Nouvel épisode dans la polémique qui enflamme Marseille entre le petit-fils de Marcel Pagnol et la mairie de Marseille autour du patrimoine de l'auteur et la gestion du château de la Buzine, un lieu mythique au cœur du roman "Le château de ma mère".
Sur les hauteurs de Saint-Menet, le château de la Buzine domine l'autoroute qui conduit d'Aubagne à Marseille. Il a été rendu célèbre par le roman autobiographique de Marcel Pagnol, Le château de ma mère. L'écrivain cinéaste en a été le propriétaire de 1941 à 1973. La Ville a racheté l'édifice laissé à l'abandon en 1995 pour le restaurer. Depuis 2018, c'est l'association présidée par le petit-fils de l'auteur qui gérait ce centre culturel, consacré à Marcel Pagnol en y organisant des expositions, des conférences-débats et des séances de cinéma pour enfants. Mais depuis un an, les passes d'armes se multiplient entre Nicolas Pagnol, petit-fils de Marcel Pagnol et la mairie de Marseille.
Dernière joute en date, lundi 26 février, l'héritier accuse le maire de Marseille d'avoir voulu imposer un portrait de lui dans un ouvrage de son aïeul, distribué aux collégiens.
France 3 Provence-Alpes revient sur les rebondissements de cette polémique.
Acte 1 : Nicolas Pagnol apprend qu'il est évincé
"Pagnol chassé de la Buzine". Le 14 juin 2023, Nicolas Pagnol apprend par un élu de la Ville que la mairie ne renouvellera pas la délégation de service public (DSP) du château de la Buzine à l'association qu'il préside depuis 2018. La Ville confirme le lendemain par un communiqué de presse que la gestion et l'animation seront confiées au centre de la culture ouvrière (CCO), une "association d'éducation populaire issue des milieux chrétiens et ouvriers, apartisane et asyndicale", indique la mairie.
Scandalisé, comme tant de Marseillais, par le traitement réservé à Nicolas #Pagnol par la Ville @marseille. Le "Château de ma mère" n'est pas à #Marseille un lieu comme les autres, mais un site emblématique de notre culture, notre patrimoine !
— Renaud Muselier (@RenaudMuselier) June 15, 2023
Choix incompréhensible, illisible. pic.twitter.com/n8Jp8psqBV
Les réactions sont nombreuses, tout particulièrement à droite et à l'extrême-droite pour dénoncer cette décision. "Par ce choix purement dogmatique et idéologique, le maire de Marseille fait le choix d'y installer un appareil politique, une officine d'extrême gauche sous la forme associative", fulmine Sylvain Souvestre, maire du 11ᵉ arrondissement de Marseille, où est situé le château. Pour le président de la région, Renaud Muselier "ce choix est incompréhensible, illisible".
Acte 2 : Le château passe en régie municipale
Pour mettre fin à la polémique, la mairie fait marche arrière. Le 29 juin, par voie de communiqué, la Ville de Marseille déclare sans suite la procédure d'attribution de la DSP en avançant des erreurs de procédure et annonce sa décision de récupérer "en régie l'ensemble des activités artistiques et culturelles du Château de la Buzine".
Le 7 juillet 2023, la veille des grandes vacances, le conseil municipal vote le passage en régie directe de l'établissement culturel de la Buzine pour en faire une "cité du cinéma".
Acte 3 : Nicolas Pagnol lance une pétition
Dans la presse, Nicolas Pagnol contre-attaque, il dénonce le choix de confier l'exploitation du château à "une association ouvrière dont le cœur de métier est la gestion des centres sociaux". Le 18 juillet 2023, Nicolas Pagnol lance une pétition. A ce jour, elle a rassemblé près de 65 000 signatures.
Signez la pétition pour que #Pagnol reste au château de ma mère !#marseille #provence https://t.co/r8eCWobPSZ
— Nicolas Pagnol (@npagnol) June 15, 2023
Acte 4 : Nicolas Pagnol poursuit le maire en justice
Le 14 septembre 2023, Nicolas Pagnol porte plainte pour "diffamation et injures publiques" contre le maire de Marseille et cinq de ses adjoints : Jean-Marc Coppola, Pierre Huguet, Jean-Pierre Cochet, Sophie Roques et Théo Challande-Névoret.
Le petit-fils de Marcel Pagnol retire tout ce qui lui appartient et vient du fond de dotation Pagnol. Il interdit par la même occasion l'exploitation de l'image son illustre grand-père par la Ville. En clair, cette dernière n’a plus l’autorisation de communiquer en utilisant des titres d’œuvres ou nom de Marcel Pagnol, que ce soit pour le tourisme ou la culture.
Acte 5 : Le portrait du maire sur les livres de Pagnol
Dernier épisode de cette guerre que se livrent le petit-fils de Pagnol et la Mairie, sur X (anciennement Twitter) Nicolas Pagnol s'offusque que le maire ait demandé à l'éditeur Grasset de mettre sa photo sur 9 500 exemplaires de La Gloire de mon père pour les élèves marseillais.
Imaginez, vous ouvrez la Gloire de mon père et tombez sur un portrait pleine page de @BenoitPayan !!
— Nicolas Pagnol (@npagnol) February 25, 2024
Non ne souriez pas, cela a faillit arriver… le « maire » de Marseille l’a demandé à Grasset pour 9500 ex qu’il a acheté pour les futur collégiens…
Ces gens là osent tout
REFUS pic.twitter.com/N93hS77BBx
L'adjoint à la mairie de Marseille chargée de l'éducation populaire, Marie Batoux a répond par un twwet : "Imaginez… vous êtes le petit-fils de Marcel Pagnol et vous refusez d’éditer le livre de cet auteur pour 9500 élèves de Marseille pour des raisons politiques… Un jour, Marcel Pagnol ne vous appartiendra plus".