À l’initiative des South Winners, les supporters de l’OM et les Marseillais se sont retrouvés aux pieds de Notre-Dame de la Garde mardi 24 octobre pour appeler à la paix, avec un prêtre, un immam et un rabbin en plein conflit meurtrier entre Israël et le Hamas.
Il est près de 15h 30 ce mardi 24 octobre, le parking P3 aux pieds de Notre-Dame de la Garde est interdit aux voitures. C'est pour accueillir les supporters de l'OM et les Marseillais qui ont envie d'être ensemble pour la paix au Proche-Orient et qui répondent à l'appel du groupe de supporters les South Winnners, lancé sur les réseaux sociaux.
Sous le mistral, les drapeaux de Marseille flottent. Du bleu et du blanc, aux couleurs de la ville et aux couleurs de l’Olympique de Marseille. Ce sont les seuls emblèmes tolérés ce mardi après-midi. Autour de l'estrade improvisée, les victimes israéliennes et gazaouies sont au centre des préoccupations mais c’est Marseille qui prime.
Un rassemblement large de Marseillais et de supporters
“Marseille sait s’unir quand il le faut, assure Rachid Zeroual, on ne veut pas se sentir se sentir mal à l'aise dans cette ville, bien au contraire. Marseille, c'est un exemple pour la Méditerranée. Ça fait des siècles que ça dure. C'est notre force et en même temps, il faut qu'elle serve d'exemple dans le reste de la France, en Europe et même dans le monde. Il faut être fier de ce qu'on est et porter haut nos couleurs, notre drapeau".
Sur un promontoire qui sert habituellement de belvédère face à la ville, Rachid Zeroual, leader des South Winers et des membres du groupe ont installé un pupitre avec des micros et des enceintes devant cette estrade improvisée, des bâches bleues et blanches avec la croix de Marseille encadrent le perchoir. En face, il est difficile dans un premier temps de distinguer les supporters des touristes.
"Ce lieu me paraît idéal"
Parmi les personnes rassemblées, il y a Rosy, Marseillaise de naissance, retraitée, catholique et supportrice de l'OM. Elle est venue habillée comme elle va au stade : avec son écharpe, son drapeau de l'OM et son parapluie collector qu'elle compte transmettre à sa petite fille, entraîneur de foot.
"Ce lieu me paraît idéal, vraiment propice, c'est un lieu de paix, quand on vient ici, on retrouve la paix et c'est important de se réunir pour la paix".
Un peu plus loin, il y a Jonathan et sa fille en jogging OM, tous deux de confession juive. Ce père de famille a tenu à venir pour "passer un message de paix, pour dire que le conflit qui se passe à des kilomètres d'ici ne doit pas arriver en France".
Pour lui c'est important de "montrer que des musulmans et des juifs peuvent vivre ensemble. C'est comme ça à Marseille depuis toujours, c'est bien qu'on soit la première ville à faire ce rassemblement, Marseille, c'est un club qui passe au-delà des différences religieuses, communautaires ou autres".
Un imam, un rabbin et un prêtre, ensemble pour la paix
Un peu plus loin, Hassan Rajii, l'imam des quartiers nord est en train de répondre à des journalistes. Alors qu'il explique pourquoi c'est important pour lui d'être là, le rabbin des mêmes quartiers arrive et lui donne une accolade chaleureuse et l'embrasse sur le sommet du crâne. Ils rient ensemble et échangent quelques mots, leur complicité est visible. "C’est un frère qui vient de m'embrasser", déclare Hassan Raji.
"Je crois que c'est un devoir de chacun et surtout nous, les représentants religieux, d'aller au devant pour faire un appel à la paix, un appel à la résilience, un appel de s'asseoir tous à table et surtout nous, ici à Marseille" insiste-t-il.
Peu après, le recteur de la basilique Notre-dame de la Garde arrive et tous les trois accompagnés par Rachid Zeroual échangent quelques mots avant de s'isoler. La prise de paroles était prévue à 16h, il est 16h 20 quand ils reviennent et montent vers l'estrade improvisée.
L'imam au bord des larmes
Le leader des supporters prend alors la parole pour rappeler pour quoi il y a ce rassemblement; un appel à la paix, et ensuite il remercie les personnes présentes de s'être déplacées, avant que l'imam ne prenne la parole.
Au fil de son discours, la voix est chargée d'émotions, les yeux se remplissent de larmes, très ému lorsqu'il évoque les pertes humaines dans les deux camps au Proche-Orient "derrière la douleur de chaque victime se cache la douleur humaine, assure le responsable religieux, la paix ne doit pas faire oublier le passé, au contraire c’est en honorant ces histoires que nous construiront un avenir meilleur dans la paix et la dignité"
Ensuite, Haim Bandai, rabbin des quartiers nord prend la parole, tout en indiquant sur le ton de la plaisanterie qu'il fera plus court que son homologue avant d'être plus sérieux : "Le conflit n’est pas religieux, il est politique. Il faut arrêter de parler au nom de Dieu !"
On est là aujourd’hui pour montrer qu’on peut avoir des idées différentes mais qu’on peut tous vouloir la paix
Haim Bandai, rabbin des quartiers nordau micro sur l'estrade
Pour lui, aucune vie n'est plus importante qu'une autre, "celle d'un enfant comme celle d'une personne plus âgée, dit-il, triste des images qui nous parviennent et il insiste sur le fait que j amais aucune religion véhicule la haine".
Lorsque le recteur de la basilique de Notre Dame de la Garde prend la parole, Il s’associe à toutes paroles qui ont été prononcées, " Ce lieu (la basilique) est un lieu bénit qui fait du bien à tout le monde, De toutes nationalités et toutes religions même sans religion c’est un lieu de paix, de convivialité, pour se poser, se reposer", tient-il à rappeler.
"Cet appel à la paix entre tous dans ce conflit qui nous touche nous avons besoin de dire stop !, insiste Olivier Sponosa recteur de la basilique , pour que chaque visage retrouve joie et sourire. La paix a le visage de chaque homme, chaque femme et chaque enfant qui pleure, qui pousse un cri, qui demande justice.
Avant de conclure : "Marseille est une provocation à la paix car à Marseille par notre identité nous vivons dans la paix".
Pour conclure cet appel à la paix, les trois représentants des trois cultes majeurs à Marseille ainsi que Rachid Zeroual se sont serré la main pendant la minute de silence et un drapeau de la ville a été hissé aux côtés de la bonne mère.