Marseille : la Fondation Abbé Pierre se porte partie civile dans l'affaire des immeubles effondrés

La Fondation Abbé Pierre a décidé de se porter partie civile dans le cadre de l'information judiciaire ouverte après l'effondrement de deux immeubles de la rue d'Aubagne. Dans un même temps, la fondation réclame à l'Etat un plan national contre l'habitat indigne.

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Lors d'une conférence de presse organisée hier à Marseille, la Fondation Abbé Pierre a annoncé qu'elle se portait partie civile dans le cadre de l'information judiciaire ouverte après le drame de la rue d'Aubagne. Il reste encore 215 immeubles évacués et 1100 personnes sinistrées en attente, à l'hôtel, de solutions durables.

Pour Florent Houdmon, le directeur régional Paca de la Fondation Abbé Pierre

c'est l'ensemble de la chaîne de la rue qui est mis en tension par ce qu'il s'est passé à Marseille

Arlette Fructus, la déléguée au logement de la ville de Marseille a réagi en comprenant cette décision:

"En se portant partie civile aux côtés des sinistrés suite au drame de la rue d’Aubagne, la fondation Abbé Pierre, avec qui j’ai l’habitude de travailler très régulièrement sur le thème de l’habitat, est tout à fait dans son rôle".

Toutefois, Arlette Fructus rappelle la complexité de ce dossier étant donné "la multiplication des interlocuteurs" et appelle à "une révolution administrative et juridique" (...) "afin de simplifier et d’optimiser les initiatives de l’action publique". Réclamant que "la lutte contre l’habitat indigne soit érigée en Grande Cause Nationale".

Un plan national contre l'habitat indigne

Deux mois après l'effondrement de deux immeubles dans la rue d'Aubagne, la Fondation Abbé Pierre réclame au gouvernement la mise en place d'un plan national contre l'habitat indigne.

Selon la fondation, la France compte 600.000 logements potentiellement indignes (450.000 selon le ministère du Logement).

Nous pensons qu'il faut à minima se fixer un objectif de 60.000 logements indignes rénovés par an,

explique le délégué général de la Fondation Abbé Pierre, Christophe Robert. A ce rythme, il faudrait compter "dix ans" pour sécuriser les logements qui le nécessitent.

"C'est sans doute beaucoup trop lent, mais ce serait déjà six fois mieux que ce que l'on fait aujourd'hui", précise Christophe Robert. Rappelant que l'habitat indigne concerne "à peu près un million de personnes" en France. Il dénonce :

Quand on laisse pourrir des logements dans un certain nombre de territoires et cela a été le cas à Marseille, on tue.

Après le drame dans la cité phocéenne, le ministre du Logement Julien Denormandie a rappelé mercredi sur France Info les efforts du gouvernement avec la loi Elan votée en décembre. "Elle a profondément renforcé l'arsenal juridique contre les marchands de sommeil".

Pour Christophe Robert, "On ne peut pas simplement se contenter de dire: "j'ai fait, j'ai mis des moyens".

Si les collectivités ne jouent pas le jeu, des personnes vont continuer à mourir.

"A Marseille, 40.000 logements avaient été identifiés comme dangereux et pourtant les logements étaient encore là et les ménages pauvres dedans". 

Trouver des solutions coercitives

 Au-delà du cadre législatif, la Fondation souhaite que l'Etat passe des contrats avec les collectivités locales pour rénover des logements et qu'il puisse se substituer à elles en cas d'inaction de leur part. 

Elle réclame aussi plus de moyens sur le terrain, pour accompagner les ménages qui n'osent pas entamer de procédure contre les marchands de sommeil, de peur d'être expulsés de leur logement. Ou pour renforcer les équipes des agences régionales de santé, chargés de suivre les logements insalubres.
 
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