Les lycéens du Cours Bastide à Marseille invitent les candidats à l'élection présidentielle à venir répondre à leurs questions au sein même de l'établissement. Une initiative unique en France, à laquelle certains postulants à la magistrature suprême ont déjà répondu favorablement.
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La classe politique ne fait pas école dans les cours de récréation.
Dans les lycées, les discussions qui s'engagent entre les élèves concernent rarement les questions relatives à la chose publique.
Et si cette conviction bien établie qui fige que les jeunes ne s’intéressent pas à la politique était en partie erronée ?
Michel Lopez le reconnaît lui-même, quand il songe à impliquer les élèves de son établissement à réfléchir à l'élection présidentielle, il n'espère pas un retour fracassant.
Et pourtant le chef d'établissement a été surpris par l'implication des élèves. "164 sur les 240 lycéens ont répondu à un sondage et 94 ont voulu participer directement à l'organisation et préparer la venue des candidats dans l'école".
L'affaire est donc lancée. Neuf commissions (une par candidat) sont alors créées.
Les élèves ouvrent les livres de campagne, suivent l'actualité, s’imprègnent de cette atmosphère électorale et listent leurs préoccupations en vue de les soumettre aux candidats.
65% souhaitent évoquer le réchauffement climatique, quand 62% s'interrogent sur les programmes scolaires. Viennent aussi des questions sur la santé (60%), la lutte contre les discriminations (58%) ou encore la sécurité (51%).
Si les élèves sont dans les starting-blocks, motivés à faire passer "l'interro orale" aux candidats, qu'en est-il des principaux acteurs ? Vont-ils suivre un mouvement initié par des mineurs qui n'ont pas encore le droit de voter ?
Michel Lopez a déjà eu des touches qui montrent que la plupart mordent à l'hameçon. Les courriers sont prêts certains sont déjà partis. Se sont les élèves qui les ont rédigé, comme celui adressé ici au chef de l'Etat.
"Nous avons déjà eu des accords écrits de Yannick Jadot (EELV) et Fabien Roussel (PC), des engagements oraux de Jean-Luc Melenchon (LFI) et d'Eric Zemmour (Reconquête) et le Président sortant s'il est candidat semble très intéressé".
Anne-Sophie Ciccolini veut y croire. La jeune fille est en terminale et fait partie de la commission Macron.
Peu intéressée par les questions relatives aux intérêts généraux du pays, elle trouve que le personnel politique n'utilise pas forcément les bons mots ni surtout les bons supports pour se connecter à ceux qui le sont vraiment.
"La plupart utilisent Twitter, mais ça c'est un truc de vieux", explique la lycéenne, nous, on est sur Insta, les tchats, TikTok. il faudrait qu'ils s'y mettent plus sérieusement même si pour TikTok l'aspect négatif, c'est que nous ne pouvons pas exposer nos contradictions."
Cette initiative la pousse toutefois à s'ouvrir aux prochaines échéances électorales. Désormais, elle lit la presse, regarde la télé, etc.
Et si Emmanuel Macron accepte l'invitation, sa commission a prévu d'échanger sur des thèmes chers au président sortant, comme l'éventuelle remise en cause de la gratuité dans les universités, sa politique nucléaire ou encore le plan "Marseille en grand".
Anne-Sophie qui souhaite faire médecine, confesse que si le projet "L'Elysée au lycée !" va à son terme, il sera une très belle expérience pour sa vie future.
"Ce n'est pas parce qu'ils n'ont pas encore l'âge de voter que leurs avis et leurs opinions ne devraient pas compter", ajoute Michel Lopez.
"Par la jeunesse vient la promesse d'un avenir meilleur", écrivait Joseph Joffo. Mesdames, messieurs les candidats, pour les lycéens du Cours Bastide, il est temps de tenir la vôtre.