La structure, regroupe 1 300 adhérents et quatre postes de contractuels. Elle percevait des financements de la Métropole, mais subitement, l'institution leur a coupé les vivres. L’association poursuit son militantisme, avec en toile de fond un budget moindre.
Annus horibilis pour l’association marseillaise Vélos en ville (CVV), qui existe depuis maintenant vingt-six ans. La Métropole Aix-Marseille ne répond plus à sa demande annuelle de subvention, soit une enveloppe de 40 000 €, sur son budget de fonctionnement qui s’élève à 120 000 €.
« On n’aura pas la trésorerie pour la fête du vélo », déplore son président Fabien Canetto. Outre l’événement annuel, qui représente une bonne moitié des subventions versées par la Métropole, les répercussions qui menacent la structure, l’invitent déjà à envisager une stratégie de survie. « Maintenant, on va réfléchir de quelle manière on va réduire la voilure et passer l’orage pour trouver des partenariats », explique-t-il.
L’association qui regroupe près de 1 300 adhérents milite activement pour l’aménagement ou la réfection de pistes cyclables dans la cité phocéenne. Rien ne roule dans la ville, qui chaque année est évaluée négativement par le baromètre annuel de la FUB (Fédération française des usagers de la bicyclette), dont l’association est membre. En 2021, la ville de Marseille se classe au 38ème rang des villes qui ont aménagé leur voirie, avec au compteur, 3% de piste cyclable (source : France Info), soit 70 km au total de la chaussée.
Vélo et qualité de l’air : un levier non négligeable
Démontrer l’état de la chaussée, lorsqu’elle existe. Cyril Pimentel, le directeur de l’association Vélos en ville, circule à vélo pour illustrer les multiples obstacles croisés sur son chemin. Un vrai parcours du combattant. Des pistes cyclables parallèles aux trottoirs, un contournement qui dirige sur la route et un jeu de zigzag permanent entre les piétons et les cyclistes. « Ce baromètre évalue le ressenti des utilisateurs, ce qui fait qu’une personne se mettra en selle, ou ne le fera pas. À Marseille, rien ne donne envie de s’y mettre », s’agace-t-il. Les déplacements en voiture ou transports routiers sont légion, ce qui ne favorise pas la qualité de l’air. En 2022, la cité phocéenne s’est hissée au 26ème rang des villes les plus polluée d’Europe et la première en France. Toute la population marseillaise réside dans une zone qui dépasse les seuils d’exposition aux particules fines (PM 2,5), fixés par l’OMS. Les déplacements en voiture représentent à eux seuls 23% de la pollution, selon le baromètre de l’agence Atmosud.
Un silence politique face à la pollution
Plus le choix que de contraindre la Métropole, en charge de l’aménagement urbain. L’association Vélos en ville a déposé huit recours au tribunal administratif, deux sont en cours actuellement. « On ne devrait pas les contraindre à devoir respecter la loi », déclare Fabien Canetto. Le Code de l’environnement, adopté en décembre 2019, stipule que les travaux urbains de rénovation ou d’installation (hors autoroute et voie rapide), s’associent obligatoirement à la construction de nouvelles pistes cyclables. Sollicité à plusieurs reprises, le pôle mobilité de la Métropole ne nous a pas répondu. Paradoxalement, les projets affichés sur son site web prévoient une nouvelle flotte de vélos électriques, en service pour janvier 2023. Un appel d’offre a été remporté par les sociétés privées Lime et Dot, qui se partageront le marché avec des vélos de location longue durée. Les pistes cyclables, elles, seront achevées à l’horizon 2030. Faire plus, avec moins.