Marseille, sa “bonne mère”, son Vieux-Port… et son plastique déversé dans la Méditerranée. Dans la deuxième ville de France, des milliers de tonnes de ce matériau pas vraiment fantastique font chaque année leur chemin dans les égouts, avec en bout de course, la mer. Une start-up veut y remédier.
Récupérer les déchets urbains dans un filet géant avant qu’ils n’atteignent la mer. Voilà le défi écologique auquel a souhaité répondre la start-up marseillaise Green City.
Il faut dire qu’aux abords de la cité phocéenne, la Méditerranée a été rebaptisée "mer de plastique" par les associations environnementales. Chaque année, près de 10.000 tonnes en sont rejetées dans les eaux.
Un désastre environnemental pour Isabelle Gérente, une des rares femmes scaphandrières de France. Arrivée à Marseille en 1994, elle devient peu à peu une inconditionnelle de plongée sous-marine. Mais rapidement, elle et ses amis plongeurs sont marqués par la pollution marine, notamment plastique.
"En mer, on trouve de tout. Des lingettes, beaucoup, mais également des masques, gants, et mégots, sans parler des microplastiques. Quand on voit ça quotidiennement, ça donne envie de s’engager pour trouver une solution", indique Isabelle Gérente, fondatrice de Green City Organisation.
Monter au filet contre la pollution marine
Alors, Isabelle se plonge, avec des collègues spécialistes, dans l’organisation du tout-à-l’égout phocéen. Ils se rendent compte que tout ce qui est charrié par les eaux de pluie se déverse dans le système d’égouts et finit donc à la mer.
Avant d’arriver dans la Méditerranée, les eaux passent par des exutoires, véritables bouches immergées qui recrachent aussi une multitude de débris. Il en existe près de 200 à Marseille et une dizaine dans le Vieux-Port.
Fleurit alors chez Isabelle l’idée de recouvrir ces exutoires d’un filet géant afin de récupérer ces déchets avant qu’ils n’arrivent dans la grande bleue.
"L’intérêt, c’est d’empêcher la pollution à la source. Car, une fois en mer, les déchets se dispersent et les opérations de dépollution a posteriori sont très coûteuses".
Un dispositif de retenue unique au monde
D’une envergure de quatre mètres par trois, les équipes de Green City Organisation imaginent, avec une ferronnerie locale, un immense cadre de métal capable d’encager une des plus grandes bouches du Vieux-Port.
Baptisé D’Rain, les mailles de ce filet seraient capables de capter les détritus a minima de la taille d’un mégot de cigarette.
Mais la vraie originalité de cette "épuisette géante" réside dans le caractère connecté du dispositif. Lorsque le collecteur sera trop plein, il est prévu que les gestionnaires reçoivent une alerte sur leur smartphone tandis que le piège à débris se sera lui automatiquement refermé.
Une ambition internationale
Cette technologie brevetée a valu à Isabelle Gérente et ses équipes de recevoir début septembre le prix EDF Pulse. Il récompense les start-up engagées dans la préservation de la biodiversité. Green City Organisation voit donc désormais plus loin et envisage de proposer ses solutions bien au-delà de la France.
En attendant, sur cet exutoire du Vieux-Port et les 500 autres où sera installé le D’Rain, l’objectif est de récupérer 11.000 tonnes de déchets en cinq ans. Le premier d'entre eux doit être mis en place dans les prochaines semaines, non loin de la Société nautique de Marseille.