Dans le secteur d'Euromeditérranée à Marseille, la Madrague-ville croule sous les déchets déposés de manière sauvage, principalement par des entreprises.
Le long des trottoirs du chemin de la Madrague-Ville, 300 tonnes de déchets s'accumulent depuis des mois. Il faudra 3 jours de travail, une quarantaine d'agents et une dizaine de véhicules pour finaliser le déblaiement entamé le 31 mai par un prestataire de la métropole Aix-Marseille. "Ici, nous sommes face à un cas d'école, estime Jean-Yves Sayag, conseiller métropolitain (DVD), en charge de l'hygiène et des dépôts sauvages. Selon la dangerosité du site, le pouvoir de police du maire lui donne l'obligation de le faire nettoyer par ses services. Ce n'est nullement à la métropole de le faire. Nous, on collecte uniquement les ordures ménagères. Ici il y en a très peu. Nous sommes face à des professionnels très bien organisés."
Ville et métropole en désaccord
La ville doit en principe ramasser encombrants, gravats et ordures industrielles, la métropole a la charge les ordures ménagères.
Pour l'élu métropolitain, les déchets ménagers sont marginaux dans ces piles de détritus : "80% de ces ordures sont jetées par les auto-entrepreneurs, les entreprises, les artisans, un peu les particuliers, les gâcheurs, le travail au black…"
Car nombre de professionnels refusent de se rendre à l'exutoire, où chaque tonne de déchets jetée leur est facturée 252 euros hors taxes.
Le problème des dépôts sauvages dans cette zone est récurrent. Il y a quelques jours, un incendie est venu empirer la situation. "Déblayer, je l'ai fait 20 fois en 2 ans, déplore Grégory Lacroix, agent de Maîtrise Derichebourg en charge du 15ème arrondissement de Marseille. Dans une semaine, si vous revenez ici, ce sera pareil".
La municipalité estime manquer de moyens policiers pour surveiller le site.
Des enquêtes en cours
"Nous avons des caméras depuis le mois de mai, indique Christine Juste, adjointe au maire de Marseille (EELV) en charge de l'environnement. Cela nous a permis de réaliser des constats et des interpellations. Le véhicule d'un restaurateur a été saisi. C'est une priorité de notre majorité et c'est la priorité de la procureure de la République. Nous lui avons transmis 200 dossiers, mais ce sont des dossiers qui avancent lentement."
L'élue souhaiterait davantage de soutien de l'État. Elle demande "un encadrement national de la production de déchets de chaque professionnel et des particuliers". En attendant, la ville fera installer des blocs de béton pour réduire l'espace de voirie et éviter les dépôts de bennes.
L'opération de déblaiement va coûter environ 100.000 euros pour trois jours. Le groupe politique de Martine Vassal, dans l'opposition au conseil municipal, a partagé sur Twitter un courrier de la présidente de la métropole adressé à la mairie. Il précise que, même si c'est le prestataire de la métropole qui s'occupe de débarrasser les déchets, la facture sera envoyée à la ville.
Sans s'opposer publiquement à cette décision, Christine Juste regrette : "100.000 euros, c'est le prix d'une cour d'école désimperméabilisée, voilà ce qu'on aurait pu faire avec cet argent."