En moins de trois mois, le conflit israélo-palestinien a fait plus de 24 000 morts et plus de 60 000 blessés. Plus de deux millions de Gazaouis ont été déplacés. Le journaliste Rami Abujamus est l'un d'eux. Pour Méditerranéo, il a filmé la guerre au cours de son périple vers Rafah, avec son fils de deux ans.
Depuis la fenêtre de son appartement à Gazaville, Rami Abujamus filme les immeubles sous le feu et les bombes. A ses côtés, Walid, deux ans, assiste à la scène. Pour préserver son petit garçon des horreurs de cette guerre, le journaliste palestinien invente des jeux. Une "fable" qui fait immédiatement penser aux héros de La vie est belle de Roberto Benigni, Guido et son fils Giosué, dans un camp de concentration. Pour Walid, les explosions sont des "feux d'artifice pour un anniversaire". "Habibi, tu comptes avec moi, un, deux, trois... bravo... applaudis!.. Il a pas peur Baba". Et l'enfant, enthousiaste, claque ses petites mains dans un éclat de rire filmé par son papa.
Le magasine de France 3, Méditerranéo raconte à travers les yeux de Walid, ce conflit qui, en moins de trois mois, a fait plus de 24 000 morts, plus de 60 000 blessés, plus de deux millions de Gazaouis déplacés pour aller s’entasser dans des camps de fortune. Rami Abujamus est de ceux-là. Il a quitté Gaza pour Rafah.
"Bobo à la tête"
Depuis le début de la guerre, Rami filme son quotidien. Aujourd'hui, il y a de la farine, sa femme prépare des galettes. "Maman, elle fait du pain", commente le petit Walid, à sa table d'enfant, appliqué à aplatir la pâte, un rouleau dans les mains.
Dans son périple, il partage les images de la guerre filmées dans des conditions très difficiles, tout en préservant son jeune fils. Depuis le début des bombardements, Rami fait tout pour que Walid continue de mène une vie "presque normale" d'enfant. Même quand une bombe explose au pied de leur immeuble, ne faisant heureusement que des blessés légers, comme le 8 novembre. Rami dédramatise encore pour son fils, qui a eu "bobo à la tête".
Voir le reportage de Yannick Aroussi et Sébastien Michaeli :
Deux jours plus tard, la famille et leurs voisins se résignent pourtant à partir avec quelques affaires prises à la hâte. Un drapeau blanc à la main, ils se lancent à pied vers l'inconnu. Alors qu'ils marchent sur les trottoirs, les coups de feu claquent, omniprésents. Rami filme avec son téléphone dans une main, tenant son fils de l'autre. Le rassurant à chaque instant. "Ça va Baba? Je suis fier de toi".
Rami filme toujours quand il croise son voisin en pleurs, son fils mortellement blessé allongé à ses côtés. Des cadavres encore. Rami et Walid arrivent enfin à l'hôpital, pour asister à un spectacle de désoldation, des corps alignés sous des couvertures. "Gaza est tombée", constate le journaliste.
"Cette fois-ci je sens que c'est moi l'info"
Rami et sa famille partent vers Rafah, à une quarantaine de kilomètres au sud. Partout, sur la route, ce ne sont que décombres. Rami a trouvé de la place sur une charette. "Il est où le cheval Baba? T'es content ? Montre-moi le cheval". Cette nouvelle attraction détourne l'attention deu garçonnet de toute l'horreur qui l'entoure. "D'habitude, je ne m'exprime pas, je garde tout ce que je ressens pour moi, j'espère d'être un peu neutre, j'ai toujours couvert toutes les guerres, j'ai couvert les infos, mais, je ne sais pas pourquoi depuis le début de cette guerre, cette fois-ci, je sens que c'est moi l'info, confie le journaliste qui a réussi à embarqué à bord d'une voiture automobile pour poursuivre la route, donc je partage quelques audios, avec vous, des vidéos de Wallid, comme ça au cas où, vous avez quelques archives".
Arrivés à Rafah, la famille a pu s'installer dans un appartement T2, grâce à un ami. Un exile provisoire, où la vie reprend dans des conditions précaires. Sans électricité, ni carburant ni eau courante. Le petit Walid participe à toutes les tâches. Mais à Rafah, les bombardements continuent. Israel a fait s'entasser 1,3 Millions de personnes. "Ça bombarde partout, y a la peur partout, donc on ne peut pas dire 'c'est fini, on est partis de Gaza, au contraire ça continue et ça devient de pire en pire et surtout on ne sait ce qu'est l'avenir". A la frontière égyptienne, les derniers arrivés à Rafah plantent leur tente dans un camp de tentes. Sans savoir de quoi demain sera fait. Mais Walid lui a toujours le sourire et sa gaité d'enfant, grâce à son papa.