Après cinq semaines d’un procès hors normes, des peines de 5 ans de prison, dont un avec sursis, et 10 ans ferme ont été requises ce lundi, à l'encontre des deux chirurgiens dentistes jugés depuis le 28 février pour des mutilations commises sur plus de 300 patients.
Principal mis en cause dans ce procès, le docteur Lionel Guedj risque la peine maximale pour "la gravité des faits commis et le nombre de patients".
Devant la 6e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Marseille, les procureurs Michel Sastre et Marion Chabot ont requis ce lundi 10 ans de prison ferme à son encontre, une amende de 375.000 euros, demande de dépôt, interdiction définitive d'exercice la profession de chirurgien dentiste et la saisie de sa résidence principale comme des biens déjà confisqués.
Le parquet a requis 5 ans de prison dont un avec sursis et une amende de 150.000 euros à l'encontre de Carnot, le père, pour "son rôle plein et entier aux côtés de son fils" à ce "système Guedj" qui a conduit la mutilation de 327 patients. Il écope également de l'interdiction définitive d'exercice la profession de chirurgien dentiste. Et de demande de dépôt.
Marion Chabot a pointé la cupidité des prévenus qui plaident l'erreur médicale :"comment arrive-t-on à mutiler 3900 dents à 327 patients? On ne dévitalise pas par erreur, la répétition est la preuve de l'intention d'un système. Ils ont pris les bénéfices et laissé tous les risques à leurs patients".
Abcès, kystes, douleurs insupportables, bouche noire, mauvaise haleine, prothèses qui ne tiennent pas: les victimes ont raconté à la barre les conséquences des opérations pratiquées à la chaîne par ce cabinet dentaire installé dans les quartiers nord.
Face à ces témoignages, le ministère public a dit avoir vu des prévenus "froids, inaccessibles, exempts de tout remords", et ne pas avoir réussi "à percevoir une empathie sincère".
"Jusqu'aux dernières plaidoiries des parties civiles, ils n'auront de cesse de lever les yeux au ciel", a pointé dans son réquisitoire le procureur Michel Sastre. Il a également dénoncé "l'insolence" de prévenus qui n'ont cessé, au fil des audiences, de "minimiser leur responsabilité et l'ampleur du désastre".
Et le magistrat de rappeler la "honte" de certaines victimes, "leur culpabilité" de s'être fait avoir, l'une d'elles expliquant même avoir eu le sentiment "d'être violée".
"Il a profité des gens qui n'avaient pas beaucoup de moyens pour faire leurs soins, et des personnes âgées, des enfants et des personnes analphabètes aussi", a réagi une plaignante.
"Ce procès hors norme, c'est le procès de la cupidité et de la lâcheté", a dénoncé ce lundi l'avocat de l'Assurance maladie.
Lionel Guedj, 41 ans et son père Carnot, 70 ans, auraient escroqué la Sécurité sociale et plusieurs mutuelles en effectuant des soins inutiles sur des patients, jusqu'à les mutiler.
Un préjudice qui s'élèverait à près d'1,7 million d'euros. Une enquête a établi que l'ancien dentiste des quartiers nord s'est constitué en quelques années un patrimoine immobilier de 9,5 millions d'euros, possédant des voitures de luxe ou encore un yacht de 15 mètres.
Mardi au dernier jour d'audience, la parole sera à la défense.