Témoignage. Attaque du Hamas contre Israël : "C'est horrible", une Française raconte son dangereux périple pour quitter le pays

Publié le Écrit par Annie Vergnenegre

Une jeune Marseillaise en tournage en Israël témoigne de ce qu'elle a vécu depuis l'offensive lancée par le Hamas depuis la bande de Gaza samedi et les difficultés auxquels les touristes étrangers sont confrontés pour quitter le pays.

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"Le trajet pour arriver à Tel Aviv, ça a été le moment le plus stressant que j’ai vécu". Karen Cassuto est journaliste (elle collabore notamment avec France 3 Provence-Alpes). La jeune Marseillaise séjournait avec son père et sa belle-mère à Beer-Sheva, près de Gaza au sud d'Israël, quand la branche armée du Hamas palestinien a lancé son offensive éclair samedi 7 octobre. Plus de 1200 personnes sont mortes des suites de cette attaque et une centaine de personnes sont détenues en otage

Les trois Français se sont retrouvés brutalement plongés au cœur du conflit, obligés de se débrouiller seuls pour rejoindre au plus vite Tel Aviv. Ils sont arrivés ce lundi matin, sains et saufs après un périple dangereux que Karen a raconté à France 3 Provence-Alpes.

Obligés d'aller se réfugier dans un bunker

"Samedi, on a été réveillés un peu après 6h du matin par le bruit des roquettes et l’alarme, ça n'a pas été facile", se souvient la jeune femme, plongée sans s'y être préparée dans la guerre israelo-palestinienne. Beer-Sheva est située à 40 km de Gaza. Une ville étudiante, aux portes du désert du Neguev, d'où les avions israéliens ont lancé leurs raids de riposte. "De la fenêtre de l’appartement où je dormais, j’entendais les avions israéliens en direction de Gaza toutes les minutes, ça faisait trembler la pièce, on imagine ce qu’il se passe là-bas, c’est horrible".

"C’est très difficile, on n’a pas l’habitude de vivre ça en tant que Français. Entendre le bruit des roquettes, entendre l’alarme, aller dans un bunker pour se réfugier..." 

C’est le deuxième séjour de la jeune Marseillais en Israël et en Palestine. Elle ne s'attendait pas à vivre cela. Elle gardait au contraire de son précédent voyage, le souvenir d'un havre de paix. "On sentait la paix au quotidien, les synagogues sont à côté des mosquées, les musulmans et les juifs se marient entre eux… et il n’y a pas de problème, tout le monde parle toutes les langues, les panneaux sont écrits en hébreu et en arabe". 

"On a été rattrapés par la guerre" 

"Tout notre séjour, on est allés à Tel Aviv, Jérusalem, on a beaucoup circulé, c’était très paisible".  Jusqu'à ce qu'on soit rattrapés par la guerre". Karen et ses proches ont dû passer 48 heures dans cette zone de conflit avant pouvoir s'en extirper par leur propre moyen pour aller se mettre à l'abri à Tel Aviv. 

Aucun rapatriement de ressortissants étrangers n'étant organisé, les trois Français ne pouvaient compter que sur eux-mêmes. "On n'avait pas de nouvelles de l’ambassade du tout, j’ai reçu un mail qui nous disait de suivre les instructions des autorités locales, mais pas de rapatriement prévu, les vols étaient tous annulés donc on a décidé de prendre le risque de prendre la route qui va de Beer-Sheva à Tel Aviv". Une route qui longe la frontière de la bande de Gaza pour passer du sud au nord du pays. 

Un trajet à haut risque de Beer-Sheva à Tel Aviv

"C’est une route qui est dangereuse, elle a longtemps été fermée, elle était ouverte aujourd'hui, alors on est partis tôt ce matin", raconte Karen. Un trajet qu'elle n'est pas près d'oublier au milieu des panaches de fumée laissés par les frappes israéliennes.  Dans la nuit de dimanche à lundi, plus de 500 cibles à Gaza auraient été touchées par l'armée. 

"Le ciel était gris, presque noir à cause des roquettes, par les fenêtres, on sentait les odeurs comme des feux d’artifice, on voyait des chars qui passaient d’un côté, des checkpoints avec des policiers de l’autre".

La route est quasi désertée et un silence pesant emplit l'habitacle de la voiture des trois Français.

"Quand on prend la route, on sait qu’on prend un risque, mais on sait aussi qu’on n’a pas le choix."

Karen Cassuto

à France 3 Provence-Alpes

"On ne veut pas rester bloqués dans le sud à Beer-Sheva, on ne veut pas y passer un jour de plus avec les avions, les hélicoptères et les roquettes. On se dit : la route est ouverte, allons-y." La route est ouverte, mais pas sans danger. Karen se guide avec le GPS. Elle suit les dernières infos sur les médias israéliens et les réseaux sociaux. Et surtout l’appli Raid Alert; "qui avertit à la minute des roquettes qui tombent et où est-ce qu’elles tombent". 

Le casse-tête pour trouver un vol retour en France

Au bout d'une heure et 40 minutes, ils arrivent enfin ce matin à bon port. Ils sont hébergés dans un Airbnb proposé gratuitement sur un réseau social grâce à la solidarité qui joue à plein entre Français et Israéliens. Un groupe d'entraide s'est aussi créé sur Facebook pour les Français qui cherchent des billets d'avion pour rentrer. "C’est un véritable casse-tête pour trouver des billets, la majorité des compagnies ont annulé leurs vols, explique Karen, la seule qui vole encore c’est El Al, mais elle annule aussi une partie de ses vols et pour le peu qui reste les prix flambent".  Et quand les compagnies annulent des vols, elles ne proposent aucun remboursement. "On nous dit qu’il faut un certificat médical alors qu’on est dans un contexte de guerre. Mais la clause de guerre n’est pas inscrite dans leur contrat".

Karen est soulagée d'avoir quitté Beer-Sheva et pressée de rentrer en France. Si son vol de demain est maintenu. Ce matin, elle espérait pouvoir un peu décompresser dans les rues de Tel Aviv, mais elle a entendu une pluie de détonations. L'aéroport a été touché.  

"Je me demande si je vais revenir et je suis très triste parce que c’est un pays qui est magnifique", conclut la jeune Marseillaise. 

 

 

 

 

 

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