À Martigues, l’association "American Horse club", une pension pour les chevaux à la retraite, gérée par Jean-Louis Losilla, est sur la sellette. Après avoir reçu un courrier de la direction de l'urbanisme, le martégale doit quitter les lieux d’ici juillet.
"C’est incompréhensible". Jean-Louis Losilla a 68 ans. Et depuis 27 ans, il est installé dans la dernière pinède de La Couronne, avec une dizaine de chevaux à la retraite. Depuis 1997, il vit dans son bus aménagé, grâce à un accord à l’amiable avec l’ancien propriétaire. Lorsqu’il est décédé, il y a de ça huit ans, la veuve a renouvelé cet engagement, sous réserve qu’il continue de s’occuper des chevaux et entretienne la pinède. Ce qu’il a toujours fait avec grand soin.
Mais voilà qu’en aout dernier, tout bascule. La propriétaire vend la maison bâtit sur le terrain et la mairie récupère la parcelle de 2,5 hectares, situé au lieu-dit La Beaumaderie. Si au début, les services de la mairie et le directeur de l’urbanisme lui disent qu’il peut rester "sans problème", quelle fut sa surprise, le 8 avril dernier, jour de son anniversaire, lorsqu’il aperçoit les gendarmes. "Ils sont venus m’apporter un courrier de la Direction de l’urbanisme qui me demande quitter les lieux d’ici trois mois", dit Jean-Louis, encore abasourdi.
"Je suis écoeuré"
Avant d’en arriver à cette décision, la mairie indique dans ce courrier avoir proposé deux biens pour reloger Jean-Louis. "Le premier, ils disent que je l’aie refusé, alors que c’est le bailleur qui a refusé mon dossier, car mes revenus étaient trop faibles." Pour le second, il reconnaît l’avoir refusé. "Ils m’ont proposé un taudis invivable, avec de la moisissure, des escaliers étroits, sans rambarde, alors que les sanitaires et les chambres se trouvent à l’étage, s’indigne Jean-Louis, atteint d’une maladie et dont l’état de santé se dégrade. Ils ont mon dossier médical, ils le savent. Je suis écœuré." Annie, une amie de Jean-Louis, était présente ce jour-là et témoigne : "Le logement était dans un état lamentable, leur comportement n’est pas humain", s’indigne la femme de 83 ans.
Henri Cambessedes, premier adjoint au maire, déclare à La Provence que ce logement est "très intéressant". Mais Jean-Louis n’oublie pas la petite maison de la propriété, qu’on lui a proposé en février 2024. "On m’a menti. On m’a dit que je pourrais y vivre, avec un vrai bail, ils l’ont retapé et puis… plus rien", explique le retraité, sans réellement comprendre ce revirement de situation. Dans la lettre transmise à Mr Losilla, la Ville indique sa volonté de "développer de nouveaux projets en lien avec les associations du quartier de La Couronne / Carro".
"Ma seule préoccupation, ce sont mes chevaux"
De quoi faire grandir l’incompréhension de Jean-Louis, dont son association est totalement en règle. "Qu’il me fasse un bail pour l’association. Ma seule préoccupation, ce sont mes chevaux", insiste Jean-Louis à plusieurs reprises. Annie, présente avec lui, ne manque pas de réagir : "Ils ont changé les radiateurs et le compteur électrique, refait les peintures… mais depuis septembre, la maison est vide ! C’est révoltant, car monsieur habite dans son bus. Même s’il y est mieux que dans cette maison qu’on lui a proposée, ce n’est pas une raison." Si Annie reconnait que Jean-Louis est là sans titre ni droit, elle rappelle qu’il est sur la propriété depuis 27 ans, avec un accord à l’amiable. "On demande un logement décent", martèle la femme.
Jean-Louis ne compte pas baisser les bras et tout faire pour garantir une bonne vie à ses chevaux. Il a engagé une avocate et lancé une pétition pour obtenir gain de cause et rester sur la propriété.