Les infirmiers libéraux manifestent ce lundi pour dénoncer l'absence de revalorisation financière de leurs actes depuis 2009.
Après les agriculteurs, les taxis, les VTC, les infirmiers libéraux battent le pavé lundi 12 février pour demander une revalorisation de leurs actes. En première ligne pendant la crise du Covid comme leurs collègues à l'hôpital, applaudis à 20 heures pour leurs dévouements, les infirmiers n'ont pas eu la reconnaissance attendue pour leurs services dévoués.
"Une salle d'urgence" dans la voiture
Infirmière libérale à Marseille depuis 1991, Martine Giordanino partage ce sentiment de travailler toujours plus pour avoir un revenu décent. Sa journée commence tous les matins à 6h. Dans le coffre de sa "voiture-bureau", de quoi faire perfusions, tests anti-géniques, pansements, injections, et même du matériel pour de la téléconsultation. "C'est une salle d'urgence parce qu'il faut qu'on ait tout à proximité, explique-t-elle, il faut qu'on puisse faire des pansements, si par exemple, on arrive chez quelqu'un et qu'il est tombé". Après avoir vérifié que rien ne manque, elle attaque son marathon. Cette soignante parcourt entre 8 et 10 km par jour, au pas de course.
Un soignant multi-tâches
Au domicile de Pierre, son premier patient, âgé et alité, qu'elle suit depuis cinq ans, sa visite est attendue. "La toilette, c'est important, mais ça me permet surtout de vérifier tout ce qui ne va pas, après, je ferai toutes les constantes, qui sont vraiment techniques".
"C'est un moment privilégié pour lui et pour moi", ajoute-t-elle. Ce patient ne mange plus et ne boit plus. Martine prend un soin tout particulier à éviter tout risque de déshydratation. Pas le temps de souffler, l'infirmière enchaîne les soins, toilette, perfusion, distribution des médicaments, avant de faire le suivi administratif.
Des visites de 45 minutes minimum
Chez chaque patient, l'infirmière tient à jour un classeur : "Tous les jours, on remplit tout ce qu'il s'est passé pendant le soin, tous les paramètres vitaux du patient, et surtout, on a les consentements du patient à remplir, la fiche d'évaluation de la douleur, les fiches de transmission pour l'hôpital, et tout ce qui va être injectable est noté aussi".
Dans la même journée, Martine Giordanino reviendra deux autres fois auprès de ce patient, pour une facturation à 30 euros brut. Elle passe minimum 45 minutes avec chaque patient.
"Il faut absolument protéger l'aidant"
En plus de son rôle para-médical technique, l'infirmière endosse un rôle social et "vital pour le patient", pour permettre le maintien à domicile. "Il faut absolument protéger l'aidant, rappelle-t-elle, parce que sans aidant, on n'a pas de patient à domicile",
"Après s'être occupé du patient, on essaie toujours de débriefer un moment avec l'aidant, ça peut être autour d’un café, ou prendre un moment, s’asseoir avec lui, parce que l'aidant, il est seul, il assume, il porte tout et il a souvent le même âge que le patient".
Financièrement, Martine estime que la moitié de ses revenus sont des frais professionnels :
Les prix ont augmenté : l'essence, l'inflation de la vie et nos actes n'ont pas bougé depuis 15 ans.
Martine Giordanino, infirmière libéraleFrance 3 Provence-Alpes
A 64 ans, Martine se sent épuisée physiquement et moralement. "On est confrontés à la douleur, à la souffrance, à l'isolement et c'est vraiment un rôle éponge, et il faut quand même garder le sourire parce que nous, on insuffle la vie". L’infirmière attend ses 67 ans pour partir à la retraite à taux plein.