Élu LR historique, un temps "héritier" de Gaudin, Renaud Muselier a remporté dimanche les régionales en Paca. Celui qui rêvait un temps de la mairie de Marseille remporte cette fois le conseil régional en son nom propre, après l'avoir dirigé quatre ans suite au départ de Christian Estrosi.
Après un duel à suspense contre Thierry Mariani, le candidat du RN qui l'avait devancé au premier tour, Renaud Muselier a finalement emporté dimanche au soir du second tour des élections régionales.
Crédité de 57,7% des voix selon notre sondage. Renaud Muselier a bénéficié du retrait du candidat de l'union de la gauche et des écologistes, Jean-Laurent Félizia. Avec 16,89% des voix dimanche 20 juin, il avait cédé aux appels au front républicain contre l'extrême-droite, et appelé à voter pour faire barrage au RN.
Né à Marseille en 1959, Renaud Muselier a mené toute sa carrière politique à droite, du RPR aux Républicains en passant par l'UMP. Fils d'un couple de résistants, il a fait ses débuts au sein du conseil national du RPR en 1987.
Médecin de profession, cet élu a occupé à la fois des mandats locaux (secrétaire départemental du RPR puis de l'UMP dans les Bouches-du-Rhône), nationaux (député, secrétaire d'Etat) ou des fonctions exécutives au sein des différents partis.
Ambitions et revers politiques
Récemment, Renaud Muselier est apparu dans la presse nationale lors du psychodrame entre LR et la République en Marche, avant le premier tour des élections. En tendant la main à la liste menée par Sophie Cluzel, qui accepte de se retirer à son profit, l'élu sème la panique au sein de son parti.
L'épisode manque de lui coûter sa place de candidat et une exclusion du parti. Il est finalement réinvesti après être revenu sur cette alliance avec LREM, gardant une quinzaine de soutiens de la majorité sur sa liste "sans accord d'appareil". Et s'être mis à dos, aussi, une partie des Républicains.
Président sortant de la région Paca, il n'a pourtant jamais été élu en son nom . En 2017, il avait pris la succession du démissionnaire Christian Estrosi, victorieux avec 54,78% des voix en 2015 contre Marion Maréchal-Le Pen. Renaud Muselier est alors président délégué de Provence-Alpes-Côte d'Azur et député européen.
Seul candidat en lice, il recueille la totalité des voix des Républicains dans l'hémicycle, le Front national ne prenant pas part au vote.
L'élection de 2021 est sa deuxième tentative, après un premier échec en 2004. Secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères entre 2002 et 2005, Renaud Muselier décide ensuite de se concentrer sur la ville de Marseille, où il espère prendre la suite de Jean-Claude Gaudin dans le fauteuil de maire.
Renaud Muselier reste aussi dans les mémoires comme celui qui a perdu la communauté urbaine de Marseille au profit du socialiste Eugène Caselli en 2008. Contre toute attente, car Jean-Claude Gaudin ne brigue pas sa réélection à la tête de l'institution, et que Muselier est mathématiquement assuré de la victoire.
Un coup de théâtre, une trahison de la droite, alors qu'il vient de contribuer à l'élection du maire en étant élu dans le 4-5e secteur contre Jean-Noël Guérini (PS). C'est le début de la déchirure avec celui qu'il considère comme son "père spirituel".
Lâché par son mentor, Jean-Claude Gaudin
Bras droit de l'ancien maire de Marseille, dont il a été 1er adjoint pendant douze ans, Renaud Muselier a attendu longtemps son heure de gloire dans l'ombre. "La prochaine fois, c'est toi", lui aurait glissé Jean-Claude Gaudin au soir du second tour en 2008, laissant planer l'espoir qu'il lui cèderait son fauteuil après deux mandats.
Sauf que les difficultés s'enchaînent : 2012 est une année noire pour Muselier, qui perd son mandat de député des Bouches-du-Rhône face à la ministre PS Marie-Arlette Carlotti. Après cet autre revers, il annonce son retrait (temporaire) de la vie politique.
C'est à ce moment là que la version des deux hommes diffère. Suite à cette mise en retrait, Jean-Claude Gaudin aurait estimé que Renaud Muselier ne s'imposait plus naturellement comme le candidat de la droite pour les municipales 2014.
Le maire de Marseille rempilera finalement pour deux mandats supplémentaires, douchant les espoirs de son dauphin de lui succéder. Demeure toujours une blessure, bien réelle, pour celui qui se considérait comme son successeur naturel. Et n'hésite plus à qualifier son ancien mentor de "mauvais maire".
Pour ces régionales 2021, Renaud Muselier affrontait Thierry Mariani, un ancien allié à droite. Les deux hommes se sont longuement cotoyé au cours de leurs carrières politiques, qui se sont bâties au sein du même parti et de la même région.
Renaud Muselier a d'ailleurs été le directeur de campagne d'un certain Thierry Mariani pour les régionales 2010... à une époque où ce dernier faisait encore partie de l'UMP.