnon ou ex, cela pourrait s’expliquer par le fait que ces femmes ont vécu des violences qui sont passées plus ou moins inaperçues, avec des enfants qui ont quitté le domicile familial. "Elles se retrouvent livrées à elles-mêmes". S’ajoute à cela "la difficulté de divorcer à 60 ans, la précarité étant un risque, la plupart ayant été femme au foyer". Elle ajoute que la maladie peut également agir comme une rupture dans le couple, "surtout si elles avaient une casquette de femme domestique. Si souvent, elles s’occupent de leur conjoint grabataire, l’inverse n’est pas toujours le cas."
D’après elle, le parallèle avec l’évolution de la société peut se faire : "Les hommes veulent de moins en moins gérer ce genre de choses". Pour Sylvaine Grévin, présidente et fondatrice de la Fédération nationale des victimes de féminicides, la problématique est que ces femmes ne parviennent pas à obtenir de l'aide, notamment à cause de la fracture numérique. "Elles n’ont pas forcément accès aux réseaux sociaux, n’ont pas l’habitude de prendre attache avec des services spécialisés", développe-t-elle.
Mieux détecter les violences conjugales
Les deux femmes s’accordent à dire que ces personnes sont isolées socialement, d’autant plus si elles sont malades et que les enfants sont éloignés géographiquement. "Ça reste difficile de parler, les violences ne se voient pas forcément : dénigrement, contrôle de la part de l’auteur", soulève Sylvaine Grévin. Pour elle, l’une des solutions est de former les professionnels de santé, comme les médecins et les auxiliaires de vie, à la détection des violences conjugales pour ces femmes. "C’est une solution importante, d’aller vers une population qui n’appelle pas le 39 19, qui ne va pas se confier à sa voisine. Elles restent isolées et se cachent."
Elle illustre ses propos en donnant l’exemple de la Bretagne, où un système de "l’aller vers" a été mis en place sur les parties rurales du département, avec des professionnels et des associations dédiées aux victimes se déplacent avec un bus, dans des endroits reculés.
Loin de "drames de la vieillesse"
La bénévole de l’association Féminicides par compagnon ou ex, insiste fortement sur le fait que ces féminicides de personnes âgées "n’ont rien à voir avec l’euthanasie" malgré l'amalgamme souvent fait avec des "drames de la vieillesse". "C’est un parallèle bien pratique pour faire de ces hommes, presque des héros. Ça n’a rien à voir. L’euthanasie au fusil de chasse ne sera jamais autorisée. Il y a d’autres manières d’en finir."
Elle assure avoir fait de recherche avec l’association et que parmi les féminicides où le mari se suicide après, "il y a très peu de suicide de couple avec une lettre ou une preuve que le désire de mourir est commun, et surtout sans violence". Elle ajoute également que ces affaires sont "comptabilisées comme mort violente au sein du couple, bien qu’il n’y ait pas de procédure judiciaire, car le conjoint s’est donné la mort".