Grève des médecins libéraux : jusqu'à 70% des cabinets pourraient fermer à partir du 26 décembre

Après une première grève début décembre, des médecins libéraux pourraient à nouveau fermer leurs cabinets à partir du 26 décembre 2022 et pour au moins sept jours. Parmi leurs revendications : une revalorisation des salaires.

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Permettre aux jeunes médecins de s'installer. C'est l'une des raisons évoquées par le mouvement "Médecins pour demain" pour justifier un nouvel appel à la grève.

"La revalorisation de nos salaires permettrait aux médecins de pouvoir s’installer dans de bonnes conditions, d’avoir un outil de travail de qualité et de ne pas avoir peur d’investir dans un cabinet médical", explique Jean-Marc Bensoussan, membre du mouvement "Médecin pour demain".

Un appel à la grève est lancé lundi 26 décembre 2022, pendant une semaine, reconductible. 

Les 1er et 2 décembre les médecins libéraux avaient déjà fait grève. 50 à 70% des cabinets étaient fermés ce jour-là d'après "Médecins pour demain". Les chiffres pourraient être aussi élevés pour ce nouvel appel. Les revendications, elles, n'ont pas changé.

Départs non remplacés

Jean-Marc Bensoussan, médecin dans les Bouches-du-Rhône, explique l'une des raisons de ce mouvement : "il y a une situation alarmante au niveau des professionnels de santé avec de nombreux départs de médecins qui ne sont pas remplacés et des horaires qui sont de plus en plus pénibles".

On doit travailler au moins 45 heures par semaine pour prétendre à un salaire décent de cadre. Sur 25 euros de consultation, il nous reste 10 euros nets !

Jean-Marc Bensoussan, médecin et membre du mouvement "Médecins pour demain"

Il précise travailler jusqu'à 55 heures par semaine pour un revenu "de cadre A" soit entre 4 000 et 7 000 euros par mois. 

Revalorisation des salaires

Concrètement, les médecins aimeraient réévaluer la consultation de 25 euros actuellement, à 50 euros. "Ce serait la contrepartie de l'arrêt des financements de la CPAM des rémunérations sur objectifs", dites "Rosp", précise Jean-Marc Bensoussan.

Il explique qu'un tiers des revenus des médecins est forfaitaire. Parmi ces forfaits, il y a donc cette rémunération sur objectif, "qui est difficilement réalisable et fantaisiste", commente le médecin. 

Par exemple, nous avons un nombre de tests colorectaux réalisés par les patients à atteindre pour obtenir cette prime. Sauf qu'on ne peut pas intervenir directement sur la réalisation de ces tests, on peut seulement faire de la prévention.

Jean-Marc Bensoussan, médecin et membre du mouvement "Médecins pour demain"

Autre exemple : les chiffres à réaliser autour des actes d'ophtalmologie. "Il y a des endroits où il n'y a tout simplement pas d'ophtalmologue, donc cet objectif est inatteignable" souligne le docteur Bensoussan.

Plus d'actes, autant de salaires

Ce dernier indique également une hausse perpétuelle du nombre d'actes par consultation. "Les tâches administratives sont de plus en plus importantes depuis le virage du numérique notamment et le Ségur. On est envahis de certificats et de demandes sociales" rapporte le médecin. Il espère, grâce à une éventuelle hausse de ses revenus, pouvoir embaucher du personnel administratif.

Les demandes sociales comme les dossiers de travailleurs handicapés, les arrêts de travail, les certificats pour les crèches… Tout est de plus en plus lourd et prend de plus en plus de temps.

Jean-Marc Bensoussan, médecin et membre du mouvement "Médecins pour demain"

Depuis le mois d'avril, les médecins peuvent également prescrire des séances chez un psychologue qui sont remboursées par la sécurité sociale. Une nouvelle tâche, "qui prend environ dix minutes par patient" rapporte Jean-Marc Bensoussan. Et de reprendre : "il faut que l'on contacte la sécurité sociale par téléphone pour qu'elle valide la demande". 

Contre le projet de loi "Brun"

Un projet de loi paru le 4 août 2022, prévoit d'"instaurer un mécanisme de conventionnement sélectif des médecins libéraux en zones sur‑dotées". Parmi les préconisations, "la possibilité pour des infirmiers par exemple, de faire des actes simples de médecine générale comme le renouvellement d'ordonnances" explique Jean-Marc Bensoussan. Il souligne que ces derniers seront rémunérés à hauteur de 36 euros pour cet acte, "alors que nous sommes à 25 euros". Et d'ajouter :"cela confirme bien qu'une consultation vaut 36 euros".

Un argument de plus à la demande de revalorisation des salaires des médecins. 

Le médecin deviendrait un chef d’orchestre pour gérer des professions paramédicales comme les infirmiers ou les kinésithérapeutes. Il serait responsable de leurs actes, sans pour autant être payé davantage.

Jean-Marc Bensoussan, médecin et membre du mouvement "Médecins pour demain"

Cette grève aura lieu le 26 décembre "parce que le 10 janvier, le projet des retraites sera sur la table et donc à partir de cette date nos revendications vont passer derrière celles des syndicats pour les retraites". Pour le docteur Bensoussan, c'est le moment ou jamais de se faire entendre. 

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