En France, l'excision est un crime passible de 10 ans d’emprisonnement, 20 ans si la victime est mineure. À Marseille, le service gynécologique de l'hôpital de la Conception se mobilise contre un acte de torture et une violation des droits humains, selon l'OMS.
À Marseille, l'association GAMS Sud (Groupe pour l’abolition des mutilations sexuelles féminines) travaille en étroite collaboration avec l'équipe médico-chirurgicale de la Maternité de la Conception pour prendre en charge les femmes victimes.
L'excision est l'une des mutilations sexuelles féminines consistant à l'ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres, avec ou sans ablation des grandes lèvres.
Le Docteur Emmanuelle Cohen-Solal, le Professeur Aubert Agostini en association et avec l’aide de l’Union des femmes du monde GAMS Sud présidée par la comédienne Naky Sy Savané, ont mis en place une permanence d’accueil, de soutien et d’information depuis une dizaine d'années.
Leur rôle : "dépister, évaluer, informer, protéger et prendre en charge ses patientes et leurs filles de façon multidisciplinaire". Suivant le souhait des patientes, l’équipe peut aussi assurer la reconstruction chirurgicale.
Des victimes en augmentation
Le docteur Cohen-Solal, gynécologue médical et obstétrique, a vu le nombre de victimes augmenter au fil des années. À Marseille, elle s'occupe de 5 à 10 jeunes femmes, voire jeunes filles par semaine.
"On reçoit des patientes du monde entier, explique-t-elle. Certaines viennent pour un suivi de grossesse, d'autres ont été adressées par des associations, ou par des instances administratives comme l'OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides, ndlr)".
"Le sujet est tabou dans leur communauté. Elles ont eu un parcours de vie très difficile, plein de violences. C'est important qu'elles sachent qu'il existe cette prise en charge pluridisciplinaire".
L’équipe médico-chirurgicale de la Maternité de la Conception participe à la 15e journée mondiale contre l’excision organisée ce mercredi 16 février. L'occasion de mettre en lumière leur combat contre ce crime puni par la loi.
Selon les estimations de l’OMS, 200 millions de femmes dans le monde ont subi une forme de mutilation génitale. Plus de trois millions de jeunes filles par an sont menacées.
Selon les estimations de Santé publique France, 125.000 femmes victimes d'excision vivaient en France en 2019, soit deux fois plus qu'au milieu des années 2000.
Ces mutilations sont principalement opérées en Afrique (de la côte atlantique à la corne de l’Afrique), au Moyen-Orient notamment en Irak et au Yémen ainsi que dans certains pays en Asie, comme en Indonésie.
Effet de la pandémie de Covid-19
Selon l'ONU, deux millions de cas supplémentaires de mutilations génitales féminines pourraient se produire au cours de la prochaine décennie, alors qu'ils auraient pu être évités.
Une augmentation liée à la pandémie de Covid-19, notamment du fait des reports de programmes visant à lutter contre les mutilations.
"De plus, les confinements, la fermeture des écoles ainsi que les inégalités et la pauvreté ont poussé certaines familles à faire subir les MGF à leurs filles".