Six personnes suspectées d'être impliquées dans un règlement de comptes lié aux trafics de drogue dans une cité de Marseille cet été ont été interpellées ces deux derniers jours. L'une d'elle est une figure du narco-banditisme marseillais en cavale.
En cavale, Kamel Meziani était recherché par toutes les polices pour deux affaires faisant l'objet de mandats d'arrêt. Il a été interpellé le mardi 31 août 2021, au péage de Fleury-en-Bière (Seine-et-Marne) en fin de soirée alors qu'il se rendait en région parisienne. Il a été placé en garde à vue pour "assassinat en bande organisée, destruction par incendie, et association de malfaiteurs", a indiqué ce vendredi la procureure de la République de Marseille, Dominique Laurens, lors d'un point presse.
Dans les heures qui ont suivi trois autres personnes ont été interpellées en région parisienne et deux à Marseille, elles sont âgées de 25 ans en moyenne et parmi elles figurent des femmes. Toutes ont été placées en garde à vue.
Six suspects arrêtés en tout, tous membres d'une même équipe, c'est un gros coup porté au narco-banditisme marseillais dans le contexte de la guerre sanglante que se livrent les trafiquants dans les cités depuis plusieurs semaines.
En lien avec le double homicide de la Marine Bleue
Ce gros coup de filet est le résultat des investigations des enquêteurs menées sur le double règlement de comptes de la cité la Marine Bleue (14e arrondissement) à Marseille, le 22 août.
Deux hommes de 25 ans avaient été été abattus de plusieurs balles de calibre 9 mm et de fusil d'assaut. Les victimes n'avaient pas d'antécédents judiciaires notables, pas de condamnations, mais elles avaient parti lié avec les réseaux de de revente de drogue du Petit Séminaire et de la Paternelle selon la procureur Laurens.
Kamel Meziani est un "membre éminent du narco-banditisme marseillais" a-t-elle souligné. L'homme de 37 ans est considéré comme l'un des chefs du plan stups des Oliviers (13e arrondissement). Dans cette cité, les trafics de drogue génèrent jusqu'à 80.000 euros de gain par jour, attisant les convoitises et des guerres de territoire.
Kamel Meziani a été condamné par le tribunal correctionnel de Marseille à 14 ans de prison pour trafic de stupéfiants le 10 juillet 2020.
Jugé aux assises en novembre 2020, alors qu'il était toujours en fuite, il a aussi écopé de 30 ans de réclusion criminelle avec une période de sûreté de vingt ans pour un règlement de compte perpétré le 21 octobre 2016 sur le parking du restaurant KFC du boulevard Plombières. Il était soupçonné d'avoir fourni les armes à deux de ses lieutenants.
Des armes dans un box
Les investigations en flagrance ont conduit à l'identification d'une même équipe qui a pû être reliée à un véhicule incendié retrouvé au parc Corot, a encore précisé la procureur.
Les deux suspects interpellés à Marseille avaient été vus en compagnie de Kamel Meziani. Sur l'un d'eux, les enquêteurs ont récupéré une clé qui les ont mené à un box.
A l'intérieur, ils ont saisi un véhicule volé, deux armes de poing, un fusil d'assaut, des munitions et deux bidons d'essence. Dans un deuxième box, les policiers ont découvert des emballages pour produits stupéfiants mais pas de drogue.
Selon le décompte du parquet, à Marseille, il y a eu 25 homicides volontaires ou tentatives depuis le début de l'année et 22 décès. Depuis le 16 juin, la violence a connu "une accélération", note la procureur. 15 homicides volontaires comptabilisés, rien que sur Marseille, dont 14 décès et 7 blessés.
Les victimes sont de plus en plus jeunes, les actes de plus en plus barbares, comme le 22 août dernier, où un homme de 27 ans a été enlevé dans la rue devant des témoins, battu, enfermé dans le coffre d'une voiture. Son corps a été retrouvé ans une voiture brûlée.
Le 31 août, à la veille de la venue d'Emmnel Macro, une marche blanche a été organisée au départ du Vieux Port à la mémoire des victimes de la guerre des stupéfiants et leurs familles.
C'est Amine Kessaci, le jeune frère d'une victime, qui a lancé cet appel. Il se bat pour changer la vie des habitants des quartiers nord qui paient un lourd tribut à la guerre des gangs de la drogue.