Au sixième jour de mobilisation après l'attaque contre Yvan Colonna à la prison d'Arles, un adolescent de 16 ans a été gravement blessé à Ajaccio mardi soir. Il a été évacué dans la nuit à la Timone à Marseille pour y être opéré en urgence.
"Je suis venu manifester parce que ça me tenait à coeur et soudainement j'ai reçu un Flash-Ball à la tête qui m'a mis à terre en sang", sur son lit d'hôpital à la Timone, Jean-Claude raconte. L'adolescent de 16 ans a été gravement blessé mardi après-midi à Ajaccio au cours d'une manifestation de lycéens en soutien à Yvan Colonna, une semaine après son agression par un codétenu à la prison d'Arles qui l'a plongé dans le coma.
"D'un coup j'ai été tiré par les CRS qui m'ont frappé à coup de matraque, qui m'ont mis des coups de rangers dans la tête, qui m'ont tiré sur plusieurs mètres jusqu'à la préfecture", poursuit-il.
La scène a été filmée et partagée sur les réseaux sociaux.
Hospitalisé aux urgences d'Ajaccio, Jean-Claude reçoit 18 points de suture. Mais le scanner montre une fracture du crâne importante.
La décision est immédiatement prise. Il faut transférer le jeune blessé par avion sanitaire vers le service pédiatrique de la Timone à Marseille.
Ils ont dû lui ouvrir complètement le crâne. Il a 48 agrafes d'une oreille à l'autre.
Jean-Christophe Benedetti
L'opération dure plus de trois heures. "Ils ont dû lui ouvrir complètement le crâne, précise Jean-Christophe Benedetti, le père du jeune homme. Il a 48 agrafes d'une oreille à l'autre et il a tout juste 16 ans depuis le 24 février dernier". La famille indique qu'elle va porter plainte.
"La colère, on la contient, dit Jean-Christophe Beneditti, c'est surtout un sentiment d'injustice. Ils s'en prennent à des gosses, il n'y a rien qui permet de justifier ça".
"Ils sont surarmés, suréquipés, s'indigne le père du lycéen. Il y a une petite fille de 14 ans que j'ai vu moi aux urgences, qui a été blessée au pied par un éclat de grenade d'encerclement".
"Il y a un sentiment de mépris complet de toute une jeunesse, et ça crée une tension qui va crescendo", ajoute-t-il évoquant de nouvelles échauffourées mercredi soir à Ajaccio et qui se sont poursuivies jusqu'à minuit.
Des manifestants se sont introduits dans le palais de justice et y ont mis le feu. Deux personnes ont été interpellées de source policière.
Au moins 14 personnes ont été blessées dont un journaliste de TF1 à la jambe, selon la préfecture.
Dans ce contexte d'escalade, les autorités corses ont appelé à "l'apaisement et au dialogue afin d'éviter toute nouvelle victime".
De son côté, la sœur d'Yvan Colonna, Christine, a écrit mercredi une lettre au nom de la famille à la jeunesse corse. Elle appelle à la tenue d'un des plus grands rassemblements que l'île ait connu, mais dans le calme.
Visite "inspection" de la centrale d'Arles
Le sénateur des Bouches-du-Rhône Jérémie Bacchi se rend ce jeudi à la Centrale d'Arles pour se rendre compte de la situation et éclaircir les circonstances dans lesquelles Yvan Colonna été agressé.
Ses avocats demandaient de longue date son rapprochement en Corse, ce qui lui a été systématiquement refusé en raison de son statut de "détenu particulièrement signalé". Un statut levé depuis son agression par Jean Castex "compte tenu de son état de santé qui fait disparaître le risque d'évasion et reconsidérer sa dangerosité."
Des mots qui ont mis le feu à l'île de Beauté. Depuis que le militant nationaliste, condamné pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998, est dans le coma, les manifestations se sont multipliées à l'appel d'étudiants, de lycéens, d'organisations nationalistes ou de syndicats accusant l'État de porter une lourde responsabilité.