Entamée depuis deux semaines, la grève de salariés de la propreté de la gare Saint-Charles prend une autre tournure ce lundi. La société Laser Propreté a assigné l’un des grévistes en justice. L’audience s’est tenue ce lundi matin.
Les poubelles s'étalent et le conflit s'enlise, à la gare de Marseille, au grand dam des Marseillais et des touristes venus passer le 15 août dans le Sud. L'entreprise de nettoyage Laser Propreté accuse un gréviste de Saint-Charles d'empêcher certains autres salariés de reprendre le travail, rapport d'huissier de justice à l'appui. "Cette audience a pour but de faire en sorte que les salariés qui souhaitent travailler puissent le faire et que le matériel soit libéré", a déclaré à l'AFP Denis Ferre, conseil de la société Laser Propreté. L'audience a eu lieu ce lundi 14 août à Marseille.
"Quand on a un conflit social, il faut dire pourquoi. Nous avons payé l'intégralité des salaires", a poursuivi Denis Ferre. Un argument réfuté par Kamel Djeffel, porte-parole de l'intersyndicale : "Il ne suffit pas de brandir un constat d'huissier en disant 'voilà, j'ai la preuve, il y a eu des virements', encore heureux qu'il y a eu des virements ! Mais la question est : est-ce qu'il y a eu des virements de la totalité des salaires à tous les salariés ?", a-t-il indiqué aux journalistes de France 3 Provence-Alpes Karen Cassuto et Marie-Agnès Pèleran.
Le porte-parole de l'intersyndicale met également en cause le fait de n'assigner qu'un seul gréviste devant la justice : "Ils ont la possibilité d'assigner un seul salarié, mais pour autant, il faut que ça soit un leader, un porte-parole, un représentant syndical. Pas un simple salarié lambda, ni encarté, ni syndiqué."
"C'est une personne qui ne sait pas lire, pas écrire, qui a une certaine fragilité. En aucun cas, il a empêché ou entravé le droit des salariés de vouloir exercer leur travail."
La décision mise en délibéré à vendredi
Après plus d'une heure d'audience, la décision a été mise en délibéré à vendredi. A la fin de l'audience, une cinquantaine de personnes - grévistes, militants LFI et syndicalistes de Solidaires - ont accueilli leur avocate avec des "hourras" devant le tribunal.
"C'est une grève qui est licite, qui ne souffre d'aucun abus de droit et qui a pour objet simplement le règlement des salaires de l'ensemble des salariés de laser propreté sur l'ensemble des sites concernés, a affirmé Me Marylou Diamantara.
La gare sous les déchets depuis le 1ᵉʳ août
Depuis le début du mois, plusieurs salariés de Laser Propreté, d'abord ceux chargés du nettoyage de la gare Saint-Charles, puis leurs collègues du métro de Marseille, sont en grève. Beaucoup assurent ne pas avoir perçu l'entièreté de leurs salaires de ces derniers mois, notamment des heures supplémentaires pour travail du dimanche et jours fériés ou encore diverses primes.
Face à l'accumulation de déchets à la gare, en pleine saison touristique, le maire de Marseille, Benoît Payan, avait pris un arrêté jeudi enjoignant la SNCF de nettoyer la gare en raison des "risques d'incendies et d'insalubrité que cause l'amoncellement d'ordures". Une opération de nettoyage mandatée par la SNCF avait alors été menée dans la nuit de jeudi à vendredi.
Mais depuis, la grève perdure après l'échec de différentes réunions de négociations et les déchets ont recommencé à s'amonceler. Quand la grève prendra-t-elle ? "JA-MAIS ! Tant qu'on n'est pas payés. PAYEZ-NOUS !", ont scandé les grévistes ce lundi devant le tribunal.
"On reste assez confiants sur la décision de la juge, tout peut arriver, mais quoi qu'il arrive, on est déterminés plus que jamais pour faire valoir nos droits et encore une fois, on ne s'obstine pas à vouloir refuser toute table ronde, mais il y a des choses qu'on n'acceptera jamais", a réaffirmé Kamel Djeffel.
Avec AFP.