" Ma fille vient à l'école pour travailler, pas pour se prendre une balle", le collège Mallarmé de Marseille criblé de plombs

Deux jours sans cours au collège Mallarmé dans le quartier de la rose à Marseille (13e). Ce mardi 24 septembre, les personnels et enseignants ont exercé leur droit de retrait après la découverte de 87 impacts sur les vitres de l'établissement et retrouvé des douilles sur le terrain de sport. Ce mercredi 25 septembre, les cours n'ont toujours pas repris. Explications.

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Après la découverte, le mardi 24 septembre, de 87 impacts de balles sur les vitres du collège Stéphane Mallarmé dans le 13ᵉ arrondissement de Marseille, dans le quartier de la Rose, les enseignants ont fait valoir leur droit de retrait. Ils estiment que leur sécurité et celles des élèves ne sont pas assurées. Ce mercredi, les cours n'ont pas repris pour laisser aux enseignants et personnels un temps d'échange sur les actions à mener.

Colère et inquiétude des parents

"Mes enfants n'ont pas eu cours depuis hier matin, quand les impacts de balles ont été découverts, mes enfants les ont vus", indique une mère de famille devant l'établissement ce mercredi matin. 

Une autre maman est excédée et ne le cache pas "ma fille vient à l'école pour travailler, pas pour se prendre une balle", et ce qui l'agace d'autant plus c'est, selon elle, le manque d'information" quand j'ai appelé l'école hier, on m'a dit que les élèves étaient renvoyés chez eux à cause d'une panne informatique, et j'apprends le soir sur les réseaux ce qui s'est réellement passé". En effet, devant l'établissement, une affichette est présente avec ce même motif invoqué.

"Que fait-on ? On pose nos enfants le matin, et on attend le soir en sachant qu'ils sont en danger ? Et on ne fait rien ?", s'indigne une mère de famille., "on attend juste qu'un enfant se prenne une balle ? Moi le mien, va rester à la maison, tant pis, pour sa scolarité". 

Une autre mère de famille va plus loin "Marseille est grand, pourquoi laisser un collège dans ce quartier, il y a trop de risques, il devrait être fermé. L’académie nous méprise, on ne nous prévient pas."

Une représentante des parents d'élèves, raconte le climat d'insécurité qui règne dans le quartier. "C’est la nuit pour l'instant que cela se passe, mais on soutient les professeurs. On se sent abandonné par la ville, le rectorat. On habite le quartier, on a très très peur. On entend souvent des feux d’artifice, après donc les tirs ou les feux, on ne distingue pas trop, mais en tout cas, on soutient les professeurs et si le collège doit rester fermé, on comprend et on les soutient". 

Pourquoi un symbole de la république est pris pour cible ?

"Nous avons constaté 87 impacts dans les vitres du collège, nous avons immédiatement alerté notre hiérarchie, et nous avons exercé notre droit de retrait. Mais ce qui nous questionne, c'est comment et pourquoi un symbole de la République, l'école, est pris pour cible par des tirs" ?

Craignant pour leur sécurité et celles des élèves, mardi matin, dès 7h30, les enseignants ont fait valoir leur droit de retrait pour "danger grave et imminent". Une position contestée par le directeur académique. "Je comprends l'inquiétude des professeurs. À chaque fait dangereux aux abords du collège, nous avons sollicité la police. Mais je ne reconnais pas l'imminence du danger, car la situation dure depuis un an", explique Jean-Yves Besssol, Dasen des Bouches-du-Rhône.

"Les faits sont récurrents, le danger se rapproche, et nous avons peur", insiste une professeure, qui rappelle que "début 2024 ; un règlement de compte a eu lieu devant les yeux des élèves de 6e qui étaient en cours de sport". Les professeurs rédigent "des fiches individuelles d'alerte, qui ne sont pas lues, qui restent sans réponse".

Pour situer les faits, une autre professeure explique "les tirs ont eu lieu sur les fenêtres du bâtiment qui se trouve au-dessus de la piste d'athlétisme, donc les élèves en cours de sport sont clairement exposés sur ces pistes".

Les professeurs regrettent que leur hiérarchie leur "réponde par voie de presse et non directement par les canaux d'informations habituels. Vu la situation, ce serait pas mal aussi qu'ils se déplacent pour nous parler".

"Cela dure depuis plus d'un an"

En novembre 2023, déjà, le collège avait été la cible de plusieurs tirs après l'installation d'un point trafic de drogue à proximité. Depuis, plusieurs autres faits de violence ont été recensés par le personnel de l'établissement.

"Depuis quasiment un an, il y a eu plusieurs actes de violences et il n'y a eu aucune action pérenne de mise en sécurité des élèves et des enseignants. Le danger devient de plus en plus présent, c'est pour cela qu'on parle de danger imminent", détaille une professeure.

Le Dasen affirme qu'une nouvelle plainte va être déposée. Jean-Yves Bessol entend rencontrer les élus du conseil d'administration du collège ce jeudi 26 septembre, "mais il n'est pas question que je participe à une assemblée générale comme le souhaitent les enseignants", précise le Dasen.

" Il y a un an déjà, on avait signalé 12 impacts, il y a eu une enquête, et depuis on ne nous a jamais tenus au courant de la suite de l’enquête. Personne de la hiérarchie n'est venue nous apporter des réponses pérennes", s'agace un professeur.

Des patrouilles assurent une ronde depuis ce mardi matin et le signalement de l'incident, mais cela ne rassure pas pour autant le personnel qui regrette que "dans une semaine, les voitures de police auront disparu, et on va retourner à notre quotidien, sans que qui que ce soit ne se soucie de notre sécurité et de celles de nos élèves."

La cité voisine, "le Clos-la rose" est connue pour abriter un trafic de drogue assez important. Pour l'heure, aucun lien n'est établi par la police entre le point de deal et les tirs sur la façade du collège.

"À quel moment on priorise les dangers ? On a quand même des impacts dans nos fenêtres ! On attend quoi ? Que quelqu'un soit mort ou blessé pour qu'on nous prenne au sérieux ?", s'interroge une professeure qui dit ne pas "se sentir écoutée" par sa hiérarchie et qualifie "cette situation d'échec".

Article écrit avec Etienne Bonnot et Alban Poitevin. 

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