Intempéries : des épisodes méditerranéens de plus en plus fréquents et intenses

Après les violentes intempéries sur la Côte d'Azur ce week-end qui ont fait quatre morts, plusieurs questions se posent sur la fréquence et la violence de ces événements. Avec le réchauffement climatique, des spécialistes constate un décalage des fortes pluies, de mi-octobre à mi-décembre.

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Victimes d'un "épisode méditerranéen", les départements des Alpes-Maritimes et du Var ont été touchés par des pluies diluviennes assorties de vagues impressionnantes sur le littoral entre vendredi et dimanche et de nombreux cours d'eau ont débordé.

Toute la zone avait été placée en vigilance rouge par Météo France samedi et les sirènes avaient même retenti à Nice pour que les habitants restent chez eux.


Ce que les météorologues appellent "l'épisode méditerranéen" est un événement météorologique habituel à cette saison dans la région, les prévisionnistes l'appellent "la mousson méditerranéenne". Mais celui que l'on vient de subir a été particulièrement violent par son intensité.

A certains endroits du Var, il est tombé l'équivalent de deux à trois mois de pluie en 24 à 48 heures.

Au total, les pompiers du Var et des Alpes-Maritimes ont effectué quelque 2.000 interventions dont 171 hélitreuillages dans la nuit pour sauver des personnes menacées par les flots.

Des épisodes plus fréquents et plus intenses

Les scientifiques de Météo France ont réalisé une étude du climat dans le sud de la France sur la période de 1961 à 2015. Pour les spécialistes, ces épisodes méditerranéens vont devenir de plus en plus fréquents et intenses.

"Les épisodes méditerranéens seront de plus en plus nombreux et de plus fortes intensités dans les années à venir", explique Jean-Luc Marino, responsable du service prévision à Météo France.

En 50 ans, la température globale a augmenté de 1,7°C, les épisodes méditerranéens ont augmenté de 22% et la fréquence des fortes précipitations a été multipliée par deux sur cette période. "C'est surtout à partir des années 1990 que l'on constate une augmentation de la fréquence des fortes précipitations" précise le spécialiste des prévisions météo. "Nous subissons déjà les effets du réchauffement climatique, c'est une évidence", ajoute-t-il.

Pour expliquer cette augmentation, il y a les données statistiques, mais les scientifiques ont également utilisé des modèles mathématiques. Parmi ces modèles, il y a la formule de Clausius-Clapeyron, sur le principe de la vaporisation des liquides.

En résumé, "plus la température augmente, plus il y a d'évaporation et plus il y a de vapeurs d'eau dans le ciel, plus il y a de pluie", explique Jean-Luc Marino. Les calculs mathématiques confirment les données statistiques.

Toujours selon les spécialistes, quels que soient les scénarios envisagés à l'horizon 2050 ou 2100, que le dégagement de CO2 dans l'atmosphère soit maîtrisé ou non, le processus de réchauffement climatique entraînera une augmentation des phénomènes de précipitations importantes et violentes dans la région.
Fin de la crue de la La Brague à Antibes - Biot.

#météo06 Fin de la crue de la La Brague à Antibes - Biot. Découvrez ces images aériennes. + d'infos : https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/var/vigilance-rouge-alpes-maritimes-var-pluie-inondation-orages-avalanches-vagues-submersion-1753495.html

Publiée par France 3 Côte d'Azur sur Dimanche 24 novembre 2019

L'urbanisation aggrave les risques d'inondation

L'urbanisation imperméabilise les sols et empêche l'eau d'être naturellement absorbée par la terre. Si on ajoute les cours d'eau qui traversent les villes, souvent très étroits et qui débordent rapidement. 

"On construit beaucoup. Donc forcément, on a des inondations qu’on n’aurait peut-être pas eues il y a une dizaine d’années, parce qu’il n’y avait pas de constructions à ces endroits-là", détaille Paul Marquis, prévisionniste météo à Météo 13.

"On passe d’une sécheresse à de très fortes pluies, on a donc des phénomènes qui vont être aggravés sur le ruissellement urbain notamment".

Depuis une vingtaine d’années, la météo devient de plus en plus extrême, selon le prévisionniste. "On passe d’une sécheresse à deux mois de pluie intense, comme l’année dernière ou en ce moment. Maintenant, on est sur un schéma en dents de scie très extrêmes, avec de nombreux pics d’intensité". 

La catastrophe de Trèbes, dans l'Aude, l'année dernière, ou encore celle du secteur d'Antibes, en octobre 2015, qui avait provoqué de gros dégâts au parc de Marineland, ont clairement mis en exergue la problématique d'aménagement du territoire.
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