Marseille : Une partie de la valse des millions d’euros passait par le sud de la France

Ouverture, ce lundi, au tribunal correctionnel de Marseille du procès de trois hommes soupçonnés de blanchiment en bande organisée.
Deux millions d’Euros saisis, 225 millions de chiffre d’affaires annuel estimé, pour un réseau hongrois de collecte de fonds à travers l’Europe

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Ces sommes astronomiques d’abord déposées dans des banques slovaques, puis virées sur des comptes en Asie, en Chine. Ensuite, ces montants reviennent sur des comptes de diverses sociétés fictives installées en Turquie, Arabie Saoudite, Émirats Arabes Unis, Espagne, Hongrie, Slovaquie, Belgique et Portugal.

Tout commence, le 26 septembre 2015

Tout commence, le 26 septembre 2015 au col du Perthus, le point de passage entre l’Espagne et la France. Une voiture immatriculée en Allemagne est contrôlée par les douaniers. Le conducteur, un syrien, porteur d’un titre de séjour suédois, vivant en Hongrie, dit ne rien avoir à déclarer. Les fonctionnaires décident de fouiller le véhicule et découvrent, caché, dans le coffre plusieurs liasses de billets de banque, pour un montant total de 1 918 460 euros.
Rapidement, les douaniers découvrent qu’Hasen el Abed est concerné par plusieurs procédures pénales financières en Hongrie, et qu’il est à la tête d’un vaste réseau de collecte d’espèces, ensuite virées sur les comptes de sociétés façades installées dans les pays de l’est.
Les deux autres protagonistes de cette affaire : Karorly Abdul-Karim Borbely, un médecin syrien qui a quitté son pays à cause de la guerre, pour vivre en Hongrie et a accepté de rendre des services à son ami de vingt ans. Zoltan Gyorgy Rötzer, hongrois, homme de paille qui a accepté de devenir prête nom de plusieurs sociétés.
Tous les deux, venus de Hongrie pour témoigner en faveur d’Hasen El Abed, ont été mis en examen et incarcérés dans cette affaire.

225 millions d’€uros, chiffre d’affaires annuel estimé pour le réseau…Des masses phénoménales de numéraires


L’enquête va révéler qu’il s’agit d’un vaste réseau de collecte de fonds, bien organisé et composé d’une dizaine de personnes. Ces mêmes sommes étaient versées sur des comptes ouverts dans des banques slovaques.
L’instruction a pu chiffrer le montant sur les seules structures identifiées à plus de 83 millions d’euros toutes monnaies confondues et ce en l’espace d’une année, d’octobre 2014 au 26 septembre 2015.

Ces sommes sont ensuite systématiquement virées vers des structures commerciales asiatiques en dehors de toute logique commerciale, de toute considération d’objets sociaux

écrit le juge d’instruction dans son ordonnance de renvoi, qui ajoute : « que ce processus de compensation ne permet pas de tracer plus avant les flux bancaires…que l’on constate toutefois des flux avec le moyen orient l’Arabie Saoudite et le Emirats Arabes Unis, des retours vers l’Europe…Attendu que l’origine précise des masses phénoménales de numéraires ainsi converties, et dissimulées, dans les circuits bancaires mondialisés n’a pu être déterminée à l’issue de l’information. » En d’autres termes, la justice a perdu la trace des fonds.
Toutefois le magistrat indique qu’à l’échelle d’une année, il a « entrevu un chiffre d’affaires interlope de 225 millions d’€uros, sur la base de 205 jours ouvrés. »

Suspicions de liens avec le trafic de clandestins ou avec le milieu de l’islamisme radical


L’enquête a permis aussi de découvrir que la totalité des membres de ce réseau fait l’objet de l’équivalent hongrois de la fiche « S ». Ils sont tous inscrits au fichier Tek Lek, que Karorly Abdul-Karim Borbely pratique l’islam de manière fervente et qu’il a été signalé comme détenu radicalisé à la prison des Baumettes.
Hasen El Abed, d’après un renseignement Europol a des liens avec des filières d’immigration clandestines de Budapest. Qu’il voyageait régulièrement dans l’Europe entière et aussi en Turquie et au Liban. Selon l’administration pénitentiaire, il est suspecté de prêcher dans sa cellule et de fédérer autour de lui des détenus radicalisés.
Le profil de ces trois hommes pourrait intéresser la section antiterroriste du parquet de Paris. Ils encourent au maximum 10 ans de prison. Le procès doit se terminer mercredi 17 janvier.
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