Un rapport confidentiel de l'Agence française anticorruption pointe des dérives dans la gestion de la ville de Marseille. Le rapport évoque notamment certaines pratiques du maire des 13 et 14e arrondissements de l'époque, Stéphane Ravier. Ce dernier nie toute forme de corruption.
Le rapport, que se sont procuré plusieurs médias dont 20 minutes et Mediapart, signe la conclusion de plusieurs mois d'enquête sur la gestion de la ville sous la mandature de Jean-Claude Gaudin. Il sera présenté au prochain Conseil municipal de la ville, vendredi 17 décembre.
L'Agence française anticorruption (Afa) souligne de façon générale "une insuffisante culture de la probité" au sein de la ville de Marseille, et met en lumières des dépenses abusives voire illégales effectuées par certains élus.
Le rapport pointe notamment des dérives dans la gestion des 4e et 5e arrondissements, dirigés par Bruno Gilles, LR, à l'époque, et celle de la mairie des 13 et 14e arrondissements, précédemment détenue par Stéphane Ravier.
171.000 euros de cadeaux dans les 4e et 5e arrondissements
Concernant la mairie du 4e et 5e arrondissement, les dépenses en "cadeaux divers" représenteraient 171.000 euros en 2019, rapporte l'Afa. Le rapport pointe également le nombre de collaborateurs au cabinet de cette mairie, 23, alors que le Conseil municipal avait limité ce nombre.
"C'est sûrement un hasard, on contrôle les opposants aux mairies sortantes", ironise d'emblée Stéphane Ravier. Pour lui, ce rapport n'ajoute rien de nouveau. "Il n'y a rien qui a une quelconque relation avec la corruption. Les agents de l'Afa auraient pu se contenter de relire les articles de presse".
"Possible détournement de fonds publics"
Pour le secteur du 13-14, le rapport de l'Afa mentionne notamment un "possible détournement de fonds publics" au sujet des possessions de cartes carburant par Stéphane Ravier et sept fonctionnaires de sa mairie.
Des cartes qui auraient servies à des véhicules personnels, parfois en dehors du territoire communal. Un élément participant aux "dysfonctionnements graves susceptibles de constituer des atteintes à la probité", note l'Afa.
Je n’ai pas une goutte d’essence sur les mains.
Stéphane Ravier
"Nous en avons débattu x fois et une enquête interne a montré que je n'étais absolument pas concerné, balaye Stéphane Ravier. Je n’ai jamais eu cette carte entre les mains. J’ai pu prouver que je ne me trouvais pas dans ces départements".
"Ça m’agace qu’on puisse me faire un début de commencement de soupçon. Je ne suis pas malhonnête, je n’ai pas une goutte d’essence sur les mains. C’est la ville de Marseille qui aurait pu prendre des sanctions. C’est à la ville de prendre ses responsabilités c’était ses agents".
Ce n’est pas avec ça qu’on achète des voix.
Stéphane Ravier
Stéphane Ravier revient sur les agendas distribués aux associations, aux personnels et aux bénévoles ainsi que sur les "200 places de foire à 4 euros 50". "On nous reproche de ne pas avoir fait de prévisionnel, de ne pas avoir tenu les listings. C'est dérisoire, ce sont des gestes. Il n'y a rien de secret. Ça s’est toujours fait. Ce n’est pas avec ça qu’on achète des voix".
"J’ai un luxe et je veux le garder. C’est mon téléphone qui me réveille, ce n'est pas la brigade financière".
Embauche du fils de Stéphane Ravier
L'Afa revient également sur l'embauche du fils de Stéphane Ravier, en 2015 à la mairie de secteur, qui constituerait "un risque de prise illégale d'intérêt".
"L'encre de son contrat n'était pas sèche que tout le monde le savait déjà, réagit Stéphane Ravier. Je ne m’en suis pas caché. Je n’ai pas recruté mon fils, ce sont les ressources humaines de la ville de Marseille qui l’ont titularisé. S’il y avait eu une faute, d’autres spécialistes se seraient tournés vers la ville de Marseille".
Un message que Stéphane Ravier martèle à chaque critique de l'Afa. "Ce qui est pointé c’est la gestion de la mairie centrale".
Rémunérations au-delà des plafonds autorisés
Le rapport de l'Afa épingle cette gestion et aborde notamment les rémunérations du directeur de cabinet de Jean-Claude Gaudin et de son directeur de cabinet adjoint, bien au-delà des plafonds autorisés. Respectivement 115.433,04 et 99.931,56 euros contre 64.783,91 selon la loi.
Enfin, l'agence souligne que la ville ne dispose pas de charte de déontologie pour les élus et les agents. Une question qui pourrait être abordée vendredi en Conseil municipal.