Les 150 employés de Lime, l'opérateur de trottinettes électriques non retenu par la ville de Marseille, ont crié leur colère ce mercredi 16 octobre devant la mairie. Ils demandent un élargissement de la zone de circulation de ces deux-roues, pour que tout le monde puisse travailler.
150 emplois menacés, 150 familles en danger. Tel est le message floqué sur les tee-shirts des employés de Lime, ce mercredi 16 octobre devant la mairie de Marseille.Postés devant une rangée trottinettes électriques parfaitement alignées, un casque sur la tête, les 150 personnes qui travaillent actuellement pour la société Lime ont lancé un appel au secours.
Un appel d'offres contesté
Début octobre, la mairie a tranché. Face à "l'anarchie" provoquée par la circulation de trop nombreuses trottinettes électriques dans la ville de Marseille, un appel d'offres a été lancé et seules trois sociétés ont été retenues pour continuer à distribuer leurs engins à deux roues sur le pavé phocéen. Avec un quotas de 6000 trottinettes maximum, soit 2000 par opérateur.Circ, Voï et Bird sont les trois préstataires chanceux. Dans ce trio ne figure pas Lime, l'opérateur américain historique à Marseille, celui qui avait installé ses trottinettes en tout premier, le 19 janvier dernier.
"Les membres du jury ont été unanimes sur le choix des lauréats, mais au-delà des critères définis dans l'appel à projets, j'ai aussi écouté les Marseillais et notamment les CIQ (Comités d'Intérêts de Quartiers), a expliqué Jean-Luc Ricca, conseiller municipal délégué au stationnement et à la circulation. Il est vrai que certaines nuisances constatées n'ont pas été en faveur de certaines sociétés".
Les employés de Lime dénoncent un choix "illégitime" et mettent en cause l'appel d'offres effectué par la mairie, "sans aucun volet social", "sans aucune obligation de création d'emplois à Marseille".
"Seul le côté financier a été écouté. Ont été retenues les entreprises qui reversaient le plus gros pourcentage à la mairie sur leur chiffre d'affaires", assure Damien Brulefert, un jeune employé chez Lime.
Le cri de détresse des employés
Abdelhadi Sellioui, indépendant, a pu évoluer en même temps que Lime. Il a investi dans des camions, des locaux, et avait même fait des promesses d'embauche.
"C'est la douche froide, on a investi de l'argent, de l'énergie... On a des familles à nourir", se désole-t-il. Pour les 153 personnes travaillant chez Lime, comme Abdelhadi, les revenus de Lime constituent la majorité de leur revenus. Et pour certains, cet emploi était salvateur.
Beaucoup de jeunes qui travaillent chez Lime sont issus de quartiers défavorisés, des quartiers nord de Marseille.
Discrimination territoriale
Ce matin, les employés ont cherché à être reçus par Jean-Luc Ricca, bien décidés à ne rien lâcher. Leur solution ? Elargir le périmètre de circulation des trottinettes pour que tout le monde puisse continuer à travailler."Marseille est suffisamment grande pour accueillir toutes les trottinettes, estime-t-il. Pour l'instant, elles sont concentrées en centre-ville. 12.000 trottinettes dispersées sur toute la ville ne se verraient même pas".
Il dénonce une discrimionation territoriale : "Ca reste pour les bobos et les gens en ville, pas pour les habitants des quartiers nord".
Quant à l'"anarchie" évoquée par la mairie lors de l'appel d'offres, les employés estiment qu'il faut laisser le temps de la mise en place. "On a fait un gros travail de médiation avec les jeunes, assure Abdelhadi. On essaie de leur dire de ne pas jeter les trottinettes".
Début octobre, une équipe d'employés de Lime est allée repêcher des trottinettes dans la mer.
Ce week-end l’équipe des #juicers s’est mobilisée pour repêcher les #trottinettes !#lime #marseille #ecologie #action @marseille pic.twitter.com/pMFES2AZ1l
— Damien B. (@dbrulefert) October 8, 2019