Votre boîte aux lettres ne déborde visiblement pas cette année de programmes des candidats de votre circonscription. Plus de 50 % des partis ont préféré s'abstenir de cette distribution. On vous explique pourquoi.
Ce dimanche 30 juin aura lieu le premier tour de ces élections législatives. Les candidats ont eu seulement trois semaines pour préparer leurs campagnes, après l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale par le président de la République, dimanche 9 juin. Les préparatifs ont dû être anormalement accélérés. Cela a donc eu des conséquences sur la distribution de tracts des programmes des candidats.
Selon Henri Pépin, gérant de l'entreprise de distribution Boîte aux lettres France, ce sont la moitié des candidats qui ont renoncé à distribuer ces fameux programmes pour ces élections. Il nous explique quelles sont les raisons.
Parce qu'un délai trop court
Tous les candidats, quel que soit leur bord politique, le répètent : ils n'ont pas eu assez le temps pour préparer leur campagne. Les candidatures devaient être déposées une semaine après l'annonce de la dissolution, dimanche 16 juin à 10 h. Le Conseil constitutionnel a d'ailleurs été saisi de trois recours visant à annuler le décret de convocation des électeurs aux législatives."La sincérité du scrutin est mise en cause par l’impossibilité de respecter certaines dispositions législatives dans un délai si court", avait précisé l'un des requérants auprès de nos confrères du Figaro.
Ce délai trop court s'est répercuté sur la campagne des candidats. Un problème encore plus important pour les "petits partis". "Je risque de toucher plus de personnes sur internet, par le biais de mes réseaux sociaux, que d'aller perdre du temps pour distribuer mes tracts dans des boîtes aux lettres", nous confie Sébastien Peretti, candidat gilet jaune à la 6e circonscription des Bouches-du-Rhône, regrettant amèrement le peu de temps accordé.
Pour Henri Pépin, il faut plus de temps pour "concevoir, faire les infographies et imprimer leurs programmes". "Il y a un candidat qui vient juste de m'appeler parce qu'il vient de recevoir ses flyers". Impossible pour le gérant de faire la distribution du participant, à deux jours de l'élection.
Parce que STOP PUB
Les professions de foi de tous les candidats doivent être distribuées par La Poste avant le premier tour. Toutefois, il n'y a aucune obligation légale pour la distribution des programmes de chaque participant. Ce sont alors les candidats qui financent et s'occupent, par le biais de sociétés de distribution de pubs souvent, d'envoyer aux habitants dans leurs boîtes aux lettres les flyers.
"Stop pub" est un slogan bien connu et plutôt défavorable pour les sociétés de distribution de pubs. En 2022, le gouvernement lance même une nouvelle expérimentation "Oui pub". Désormais, seuls les habitants qui apposent l'autocollant "Oui pub" sur leur boîte aux lettres peuvent recevoir de la pub, et donc dans ce cas présent les tracts des campagnes. L'expérimentation, déployée dans 14 territoires aujourd'hui, comme la communauté de communes Vallée de l’Ubaye Serre-Ponçon, sera généralisée en 2025.
Un coup dur pour les sociétés de distribution qui mettent peu à peu la clé sous la porte. Pour ces élections législatives. Henri Pépin affirme que plusieurs candidats l'ont appelé, car ils recherchaient désespérément des sociétés de distribution pour distribuer les prospectus aux habitants. "Ils ne peuvent pas toujours passer par La Poste, qui est trop rigide. Le délai est trop tôt, ils ont un délai de 10 jours pour livrer", nous explique Henri Pépin.
Parce que le coût du papier
L'augmentation du prix du papier est une autre conséquence de cette absence de distribution de tracts chez certains. Entre 2022 et 2023, son prix a augmenté de 40 %. En cause : la crise du covid qui a mis un arrêt à un certain nombre de sociétés, les conséquences de la guerre en Ukraine et la flambée des prix de l'énergie. En 2022, United Papier Mills, un des principaux producteurs mondiaux de papier, fait grève, réduisant ainsi l'offre et faisant monter les prix.
Henri Pépin nous explique que les plus "petits" partis n'ont alors pas les moyens de financer la distribution de leurs programmes. D'autant qu'il faut aussi payer la profession de foi, et certains n'obtiendront pas les 5% de suffrages leur permettant de se faire rembourser leur frais d'impression et d'affichage des documents électoraux.
Si certains adhérents des partis distribuent directement les programmes dans les boîtes aux lettres des habitants, d'autres ont fait une croix dessus.