Mort de Jean-Claude Gaudin : un maire catholique épris de religion qui "ne racontait pas de salades aux communautés"

Les obsèques de Jean-Claude Gaudin auront lieu ce jeudi en la cathédrale de la Major. Le maire n'a jamais caché son attachement au catholicisme tout en œuvrant activement pour le dialogue interreligieux.

Ce samedi, Marseille se réunira pour un dernier au revoir à Jean-Claude Gaudin, l'ancien maire  décédé ce lundi à l'âge de 84 ans. Cette messe d’obsèques sera présidée par le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille. Cette cérémonie en plein cœur du siège de l'archevêché coule de source : l'ex édile n'avait jamais caché être un fervent croyant. Son enfance a été marquée par la religion catholique qui a "fait que l'envie de servir m'a toujours taraudé", confie-t-il à l'AFP. Quel rapport entretenait ce catholique convaincu aux différents cultes de la ville ?

Ce rapport à la religion marque tout le long de ses mandats. En 2020, après son échec aux municipales, l'ex-maire demande à intégrer la présidence de Marseille Espérance, instance symbolique dédiée au dialogue interreligieux autour du maire de la ville : "Jean-Claude Gaudin m’en a fait la demande avant son départ à la mairie de Marseille. Il est très attaché au dialogue entre les différentes communautés religieuses. Par sa connaissance de la ville, il pourra être utile à Marseille Espérance et à son action", explique Michèle Rubirola au média Gomet

Une proximité avec les sphères catholiques

Jean-Claude Gaudin ne l'a jamais caché : faire venir le pape à Marseille était son rêve et allait même jusqu'à dire qu'il ne quitterait pas le fauteuil sans avoir vu le Saint-Père fouler le tarmac de l'aéroport de Marignane. Malheureusement pour lui, c'est sous la mandature de Benoît Payan que le pontife se rendra à Marseille. Néanmoins, Jean-Claude Gaudin a bien oeuvré en secret à la venue du pape durant ses années d'exercice à l'Hôtel de ville : "J'ai tant et tant écrit au Vatican, tant demandé au pape, lorsque je l'ai rencontré à Rome, ainsi qu'à ses représentants en France, qu'il vienne à Marseille…, raconte-t-il dans un entretien accordé au Point. Sa venue est pour moi un événement considérable. Je n'ai jamais caché ma proximité avec le clergé catholique". 

Cette proximité pouvait lui jouer des tours. Ainsi, le maire Gaudin a été souvent pointé du doigt pour ses largesses accordées aux écoles privées catholiques de la ville au détriment des financements de l'école publique : lors de son arrivée à la tête de la ville, les effectifs de l’école privée ont augmenté dix fois plus vite que ceux de l’école publique, rapporte une enquête de Marsactu et le Ravi publiée en 2016.

Cette considération pour l'église et ses croyants lui a été bien rendue. L'Express, dans un article publié en 2000, évoque la part non négligeable de catholiques dans l'électorat de Jean-Claude Gaudin : "Il bénéficie de l'appui des grandes familles catholiques de la ville. Le maire de Marseille, très proche des moines bénédictins de Ganagobie (Alpes-de-Haute-Provence) et qui a toujours fréquenté l'archevêché, sait qu'il peut s'appuyer sur cette frange influente de la bourgeoisie".

Le maire de la paix civile ?

Ces liens privilégiés avec l'église catholique ne l'ont pas empêché de veiller à la concorde entre les différentes communautés religieuses de la ville : "C'est trop facile de venir raconter des salades au dîner du CRIF ou à celui de la rupture du jeûne pendant le Ramadan. Avec Gaudin, il n'y avait pas de clientélisme entre les communautés. Il ne nous racontait pas ce qu'on voulait entendre", explique Michèle Teboul, présidente du CRIF sous la mandature Gaudin. 

Salah Bariki, figure de prou de Marseille Espérance et chargé de mission pendant 20 ans au cabinet de Jean-Claude Gaudin autour des questions liées à l'Islam, se souvient d'un maire solidaire des initiatives de l'instance : "Il nous a financés, soutenu et encouragé. Nous avons été au premier plan de toute les festivités sous sa mandature. Ce n'était pas du tout une obligation, il aurait pu ne pas garder Marseille Espérance". Active sous Gaudin, Marseille Espérance est désormais en perte de vitesse. Un regret pour Michèle Teboule : "On en aurait tellement besoin vu le contexte actuel ! Marseille Espérance éclairait et poussait à dépasser les clivages. Désormais, chacun se retranche dans ses positions".

Jean-Claude Gaudin est également le maire qui a le plus œuvré pour le projet de grande mosquée de Marseille. Véritable serpent de mer débattu dans la ville depuis 1936, son existence devient plus tangible sous sa mandature. En 2001, il promet son existence. En 2006, le terrain, sur les anciens abattoirs de Saint-Louis, dans les quartiers Nord a été alloué. En 2008, le projet d'architecte était prêt. En 2010, la première pierre est posée. Depuis, la Grande Mosquée est en pause, notamment à cause de dissensions internes au sein de la communauté musulmane. Ce qui pose un nouveau défi pour son successeur.

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