C'est l'un des superyachts d'oligarques russes saisis ou bloqués après le début de la guerre en Ukraine en sanction de contre les milliardaires réputés proches du Kremlin.
L'Amore Vero est bloqué par les douanes françaises dans le chantier naval de La Ciotat, près de Marseille, depuis le 2 mars 2022. Le navire blanc de 86 mètres de long, estimé à plus de 100 millions d'euros, était arrivé deux mois plus tôt pour des travaux de maintenance. Lié à Igor Setchine, patron du géant pétrolier russe Rosneft, il est la première saisie opérée en France dans le cadre des sanctions européennes contre la Russie depuis l'invasion en Ukraine.
"La majorité d'entre eux sont en Turquie et d'autres ont été repérés dans les Emirats", souligne Alex Finley, autrice américaine et ancienne agente de la CIA, à l'origine du hashtag #YachtWatch. Quelques-uns ont aussi trouvé refuge dans les eaux des Maldives et aux Seychelles.
Igor Stechine sur la liste noire de l'UE
L'équipe de l'Amore Vero s'apprêtait à quitter La Ciotat pour la Turquie quand il a été saisi, deux jours après que l'Union européenne (UE) a mis Igor Setchine sur sa liste noire des 500 personnalités sanctionnées par un gel de leurs avoirs et une interdiction de séjour en raison de leur soutien à Vladimir Poutine.
La société Kazimo Trade & Invest Limited, dont le siège social est basé aux îles Vierges britanniques, se présente comme propriétaire du superyacht. Elle avait demandé en juillet 2022 en référé "la mainlevée de la saisie du navire" en la qualifiant "de sans fondement", réclament 15 000 euros de dédommagements aux douanes françaises. Elle a été déboutée.
Qui paye ?
Près d'un an après sa saisie, le yacht n'a pas quitté La Ciotat. Il a été mis à sec le mois dernier. Se pose la question des frais de maintenance. En France, ils incombent aux propriétaires des bateaux saisis mais selon Alex Finley, il n'est "pas toujours évident de savoir qui paie." D'autant quand les avoirs bancaires russes sont eux aussi gelés et que "les équipages sont encore sur un grand nombre de ces bateaux" pour en assurer la maintenance. A la suite d'une plainte des douanes, une information judiciaire est en cours et pourrait conduire à sa vente aux enchères, selon France 24.
La liste de ces yachts concernés par les sanctions est difficile à établir. Les navires évitent le pavillon russe, qui ferait d'eux des cibles faciles des sanctions occidentales. Prendre un autre pavillon de complaisance est d'ailleurs un jeu d'enfant puisqu'il suffit de faire une demande auprès du ministère des Affaires maritimes de l'Etat concerné. D'autre part, les navires appartiennent rarement directement aux oligarques, qui se servent de sociétés écran pour brouiller les pistes.
(avec AFP)