Avec son goût de bonbon et son look coloré, cette cigarette électronique jetable connaît un engouement certain auprès des adolescents. "Une porte d’entrée vers l’addiction" dénoncée par les associations de prévention qui alertent sur les risques de santé publique à long terme.
Crème glacée, chocolat, barbe-à-papa… derrière le goût de bonbon, le risque de l’addiction ?
Bien qu’interdite de vente aux mineurs, la "puff" - cigarette électronique jetable - semble depuis plusieurs mois avoir trouvé une large place dans les mains des adolescents, facilitée notamment par la vente sur Internet.
La "puff", un jouet dangereux
"Pour eux, par rapport à l'objet, sa forme, les arômes, c’est vraiment quelque chose qui se rapproche du jouet", constate pour sa part Lisa Poggi du Codes 83 (Comité Départemental Education Santé Var) qui intervient régulièrement auprès des collégiens et lycéens sur la question des addictions. "C'est un produit qui est clairement là pour attirer les jeunes".
La tranche d’âges la plus concernée serait celle des 12-14 ans. "Notre travail, c’est avant tout de les informer, de leur expliquer les risques. Ce n’est pas parce que ça a bon goût, que c’est bien pour eux. Même s’il n’y a pas de nicotine, il peut y avoir la mise en place d’une dépendance, notamment comportementale, avec l’habitude de porter cet objet à la bouche".
Une gestuelle à la signification explicite pour la pédopsychiatre marseillaise Violaine Gubler qui voit dans "le fait de biberonner toute la journée, une manière compulsive de consommer, de combler quelque chose" avant de souligner la place prise par les réseaux sociaux qui "viennent aggraver le besoin pour les individus de faire partie d’un groupe".
La puff... c'est du bluff. Ne vous faîtes pas avoir".
Mourad Rebbani, directeur Addictions France Paca
Directeur pour la région PACA de l’association Addictions France, Mourad Rebbani a le sens de la formule. "C’est ce que l’on dit aux jeunes que l’on rencontre. La puff... c'est du bluff. Ne vous faîtes pas avoir". Et cette fameuse "puff", s’il pouvait, l'addictologue l’interdirait bien volontiers. "C’est la porte d'entrée à la consommation de nicotine".
Lui qui défend la cigarette électronique en tant que moyen pour aider les fumeurs à arrêter, voit au contraire dans la "puff" un danger : "Là, c’est l’inverse. L’idée, c’est de passer par le côté soi-disant cool de l’objet pour amener plus tard vers d’autres comportements addictifs".
Jusqu'à 2% de nicotine
Pour Mourad Rebbani, le gouvernement aurait dû être beaucoup plus volontariste sur le sujet. "C’est zéro en termes de santé publique et zéro en termes de développement durable. C’est un produit qui n’a aucune raison d’être".
Parfois présentée comme la "chicha électronique" sur les réseaux sociaux, la puff (traduire "bouffée" en Français) l'e-cigarette ne se remplit pas, il suffit de la jeter une fois finie. Chaque puff permet l'équivalent de 600 bouffées, certaines contiennent jusqu'à 2% de nicotine. Son prix moyen est d'environ sept euros.
Et selon une étude publiée par l'Alliance contre le tabac, un jeune de 13-16 ans sur dix y aurait déjà goûté. L'association en demande l'interdiction immédiate.