L'hebdomadaire Marianne a scruté de près la déclaration d'intérêts de l'ex-députée et productrice Sabrina Agresti-Roubache, désormais secrétaire d'État à la Ville.
Déclarations de revenus, domiciliation d'une société de production chez un ancien maire corse condamné dans une affaire en lien avec la mafia... France 3 Provence-Alpes résume la polémique à propos de la déclaration d'intérêts de la secrétaire d'État à la Ville Sabrina Agresti-Roubache auprès de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATPV), après la publication d'une enquête par l'hebdomadaire Marianne.
Des revenus sous-évalués dans ses précédentes déclarations
Dans une enquête publiée le 22 décembre, l'hebdomadaire Marianne relève une différence d'environ 91 000 euros entre les revenus déclarés par Sabrina Agresti-Roubache après son élection comme députée des Bouches-du-Rhône (en août et en décembre 2022) et ceux dont elle a fait état après sa nomination au ministère en tant que secrétaire d'État à la Ville. Ces derniers ont été rendus publics sur le site de l'HATPV, une autorité administrative indépendante chargée de contrôler la déontologie des responsables politiques, le 21 décembre 2023.
Simple erreur administrative ou volonté délibérée de dissimuler certains revenus avant d'être rattrapée par la haute autorité ? Contactée par l'hebdomadaire, Sabrina Agresti-Roubache a fait valoir par son entourage "un oubli de déclaration de droits d'auteur perçus, mais déclarés en 2022", et "un sursis d'imposition de plus-value", un dispositif fiscal permettant de décaler dans le temps l'imposition de la plus-value générée par la vente de parts dans une société.
Une société chez un ancien maire avec un passé judiciaire en Corse
L'autre révélation de l'enquête de Marianne concerne Gurkin Invest films Corse, l'une des sociétés de production créées par Sabrina Agresti-Roubache, liquidée en 2020. Celle-ci est en effet domiciliée chez Jean Casta, autrefois maire de Pietralba, une commune de 450 habitants en Haute-Corse.
L'ancien élu a été condamné en 2013 à deux ans d'emprisonnement, dont un avec sursis, dans l'affaire du cercle de jeu parisien Wagram, trait d'union entre le milieu de la nuit parisien et l'organisation mafieuse corse de la Brise de mer. Accusé d'avoir servi de porteur d'enveloppes, pour un montant évalué entre 5 et 10 millions d'euros, il avait affirmé vouloir simplement "rendre service" à "un ami" lors de ses auditions.
"C'est le cousin de mon mari (NDLR : Sabrina Agresti-Roubache est mariée à Jean-Philippe Agresti, recteur de l'Académie de Corse depuis 2021), j'ai domicilié ma boîte chez lui car je n'avais pas les moyens de payer un bureau à Ajaccio" a réagi la secrétaire d'État dans Libération. Son intention était alors de produire une comédie en Corse.
Une secrétaire d'État qui nie être "une narco-productrice"
Dans ce même article de Libération, Sabrina Agresti-Roubache affirme qu'elle ignorait tout du passé judiciaire de Jean Casta. Et se défend : "je ne suis pas une narco-productrice ! Sinon, vous ne croyez pas que le fisc m’aurait déjà topée depuis longtemps ?" Avant d'expliquer que ses "liens en Corse ne sont pas avec la pègre".
Propulsée secrétaire d'État à la Ville en juillet 2023, l'ex-productrice et députée des Bouches-du-Rhône, désormais chargée de piloter le plan "Marseille en grand", estime par ailleurs faire l'objet d'une attention particulière de la part des médias "car elle vient des quartiers donc elle ne peut pas être honnête".
Selon Libération, la déclaration d'intérêts de la secrétaire d'État à la Ville a été validée par le président de la HATPV, Didier Migaud, à une réserve près. Celle de prendre un "décret de déport" pour s'abstenir de toute décision à l'égard de deux sociétés qu'elle présidait jusqu'à sa nomination en juillet afin d'éviter les conflits d'intérêts : Gurkin Invest Film, Seconde vague productions. Elle devra aussi prendre un décret de déport concernant l'association Mère enfants Paca, dont elle est marraine.