Des individus ont fait intrusion dans un collège du 15e arrondissement de Marseille et caillassé une classe de sport, blessant un élève. Les personnels de l'établissement font jouer leur droit de retrait depuis le 15 novembre. Ils demandent plus de sécurité.
"Il s’agissait de deux, trois individus, le visage dissimulé", relate Guy Barisone, professeur de sport. Ce n'était pas lui à ce moment-là, sur le terrain de sport du collège Jules Ferry dans le 15e arrondissement de Marseille, mais un collègue, donnant cours à une classe de 5e.
Il est environ 14h50 vendredi 12 novembre. Les individus se mettent alors à lancer des projectiles dans leur direction. Certaines pierres, de grosses tailles, "ne tenant pas dans une main fermée".
Quelques minutes plus tard, l'enseignant part prévenir sa direction en urgence. "Ils n’ont pu que constater les tirs nourris de projectiles sur le terrain où se trouvaient l’enseignant et les élèves".
Le caillassage dure entre 25 et 30 minutes. "Les jets de pierres allaient de plus en plus loin", explique Guy Barisone. Finalement, les élèves et l’enseignant sont forcés de reculer et d’évacuer le terrain.
Une seconde intrusion
Ce premier épisode est suivi d’un second, en fin de journée. Aux alentours de 17h50, le collège se vide de ses élèves. Il ne reste que la principale et la secrétaire de gestion dans leurs bureaux.
Elles remarquent alors deux individus qui s’introduisent dans la cour du collège. Ils se rapprochent de leurs bureaux et les observent pas la fenêtre.
Les enseignants font jouer leur droit de retrait
"Suite à ces deux événements, nous avons fait part à notre direction pendant le weekend de notre mécontentement face à nos conditions de travail".
La direction a alors prévenu les équipes mobiles académiques de sécurité (EMAS), présentes dès lundi matin au collège. Les professeurs, eux, ont fait jouer leur droit de retrait pour danger grave et imminent, expliquant qu’ils n'étaient "plus en mesure d’assurer la sécurité des élèves ni du personnel".
"Nous avons bien précisé qu’il y avait les agissements des individus mais aussi des failles au niveau des systèmes de sécurité, insuffisants ou inexistants".
"Ça fait 15 mois que nous subissons de plus en plus d’actes de caillassages", explique Guy Barisone. L’an dernier, les personnels du collège ont déjà fait jouer leur droit de retrait à plusieurs reprises. La principale adjointe avait notamment été blessée à la tête et avait dû subir des points de suture.
"La première réponse de l’institution a été de rehausser de quelques centimètres les grilles du collège", à 2m50. "C’est très peu pour des personnes athlétiques ou des jeunes qui peuvent aisément les franchir".
Un système de surveillance défaillant
Un grillage à la hauteur n’est pas la seule revendication du personnel du collège. "Les systèmes de caméra surveillance sont défaillants. Plusieurs caméras ne fonctionnent pas, notamment au niveau des installations sportives. Or cela, on l’a déjà signifié depuis quasiment trois mois".
Aussi, une alarme anti-intrusion peut être déclenchée en cas d’événement de la sorte, pour que tout le monde puisse se confier. "Cette alarme n’a pas été activée par la direction, qui est d’abord venue sur le terrain", explique le professeur.
"Normalement, il devrait y avoir dans chaque aile du bâtiment, un bouton permettant à une personne adulte de l’activer". L’alarme est, pour l’instant, trop loin des installations sportives. "Des personnes armées auraient le temps de s’en prendre aux élèves et faire un carnage".
Une corne de brume en guise d'alarme
Lundi, une délégation composée de l’adjointe du Dasen (directeur académique des services de l'Éducation nationale), ainsi que des partenaires du Conseil général ont rencontré les enseignants. Guy Barisone était présent. "Il en est sorti qu’on nous comprenait, on nous comprend toujours, mais que nos revendications ne pourraient pas toutes être réalisées".
"On nous a dit que les systèmes d’alarme anti-intrusion étaient compliqués à mettre en place. A la place, on nous donne un sifflet ou une corne de brume pour le remplacer", lâche l’enseignant, amer. "Ça nous parait effarant".
"Nous avons peur que la situation se reproduise". Ce matin, les professeurs ont appris qu’un élève avait été touché au dos par un projectile, la veille. Une petite pierre. "Si la pierre avait été plus grosse et qu’elle l’avait touché à la tête, il ne serait pas là pour en parler".
"Nous ne sommes pas, ou presque pas, pris au sérieux", déplorent les enseignants qui ont engagé un bras de fer.
Selon l'équipe du collège Jules Ferry, le rectorat a annoncé ce mardi la présence d’une société de gardiennage avec maître-chien, en attendant la sécurisation du collège. "Jusqu’au début des travaux, ou la fin, ou la fin du mois… c’est encore très nébuleux", explique Guy Barisone.
"On espère tenir le plus longtemps possible… pour qu’au moins la commande de matériels ou la réparation des caméras soient effectués".
En attendant, malgré le soutien de quelques parents, d’autres font pression pour que leurs enfants reprennent les cours. Et les cornes de brume n’ont toujours pas été achetées.