Depuis les effondrements des immeubles de la rue de Tivoli à Marseille, le poste de commandement des marins-pompiers a pris possession de l'école Frankelin-Roosevelt. Les élèves sont répartis dans d'autres établissements du quartier.
"Retour à l'école dans une ambiance étrange", titre l'AFP. Romane, élève de CM1 à l'école Franklin-Roosevelt a dû changer d'établissement cette semaine. "J'aurais préféré rentrer dans mon école mais on fait avec ce qu'on a", explique-t-elle à l'AFP.
Située dans la rue de Tivoli, son école primaire est devenue le poste de commandement des marins-pompiers de Marseille qui recherchent encore deux disparus dans les décombres des immeubles effondrés dans la nuit de samedi 8 à dimanche 9 avril 2023.
Ce week-end, elle a confectionné des crêpes avec sa mère pour les sinistrés et a préparé un mot au feutre plein de couleurs : "Gardez espoir et n'oubliez pas que tout le monde fait tout son possible pour vous aider."
Comme elle, les autres enfants de cette école ont été répartis dans des établissements et centres de loisirs du quartier. Beaucoup sont restés dans leur famille.
Pour José Gonzalez, père d'une autre fillette de CM1, interrogé, c'était important "qu'ils sortent de la maison et qu'ils parlent entre eux, avec leur langage d'enfants", dit-il à l'AFP devant l'école Michelet Foch qui accueille mardi 11 avril six enfants de Franklin-Roosevelt.
Temps de jeux et de parole
"On fait aller", lance l'une des maîtresses. Une autre, habitant une rue proche de celle où s'est produit l'effondrement, confie avoir préparé les valises de la famille dans l'entrée au cas où elle devrait être évacuée. Un total de 220 logements dans une quarantaine d'immeubles ont été évacués, en raison des risques de fragilisation causés par l'explosion.
La journée ne sera pas une journée de classe mais de temps de jeux et de parole. Le quartier familial, bordé de commerces de bouche réputés, va devoir s'habituer à cette immense cicatrice. Mardi matin, les artères autour des lieux du drame étaient encore barrées par des policiers où une centaine de marins-pompiers s'affairaient.
Ici, "c'est vraiment leur monde, leur limite-monde et là il est touché en plein cœur avec un sentiment de grande fragilité d'un coup", témoigne Mauve Carbonell, professeure d'université, mère d'une fillette en CE2 et d'un collégien.
"Je ne sais pas dans quelle mesure ils vont évacuer les choses", ajoute la mère qui espère que les "psy sauront trouver les mots auprès des enfants qui ont vécu un grand stress." Des psychologues ont été déployés dans tous les lieux d'accueil, certains portant un gilet blanc "samu-psy".
Marseillais solidaires
Il y a eu l'explosion, la fumée, les secours mais surtout la peur pour deux des copines de l'école. Heureusement, l'une n'était pas sur les lieux ni sa mère. Une autre élève de l'école, dans l'immeuble voisin, le 15 qui s'est effondré quelques heures après le 17, a pu être évacuée in extremis par le toit, pieds nus, se remémore un père de famille.
"On n'avait pas de nouvelles, ce qui est stressant, ma fille a été choquée", raconte un autre père, Patrick Gherdoussi. Quand les nouvelles ont été rassurantes - sa fille a pu avoir sa camarade au téléphone -, la solidarité s'est mise en place pour se sentir utiles mais aussi parce que ces familles ont tout perdu.
"Les enfants pensent aux jeux, nous on pense plus aux fringues", ajoute Patrick. L'appel aux dons de l'association des parents d'élèves, relayé sur les réseaux sociaux, a reçu un écho incroyable dans cette ville où la solidarité est fréquente: quelque 700 mails en quelques heures.
La mairie a proposé aux familles touchées des places d'accueil d'urgence en crèche, une cellule d'écoute.
(Sandra Laffont / AFP)