"Même des gens qui partaient en week-end à Marrakech hésitent" : inquiétude chez les voyageurs dans un contexte sécuritaire tendu

Le contexte des affrontements entre le Hamas et Israël, l'attaque au couteau d'Arras et le passage de Vigipirate en "Urgence Attentat" en France inquiètent les voyageurs qui sont nombreux à vouloir annuler leur voyage à l'étranger.

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"On devait partir pour 10 jours en Jordanie demain, on a préféré reporter en mai pour pouvoir vraiment profiter de ce beau voyage", témoigne ce jeudi 19 octobre Nathanaël, un Marseillais de 25 ans, qui a choisi la prudence, sous la pression de son amie Héloïse et de son entourage, dans le contexte des tensions israëlo-palestiniennes et l’assassinat d’un enseignant par un jeune radicalisé à Arras.

Dix jours après l’attaque du Hamas contre Israël, l’inquiétude monte chez les voyageurs. Si les uns se posent des questions, d'autres souhaitent directement renoncer à leur voyage. Vers la Jordanie ou l'Egypte, pays frontaliers d'Israël, mais pas seulement.

Une psychose qui gagne toutes les destinations

Ces derniers jours, Emile Abecassis, directeur de l'agence Sélectour Paradis à Marseille, enregistre des annulations pour "des destinations qui à priori ne sont pas trop à risque" comme Dubaï ou la Tunisie. "Même des gens qui partaient en week-end à Marrakech, au Maroc, hésitent ou ont déjà annulé". 

C'est étonnant, parce que même chez les gens qui ne sont pas concernés, il y a une morosité ambiante qui n'est pas comparable aux crises précédentes.

Emile Abecassis, directeur Agence Sélectour Paradis, Marseille.

France 3 Provence Alpes

Il dit n'avoir jamais connu pareille psychose. "Il y a une ambiance que tout le monde ressent, comme je n'ai jamais connu dans ma carrière", souligne-t-il.

"Je suis voyagiste depuis une quarantaine d'années et je n'ai jamais vu ça", ajoute l'agent de voyage. Spécialiste de la destination Israël, il a pourtant connu plusieurs crises, première et deuxième guerre du Golfe, guerre du Liban... "mais il n'y a jamais eu cette ambiance, note-t-il, c'est incompréhensible".

L'agence de voyage de Saint-Barnabé reçoit aussi des appels de clients qui ne veulent plus partir en Jordanie. "Oui, les gens sont inquiets, mais pour l'instant tous les séjours sont maintenus par les tour-opérateurs, indique Patrick, un agent de l'équipe, les gens demandent à pouvoir reporter si possible leur voyage sur une autre destination". Mais pour l'heure, pas question d'annuler, voire de reporter. Les circonstances ne sont pas jugées comme "exceptionnelles et inévitables" pouvant justifier des remboursements sans frais. "Tant que le SETO (syndicat des entreprises de tour-opérating) et le Quai d'Orsay n'interdisent pas les départs, on maintient", explique le voyagiste. 

Le syndicat a uniquement recommandé de reporter les départs vers Israël jusqu'à nouvel ordre. Seule la compagnie nationale EL Al continue de desservir le pays.

Appel à la vigilance renforcée

Quant au ministère des Affaires étrangères, dans la rubrique "Conseils aux voyageurs" de son site, il appelle seulement "à la prudence"  les personnes se rendant à l'étranger, notamment au Moyen-Orient. "Il est recommandé aux ressortissants français qui sont actuellement présents dans le pays de faire preuve de la plus grande vigilance et prudence et de se tenir absolument à l’écart de toute manifestation ou rassemblement", peut-on lire sur la fiche réactualisée de la Jordanie.

"La vigilance renforcée ne justifie pas un remboursement sans frais : il s’agit finalement de l’état de nombreux pays du monde où les voyages se poursuivent", Me Emmanuelle Llop, fondatrice d'Equinox Avocats, interrogée par le média spécialiste des voyages, Tourmag.

"Urgence attentat" en France 

De nombreux Français s'apprêtent à voyager dans l'hexagone à l'occasion des vacances de la Toussaint qui commencent ce week-end. Au lendemain de l’attaque terroriste contre Dominique Bernard le 13 octobre à Arras, le plan Vigipirate a été relevé au niveau maximum "Urgence attentat" par Elisabeth Borne sur l’ensemble du territoire.

Dans la capitale, les alertes à la bombe se multiplient alimentant encore plus la psychose. Plusieurs ont été lancées en l'espace de quelques heures samedi 14 octobre dans des sites très fréquentés, comme au musée du Louvres, au château de Versailles ou encore à la gare de Lyon.

Dans ce contexte très anxiogène, cette maman a préféré annuler. "Ma fille de 5 ans devait partir en train à Paris, avec sa grand-mère, je ne sais pas si la SNCF va me rembourser, mais je préfère perdre de l'argent, je ne prendrai pas de risque de les laisser partir", confie-t-elle.

Sécurité renforcée dans les trains

Pas plus que la vigilance accrue, la peur ne justifie de se faire rembourser ou échanger son billet gratuitement, si l'on n'a pas opté pour une assurance annulation. "A ce stade, on reste dans des conditions d'exploitation tout à fait normales, tant au niveau de la circulation des trains que de la commercialisation des billets", souligne la communication de la direction régionale de la SNCF à Marseille. 

Mercredi 18 octobre, le ministre des Transports Clément Beaune a annoncé un renfort de 20 % d’agents de sécurité supplémentaires à la SNCF, d'ici à l'été 2024. La sécurité devrait être également renforcée dans les aéroports. Ce jeudi matin, plusieurs ont été évacués en raison d'alerte à la bombe, à Nantes, Lille, Bordeaux et Montpellier. La veille, 17 aéroports français avaient déjà reçu une alerte et 15 temporairement évacués, en raison de "des mauvaises blagues", selon le ministre des Transports Clément Beaune.

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