"Quand on refuse le chien, on refuse le maître" : un homme malvoyant reconnu victime de discrimination au tribunal après son expulsion d'un Monoprix

Ce vendredi 27 septembre, l'ancien gérant d'un Monoprix à Marseille qui avait été filmé en train de refouler un homme malvoyant et son chien a été condamné pour discrimination et violences volontaires. Un verdict satisfaisant pour la victime.

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Le jugement tombe six ans après. Le gérant qui avait poussé brutalement Arthur Aumoite, un homme malvoyant, et son chien hors d'un Monoprix de la Blancarde, à Marseille, en septembre 2018, a finalement été reconnu coupable de discrimination et de violences volontaires sur personne vulnérable. Il doit verser 3000 euros à la victime et 500 euros à chaque association partie civile lors du procès, et peut encore faire appel. La chaîne de magasin, elle, a été relaxée.

Une victoire pour sensibiliser le public

Une décision vécue comme une victoire par la victime, atteinte de cécité presque totale, et dont la chienne Loya est décédée en août 2024. "Même si on m'avait donné un euro symbolique, je m'en fous, explique-t-il. Ce qui compte, c'est que la discrimination soit reconnue pour la première fois, que ce ne soit pas qu'une contravention. ".

Car le refus d'un chien guide d'aveugle ou d'assistance est considéré par la loi comme une contravention de troisième classe, punissable au maximum d'une amende de 450 euros, et prescrit au bout d'un an. "À chaque fois, on nous dit que c'est notre animal qu'on vire, pas nous. Le problème, c'est que quand on refuse le chien, on refuse aussi le maître en réalité", déplore Arthur Aumoite. Dans le cas d'un délit de discrimination, la prescription passe alors à 6 ans, et le coupable peut être envoyé en détention.

La scène, assez violente, avait été filmée à l'époque par le petit frère de la victime et partagée sur Youtube. Visible ci-dessous, elle cumule aujourd'hui plusieurs centaines de milliers de vues et avait provoquée un scandale.

"Dès que je sors de chez moi, j'ai une copie des textes de lois"

Si les réparations financières suffisent à Arthur Aumoite, il aurait préféré une sanction différente pour marquer les esprits. "J'aurais souhaité qu'une peine de prison avec sursis soit prononcée, comme le voulait la procureure. Pas pour enfermer cet homme, ce n'est pas un criminel, mais pour sensibiliser, pour dire aux gens qu'il faut faire attention, qu'ils risquent d'être incarcérés quand ils font de la discrimination". Il aurait également souhaité faire reconnaître le rôle de Monoprix, et le manque de formation du gérant. 

Mais malgré cette victoire, les droits fondamentaux des personnes en situation de handicap continuent d'être remis en question au quotidien. "Selon la défenseure des droits, c'est la première cause de discrimination en France, alerte la victime, aujourd'hui vice-présidente du Conseil national consultatif des personnes handicapées. On continue à produire du handicap, en créant des lieux inaccessibles, même dans des bâtiments publics. Dès que je sors de chez moi, j'ai une copie des textes de loi, au cas où on me refuserait l'accès quelque part."

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