Le lundi 5 septembre, à Marseille, la Méridionale met en service Le Piana, dont les moteurs sont désormais équipés de filtres à particules. L'innovation, présentée comme une première mondiale, doit servir d'exemple pour le collectif STOP Croisières.
Avec 200 cabines pouvant accueillir près de 750 passagers, le Piana assure la liaison entre Marseille et l'Ile de Beauté.
Le lundi 5 septembre, à Marseille, le ferry de la Méridionale reprend la mer, équipé de filtres à particules fines sur l'intégralité de ses moteurs.
Une innovation présentée comme une première au monde par la compagnie maritime. Et qui pourrait bien lutter contre la pollution de l'air.
Les filtres, des "chaussettes de téflon", permettent la fixation des particules ultrafines. Pour y parvenir, du bicarbonate est injecté à la sortie des moteurs dans les collecteurs de gaz d'échappement.
Près de 99% de particules et métaux lourds captés
Ce système réagit avec les oxydes de soufre en les neutralisant et finit sa course dans un filtre qui a la propriété de capter les particules et les métaux lourds à près de 99 %.
A l'issue de ces deux phases, les résidus de bicarbonate sont collecté à bord et rejoignent des filières de recyclage comme l'explique la compagnie dans cette infographie.
Ce système de filtres à particules a été en test en 2019 et a, semble-t-il, montré son efficacité.
Guillaume Picard, commandant de marine à la retraite et membre du collectif STOP Croisières confirme que "le Piana est le seul navire au monde à aller au-delà de la réglementation internationale".
Le choix de la Méridionale reste l'exception
Il ajoute que "les autres navires de la compagnie la méridionale utilisent des scrubbers à circuits fermés (qui utilisent de l’eau pour laver les fumées et gardent cette eau souillée pour être traitée une fois arrivé à terre) à l’inverse des autres compagnies comme la Corsica Linea ou CMA-CGM qui utilisent des circuits ouverts où l’eau utilisée pour nettoyer les fumées est rejetée en mer directement."
Les armateurs ont le choix d’utiliser du fioul à 0,5% de soufre, la norme internationale, ou à 3,5%. "S’ils utilisent le 3,5%, ils doivent nettoyer leurs fumées avec des scrubbers ou des filtres à particules, explique Guillaume Picard, il faut savoir que les scrubbers nécessitent environ 18 tonnes d’eau par heure pour laver les fumées".
La Méridionale est le seul armateur au monde qui a une conscience écologique et qui fait son maximum pour la transition énergétique.
Guillaume Picard, membre du collectif STOP Croisières
Il y a cependant un bémol de la part du militant écologiste : "la seule question que l'on se pose c'est où sont traités les mètres cubes d’eau des circuits fermés des scrubbers et où finissent les déchets ultimes, que l’on ne peut pas transformer".
"En tout cas le filtres à particules sont la solution pour tous les navires à l’avenir ( en construction pour les futurs et à installer sur ceux déjà existants", souligne pour conclure Guillaume Picard.
L'innovation est inaugurée le 5 septembre à Marseille où le maire Benoît Payan a lancé une pétition en ligne contre la pollution maritime en Méditerranée, qui a récolté quelque 50.000 signatures depuis juillet.
Le transport maritime, qui représente 90% du commerce mondial, est responsable de 4% des émissions de CO2 et 10% des émissions de souffre. Les compagnies privilégient les fuels lourds, moins chers et de moins bonne qualité, dégageant beaucoup de matières polluantes: CO2, oxyde d’azote, oxyde de souffre et particules fines.
Depuis le 1er Janvier 2020, la nouvelle réglementation de l’OMI, l’Organisation Maritime International, impose une réduction par sept de la teneur en soufre des carburants utilisés dans le transport maritime, passant ainsi d’une teneur de 3,5% à 0,5% de soufre.
L’objectif est de réduire les émissions d’oxyde de soufre par les navires et ainsi d’améliorer la qualité de l’air dans les régions littorales.