Depuis dimanche soir et les sifflets tonitruants au Vélodrome, rien ne va plus à l'Olympique de Marseille. Que se passe-t-il à la Commanderie ?
On en oublierait presque la venue du Pape ce week-end. L'Olympique de Marseille nous a offert ce mardi un feuilleton serti de rebondissements comme seul le club sait en faire. Avec une élimination en barrages de la Ligue des champions et un début de saison calamiteux, les braises couvaient. Il a suffi d'une réunion programmée au mauvais moment pour tout enflammer.
Au terme de longues heures chaotiques, l'OM a calmé le jeu dans un communiqué qui n'infirme ni ne confirme les départs. On vous explique cette journée dingue et les prémices de dimanche.
Acte 1 : dimanche, le match nul termine sous les huées
C'est un peu le mauvais match de trop. En sept matchs seulement, Marcelino a déjà essuyé une élimination en barrages de la Ligue des champions et seulement deux victoires en cinq matchs. L'OM a été éliminé de la Ligue des champions lors du 3ᵉ tour préliminaire face au Panathinaïkos, le 15 août, dans un match en forme de véritable ascenseur émotionnel pour les supporters. La rencontre, conclue aux tirs aux buts, avait débouché sur le reversement de l'OM en ligue Europa, habituel lot de consolation des Marseillais. Au passage, le club voit s'envoler une manne financière (15 millions d'euros de droits TV) dont l'absence se fera sans doute ressentir dans l'avenir du club.
Dernier écueil en date : le nul 0-0 face à Toulouse au Vélodrome, ce dimanche 17 septembre. Une rencontre jugée insipide par les amoureux du ballon rond. C'est d'ailleurs sous les sifflets que les joueurs ont quitté la pelouse à la fin du match.
Acte 2 : lundi, la réunion houleuse tourne mal
Ce lundi soir, la direction et les supporters avaient rendez-vous pour faire un point de début de saison. Pablo Longoria (président), Javier Ribalta (directeur du football), Stéphane Tessier (directeur financier) et Pedro Iriondo (directeur général) étaient présents, sur l’estrade de la petite salle de conférence de presse de la Commanderie. Jusque-là, rien d'anormal, puisque régulièrement les deux entités se retrouvent. Mais les derniers résultats, la gestion des cas de certains joueurs (Payet, Mandanda Gendouzi) et le jeu proposé depuis le début de saison, inquiètent les fans.
Alors, le ton monte et les supporters demandent des comptes à la direction. Selon RMC, l’ambiance est extrêmement tendue et dure 45 minutes, dit l'Equipe.
Le quotidien sportif raconte :
"Au nom des différents groupes, le patron des South Winners, Rachid Zeroual, a dénoncé la politique du président Pablo Longoria, les changements incessants de joueurs, entraîneurs et salariés, la fuite des cadres (Steve Mandanda, Matteo Guendouzi, Dimitri Payet, Alexis Sanchez...) au fil des étés. Il a évoqué des pratiques douteuses et "du copinage", par exemple au centre de formation, excluant des jeunes Marseillais au profit d'autres filières".
À la fin, "Zeroual demande, toujours avec le soutien des autres groupes, écrit L'Equipe, la démission des quatre dirigeants présents dans la petite salle de presse de la Commanderie".
Acte 3 : mardi à 12h45, la démission de Marcelino est annoncée
Ce mardi après-midi, L'Equipe sort une bombe. "Marcelino a annoncé à ses joueurs sa décision de quitter le club", écrit le quotidien sportif sur son site web. Le journal évoque une prise de parole de l'entraîneur espagnol lors de l'entraînement matinal à la Commanderie.
Du côté du club, impossible alors de confirmer l'information, personne ne répond.
Arrivé en juin sur le banc olympien, l'ancien coach de Valence est critiqué par une partie des supporters pour son autoritarisme en fin de saison : Dimitri Payet et Mattéo Guendouzi ont été "blacklistés" par le coach et sont sortis par la petite porte.
Acte 4 : mardi à 13h45, le départ de Longoria est prédit
En début d'après-midi, les rumeurs courent maintenant sur Pablo Longoria. Sur X (anciennement Twitter), la version espagnole d'Eurosport évoque une démission prochaine du président du club.
La télévision évoque des menaces de mort proférées par des Ultras, comme causes de la décision de l'Espagnol, ami de Marcelino.
Il y a deux ans, c'est la tête de Jacques-Henri Eyraud que les supporters de l’Olympique de Marseille ont eu. Cas bien différent pour Longoria, très apprécié depuis sa nomination.
Acte 5 : mardi à 14h30, des supporters lancent une pétition pour le maintien du président
Plus de 23 000 signatures (compte interrompu à 8h30 mercredi). Peu de temps après l'annonce d'Eurosport, un supporter lance une pétition en ligne "pour le Maintien de Pablo Longoria à la Présidence de l'OM". Assurant de leur "soutien indéfectible", ils égrainent leurs arguments en faveur de l'Espagnol.
Acte 6 : mardi à 15 heures, La Provence annonce que Marcelino part si Longoria part
Nouveau rebondissement. Non, Marcelino ne part pas. Il lie simplement son sort à son ami Pablo Longoria, pense La Provence. Sans son président, "le projet présenté cet été volerait en éclats", écrit le quotidien régional.
Acte 7 : mardi à 15h30, Longoria a changé d'avis, dit un journaliste de l'Équipe
Comme si ce flou d'informations non confirmées ne suffisait pas, voilà que le président lui-même change d'avis, croit savoir L'Équipe. Pablo Longoria "vient d'avoir Mc Court au téléphone, il ne démissionnera pas, écrit le journaliste Mathieu Grégoire, après y avoir songé la nuit dernière".
Acte 8 : mardi, à 17 heures, le hashtag #zeroualdemission émerge
Sur X (anciennement Twitter), toute la journée, les supporters fulminent. "La guerre est déclarée", écrit l'un, "c'est trop énorme pour que ça ne cache pas quelque chose de très très gros", commente l'autre.
Beaucoup regrettent le climat tendu de la réunion de lundi et les éventuelles violences verbales subies par le staff. Un homme concentre les critiques : Rachid Zeroual, leader des South Winners. L'homme contesté est connu pour avoir une forte influence sur les décisions du club. Sur X, un hashtag devient tendance, #zeroualdemission. Pas vraiment tendres, les messages s'emportent contre l'emprise de Zeroual sur le club et ses différentes prises de position vigoureuses.
Acte 9 : mardi à 18h30, des journalistes espagnols et italiens assurent que Longoria et Marcelino sont sur le départ
En fin de journée, alors que la presse française tempère les velléités de départ de l'entraîneur et du président de l'OM, deux journalistes espagnols et italiens vont dans le sens inverse.
Pedro Morata, journaliste de la radio espagnole COPE, indique que le départ de Pablo Longoria est imminent. Confirmant les infos de La Provence, dans la foulée, Marcelino va aussi partir.
Plus radical, son confrère italien Nicolò Schira assurent que les deux hommes ont déjà démissionné.
Acte 10 : mardi à 22h30, l'OM publie un communiqué condamnant l'attitude de certains supporters
C'est une issue longuement attendue qui tombe dans la soirée. À 22h30, le club publie un communiqué officiel revenant sur la réunion tendue de lundi. Ne confirmant ni n'infirmant les rumeurs de départs de Pablo Longoria et Marcelino, l'OM écrit que "le Directoire ne peut accepter les menaces personnelles", ni "tolérer des attaques individuelles et toute forme de diffamation publique infondées".
Le travail entamé par le staff doit être poursuivi "sur le long-terme", assure le texte.