Installée dans le quartier depuis 2018, l'unique fleuriste de Noailles, désemparée face aux vendeurs à la sauvette, baisse le rideau. Elle dénonce l'abandon des pouvoirs publics malgré la mobilisation récente de la maire de secteur.
"On ne voit plus mon commerce, plus personne ne rentre !", s'insurge cette commerçante de Noailles, en plein centre-ville de Marseille, à deux pas de la Canebière. Les vendeurs à la sauvette ont pris place devant la boutique de l'unique fleuriste du quartier, leur marchandise déballée sans autorisation, sur le trottoir, à même le sol. Isabelle Vernhes installée depuis 2018, a décidé, non sans amertume, de mettre la clé sous la porte.
La maire des 1ᵉʳ et 7ᵉ arrondissements de Marseille, Sophie Camard, avait porté plainte le 27 novembre 2023 au Tribunal judiciaire de Marseille, avec une quinzaine d’habitants, pour mettre fin à cette situation devenue invivable pour les riverains et les commerçants des rues Polak, rue d’Aubagne, ou encore rue Longue des Capucins.
"Gentrificatrice de merde"
Avant le covid, se souvient-elle, sa devanture était verdoyante. Aujourd'hui, on ne voit plus qu'une insulte en vert fluo, taguée depuis deux mois sur son rideau de fer comme une balafre : "gentrificatrice de merde". Les vendeurs installés à proximité confient qu'ils n'ont d'autres moyens de subsistance que de revendre des objets ou des vêtements récupérés dans des poubelles. Les autres commerçants du quartier reconnaissent que la police est impuissante et échouent à dégager les rues pour permettre aux clients d'accéder aux boutiques. D'autant que les vendeurs n'ont bien souvent aucune adresse de domicile permettant une verbalisation.
" Une maire qui porte plainte ? C'est la blague du siècle"
Malgré la déception de ses habitués, Isabelle Vernhes a décidé de déposer le bilan après deux années de lutte et face à "l'inaction des pouvoirs publics". La plainte déposée par la maire de secteur la fait sourire : " Une maire qui porte plainte ? C'est la blague du siècle", lâche la commerçante avec cynisme, " pourquoi ne l'a-t-elle pas fait plus tôt ? Pourquoi a-t-elle attendu que les habitants bougent pour bouger ? C’est le monde à l'envers !". Isabelle Vernhes se souvient avoir été seule longtemps avec ce problème, "baladée par la mairie". Jusqu'au point de non-retour. Sa boutique a baissé le rideau définitivement, sans fleurs ni couronne.