L'étude "pré-print" sur le Covid co-signée par Didier Raoult, publiée au mois d'avril 2023, critiquée par plusieurs organisations médicales dans une tribune du journal Le Monde, et attaquée en justice par l'ANSM va finalement être retirée.
Elle n'avait obtenu aucun feu vert. L'étude du professeur et fondateur de l'IHU Méditerranée Infection de Marseille Didier Raoult sur la Covid va être retirée, sous la pression de la direction des hôpitaux marseillais.
Elle avait été écrite par sept coauteurs (la majorité d'entre eux exerçant toujours à l'IHU), en plus de Didier Raoult (ancien directeur), et publiée en ligne dans le cadre d'un "pré-print". Il s'agit d'une étude sur 30 000 patients Covid soignés à Marseille, qui conclut que l'administration d'hydroxychloroquine (ou d'ivermectine) a réduit la mortalité des patients Covid.
Marche arrière
Sur Twitter, vendredi 2 juin, Didier Raoult assure que cette étude fait peur et que ses auteurs ont été menacés de sanctions "en public, par Mr Braun, ministre de la Santé ) sous prétexte que le soin qui a sauvé tant de gens (..) aurait été un essai et non du soin de qualité".
Un peu plus tôt, les hôpitaux marseillais (AP-HM) avaient indiqué toujours sur Twitter qu'à "la suite des échanges avec la Direction Générale, le Pr Jean-Christophe Lagier, coauteur et chef de service dans le pôle des maladies infectieuses a annoncé ce jour le retrait du pre-print".
"Je pense que la réputation de l'Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection (IHU) de Marseille est suffisamment gravement mise en cause aujourd'hui pour que ce papier soit retiré afin de préserver l'IHU", a expliqué à l'AFP le directeur de l'AP-HM François Crémieux.
"Plus grand essai thérapeutique sauvage"
Ce "pre-print" – une version non relue par des pairs ni publiée dans une revue scientifique — avait été qualifié en début de semaine de "plus grand essai thérapeutique + sauvage + connu" par 16 sociétés savantes de médecine dans une tribune publiée dans le quotidien Le Monde.
Ces sociétés savantes avaient regretté "l'absence de réaction des institutions" face aux traitements prescrits par les équipes de l'IHU aux patients atteints de Covid-19, sans preuve d'efficacité et au mépris des recommandations officielles.
Le ministère de la Santé réagit
Mercredi le ministre de la Santé François Braun avait brandi la menace de sanctions contre ces coauteurs au Sénat où il était interpellé sur "une inertie des pouvoirs publics" par Bernard Jomier (écologiste, apparenté PS) face aux dérives de l'IHU de Marseille sous l'ère Raoult. Le professeur, aujourd'hui émérite, avait dirigé l'IHU de sa création jusqu'à l'été 2022.
Le président de l'Université Aix-Marseille, Eric Berton, avait lui aussi estimé dans un entretien à l'AFP que ce pre-print "ne sert pas la réputation" de l'IHU, qui a besoin de retrouver de la "sérénité". Et il craint que cela ne retarde l'autorisation de l'agence du médicament pour que l'IHU puisse reprendre des essais cliniques, actuellement suspendus.
L'ANSM attaque en justice
Après la décision de retirer cette étude, nos confrères de FranceInfo ont appris que l'agence nationale de sécurité du médicament annonçait saisir la justice. L'ASNM précise que l'usage de l'hydroxycholoroquine pour traiter des malades du Covid "aurait dû bénéficier d'un avis favorable d'un comité de protection des personnes et d'une autorisation".
Avec AFP.