Journée mondiale de l'océan : ramassez des déchets, ils se transforment en bijoux

A l'occasion de la Journée mondiale de l'océan, une grande opération de nettoyage est prévue lundi 8 juin sur les plages de Marseille. Mais les déchets récoltés ne finiront pas dans la benne à ordure. Ils seront triés et une partie des plastiques servira à réaliser des bijoux.

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Enfiler des gants, s'armer d'un sac poubelle et partir à l'assaut de la plage pour ramasser les déchets. Depuis deux ans, Georges-Edouard Legré, de l'association marseillaise 1 Déchet par Jour, constate que de plus en plus de citoyens s'engagent pour protéger la mer.

"Avant, on postait des photos sur les réseaux et on râlait", constate-t-il. "Maintenant on observe de plus en plus d'actions spontanées". Pour la Journée mondiale de l'océan, 1 Déchet par Jour et le World Clean Up Day organisent d'ailleurs une opération à la plage de l'Huveaune à Marseille.

Georges-Edouard attend une centaines de volontaires. En décembre dernier, lors d'une précédente opération au même endroit, plusieurs dizaine de sacs d'ordures ont été remplis. Mais le travail de l'association ne s'arrête pas là.

Les déchets, une matière première précieuse

"Ce serait du gâchis, estime Georges-Edouard. Les déchets sont une matière première précieuse, pas question de simplement les jeter dans la benne à ordure"

Lors du ramassage organisé ce lundi pour la journée mondiale des Océans, des sacs de différentes couleurs seront distribués aux participants. Ils pourront ainsi trier les différents types de déchets.

Pas question non plus de se contenter de les amener aux désormais traditionnelles poubelles vertes, jaunes et bleues. "Plutôt que le traitement des déchets aille à de grandes entreprises, nous préférons des circuits de valorisation des déchets locaux et solidaires", explique Georges-Edouard.

Des partenariats ont ainsi été noués avec plusieurs entreprises et associations. Les canettes de soda sont données à un ferrailleur solidaire. Les bouteilles plastiques à une jeune entreprise de recyclage. Et les bouchons de toutes les couleurs, à l'association Sauvage qui les transforme... en bijoux.

120 kilomètres à la nage entre Marseille et Toulon

Mais attention, pas n'importe quel matériau. "Nous travaillons avec le plastique PEHD", précise Manu Laurin, le fondateur de l'association.

Son engagement pour préserver la Méditerranée est né en 2017. Cette année-là, la Journée Mondiale des Océans marquait pour lui la fin d'un périple de 120 kilomètres à la nage entre Marseille et Toulon.

Un exploit sportif, d'autant qu'il ramassait tous les déchets rencontrés sur son passage. A la sortie, un kilo de détritus par kilomètre parcouru. Mais à l'époque, il ne trouve pas d'association à qui confier leur revalorisation. "De là a germé l'idée de trouver des débouchés pour les associations qui organisent des ramassages".

Manu travaille d'abord à la valorisation des filets de pêche abandonnés avec l'association marseillaise Palana Environnement. C'est avec ce matériau que les premiers bracelets de la marque Sauvage sont créés, en 2019.

3 000 colliers vendus en un an

"En un an, nous en avons vendu plus de 3.000", se réjouit Manu. L'achat ne permet pas seulement de participer au recyclage de déchets. Sauvage reverse en effet 5% de ses bénéfices à des associations locales oeuvrant pour l'environnement.

Face au succès de son concept, Manu a souhaité proposer une gamme de bijoux plus complète : colliers, boucles d'oreille.. Pour cela, il a dû élargir le panel des matériaux recyclés.

Aujourd'hui, l'association récupère du plastique mais aussi du bois et du verre grâce à un réseau d'association partenaires. Toutes organisent des opérations de ramassage de déchets au bord de la Méditerranée, de Palavas-les-flots à Nice.

Les détritus mis de côté sont ensuite transportés à Aix-en-Provence dans l'atelier de l'association. C'est sous les mains expertes des designers qu'ils se transforment en bijoux. Pour les concevoir, Manu a fait appel à l'expertise de Bénédicte Barjolle, créatrice de bijoux à Bormes-les-Minmosa.

Les modèles sont actuellement en prévente grâce à un financement participatif. En moins d'une semaine, 70% de l'objectif a déjà été atteint. "Nos clientes sont surtout des jeunes femmes autour de la trentaine, sensibles à l'environnement", analyse Manu.

Après le coronavirus, de nouveaux types de déchets

Car au-delà du bijou, c'est le message qu'il porte qui plaît. "Bien sûr, nos bijoux ne représentent qu'une infime partie des déchets abandonnés en mer. Mais l'important c'est que les consommateurs prennent conscience des enjeux".

Manu est inquiet de voir de nouveaux types de déchets apparaître avec la crise du coronavirus, comme les masques et gants en plastique.

Mais il reste optimiste pour l'avenir de la Méditerranée. "On sent que les gens font attention à leur consommation de déchets, des initiatives comme le vrac dans les commerces se développent".

Ces initiatives, comme son projet de gamme de bijoux écologiques permettent selon lui de faire pression sur les industriels et les politiques. "Ce sont eux qui ont le pouvoir de couper le robinet des déchets à la source, de réglementer la production de plastiques".

La Mer Méditerranée est réputée comme une des plus polluées au monde. Chaque année 600.000 tonnes de plastique sont rejetées. La majorité de ces déchets viennent des grandes villes, emportées par les fleuves et cours d'eau.

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