Un plongeur a filmé une mer de micro-plastiques au Trayas, à la limite des Alpes-Maritimes et du Var. Dans cette calanque de Saint-Raphaël, Laurent Lombard fait le constat amer : "il y a plus de plastiques que de poissons !" Le Congrès mondial de la nature fait le même constat.
Il avait fait le buzz avec sa vidéo des fonds marins devant la Croisette à Cannes. Six ans plus tard, le Cannois Laurent Lombard, plongeur amateur et cofondateur de l'association "Opération mer propre" continue d'alerter sur l'état de la Méditerranée.
Sa dernière vidéo, il l'a filmée le 2 septembre dernier au Trayas, près de Saint-Raphaël (Var). Dans une petite calanque, celui qui se définit comme un lanceur d'alerte évolue au milieu des déchets, principalement des fragments de plastique.
"L'endroit est une calanque orientée à l'est, dans le sens du courant Ligure, à côté du cantonnement de pêche du cap Roux. C'est un endroit qui n'est pratiquement pas accessible par la terre, ce sont donc des déchets qui viennent de loin, peut-être d'Italie."
"Quatre fois plus qu'en 2015"
Depuis des années qu'il plonge le long de la côte des Alpes-Maritimes et du Var, Laurent Lombard a vu la situation évoluer. "Je plonge à cet endroit depuis des années et je dirais qu'il y a quatre fois plus de déchets qu'en 2015 !"
Dès qu'un produit apparait ou est à la mode, quelques semaines plus tard on les retrouve au fond. Ca a été le cas avec les hand spinner, puis depuis le Covid avec les masques chirurgicaux. J'en trouve au minimum deux ou trois à chaque plongée
Avec son association, il a déjà dénoncé la présence des paillettes des bouées gonflables. Mais aussi celle des masques jetables, en matière plastique. Elle avait déjà été constatée dès le mois de mai 2020 dans les fonds de la Côte d'Azur.
Et ce ne serait que la partie émergée de l'iceberg : les scientifiques estiment que l'on trouve en surface seulement 1% des plastiques qui arrivent en mer.
Ces plastiques se fragmentent peu à peu en micro plastiques et entrent dans la chaîne alimentaire. Quant aux masques, composés de polypropylène, il mettront plusieurs centaines d'années à se décomposer.
"La Méditerranée une des plus polluées"
"La Méditerranée c'est la plus belle mer au monde... et une des plus polluées aussi," lance Danielle Milon, vice-présidente de l'emblématique Parc national des Calanques, situé aux portes de la ville de Marseille qui accueille jusqu'à ce samedi le sommet de l'Union internationale de conservation de la nature.
Même constat pour François Galgani, spécialiste des déchets maritimes à l'institut public français Ifremer.
Près des côtes on trouve surtout les emballages et au large des déchets issus de la pêche
L'UICN avait publié en 2020 un rapport sur la pollution de cette mer quasi-fermée au titre explicite : "Mare plasticum".
Exemples de conséquences: "les tortues confondent les emballages avec des méduses et dans certaines zones en Méditerranée 80% des tortues ont ingéré du plastique". Et dans les zones où on retrouve surtout des restes d'engins de pêche, "un filet sur le fond continue de pêcher: il tue".
Autres problèmes, les déchets plastiques "peuvent changer le cycle de vie de certaines espèces" ou les transporter ailleurs quand elles s'y agrippent. "Une véritable arche de Noé", pour le chercheur, qui ne voit "pas d'autres exemples de transport d'espèces de cette ampleur".