Dix-sept personnes ont été interpellées au cours des incidents qui ont éclaté entre supporters et forces de l'ordre dans une atmosphère tendue jeudi 5 mai en marge du match OM-Feyenoord Rotterdam.
La majeure partie des supporters interpellés l'ont été pour violences sur personne dépositaire de l'autorité publique, et la plupart sont des Marseillais, a-t-on précisé à l'AFP de source policière. Les autres ont été interpellés pour violences, tentatives d'intrusion dans le stade, dégradation ou encore détention de fumigènes.
Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogène à plusieurs reprises durant la soirée, y compris à la sortie du public du stade Vélodrome vers 23h, ont observé les journalistes de l'AFP sur place. Des policiers sont restés autour de l'enceinte sportive marseillaise jusqu'à 1h du matin.
La rencontre, classée "niveau 5" (niveau maximum) en terme de sécurité par les autorités, a généré le chaos dans Marseille dès la fin d'après-midi.
Un bar saccagé
A quelques centaines de mètres du stade, le Café des Sports, avenue de Mazargues, a été victime de dégradations avant le match, quand les Néerlandais ont défilé d'en haut de Saint-Anne jusqu'à Saint-Giniez.
"Il y avait bien plus de 200 supporters. C’était impressionnant, quand on a vu cette horde de supporters néerlandais arriver". Tout est "parti en vrille" au moment de la riposte des supporters marseillais présents au Café des sports, selon Marina, une témoin présente à ce moment-là.
"Ils se sont montrés très violents envers nous, ils nous ont jeté des gros parpaings, des pierres, des barres de fer, des fumigènes... Là, on a commencé à avoir peur, on est rentrés dans le bar, il y a eu un mouvement de foule, ils ont réussi à entrer mais on les a repoussés".
Ça a été très violent, les portes cassées, les débris de verre. Honnêtement on a eu peur.
Marina a gardé un pavé daté du jour de la rencontre, reçu contre ses vitres. "C'est la première fois que je vois ça".
Le déferlement de violence a duré 5,6 minutes, selon ce témoin. l'intérieur de l'établissement, c'est la confusion. "On ne voyait plus rien, avec les fumigènes. On s’est tous retrouvés au fond du bar. Je suis partie me cacher. On a réussi à fermer le rideau".
Une fois alertée, la police est venue rapidement sur les lieux. Mais les actes de violences étaient terminés.
"D’habitude, c’est bien encadré. Mais les supporters néerlandais, je pense qu’ils avaient trop de haine en eux, estime Marina. Ces gens-là sont arrivés sans encadrement."
Tensions avant le match
Dès 18h00, des embouteillages bloquaient totalement l'avenue du Prado menant au stade, et ce durant trois heures, jusqu'au coup d'envoi. Dans le centre-ville, la plupart des bars et pubs diffusant habituellement les matches étaient eux fermés, "pour cause d'insécurité", affichaient-ils sur leurs devantures.
Mercredi, la veille de la rencontre, une demi-finale retour de Ligue Europa Conférence soldée par un match nul 0-0 et l'élimination des Olympiens, le Vieux-Port avait en effet été le théâtre d'incidents violents entre supporters des deux clubs, avec des Néerlandais venus en grand nombre. 20 personnes avaient été interpellées.
Pour éviter de reproduire les incidents entre supporters constatés lors du quart de finale entre l'OM et les Grecs du PAOK Salonique, les autorités avaient prévu jeudi de regrouper les Néerlandais en amont de la rencontre, dans une "fan zone" sur la plage du Prado.
Chaos après le match
Mais des orages violents, et notamment de la grêle, ont totalement désorganisé ce dispositif, et de nombreux fans du Feyenoord sont finalement allés au stade sans utiliser les bus normalement prévus, en nombre apparemment réduit, ont témoigné des journalistes néerlandais, déplorant le manque de réaction des autorités face à la météo. Des embouteillages monstres ont totalement bloqué le secteur.
Dans le stade, des supporters du Feyenoord s'en sont pris aux journalistes, leur jetant des pièces, des fumigènes, voire même des morceaux de sièges arrachés à leur tribune, selon des témoignages recueillis sur place.
Au cours de la seconde période de la rencontre, les policiers présents dans l'enceinte ont également dû intervenir avec des gaz lacrymogènes face au parcage réunissant les quelque 3.200 supporters néerlandais, alors que ceux-ci lançaient des fumigènes.