Joseph, 81 ans, s'est fait dérober en laissant un faux salarié d'EDF intervenir à son domicile. L'individu a subtilisé le code de sa carte bleue avant de s'emparer de cette dernière. Un procédé bien rodé utilisé sur une dizaine de personnes âgées au cours de ces dernières années.
“Je me suis fait avoir comme un bleu”. Joseph a 81 ans et le 24 octobre dernier, il s’est fait voler 1 000 euros... sans sortir de son domicile du 11ᵉ arrondissement de Marseille. Un individu s’est présenté à son domicile comme étant un ouvrier d’EDF venu nettoyer sa haute aspirante. Joseph ne s’en méfie pas et le laisse entrer.
Un procédé bien rodé
Ancien ramoneur de profession, le voleur effectue son travail sans attirer l’attention. “À la fin, il me demande de régler 30 euros en espèce. Je ne les ai pas alors il me propose de régler par carte”, explique l’octogénaire, qui ne se doute pas de la ruse du faux ramoneur.
Ce dernier va alors sortir un terminal de paiement électronique qui n’est en réalité que son téléphone ouvert sur le clavier d'appel. Joseph n’y voit que du feu, compose son numéro de carte bleue et le valide. Sans s’en rendre compte, il vient d’enregistrer son code de carte bleue dans le mobile du voleur.
Ensuite, il me demande une facture EDF. Le temps que j’aille chercher le document dans ma chambre, il avait pris la carte dans le tiroir d’où je l’avais sortie pour payer.
Josephà France 3 Provence-Alpes
“Ensuite, il me demande une facture EDF. Le temps que j’aille chercher le document dans ma chambre, il avait pris la carte dans le tiroir d’où je l’avais sortie pour payer”, explique le retraité.
Il est 13 heures au moment des faits. Joseph ne prend conscience de la disparition de sa carte bleue qu’à 17 heures le soir. Il est déjà trop tard, l’individu lui a dérobé 1 000 euros.
"J'étais en confiance"
Le vieil homme a rapidement été pris de panique. “Je suis cardiaque. Mon cœur a palpité”, affirme-t-il à la découverte de l’escroquerie. “Je me suis fait engueuler par ma femme”, ajoute-t-il, préférant aujourd’hui en rire plutôt qu’en pleurer.
Joseph se sent idiot de ne pas avoir fait attention. Avec du recul, “j’aurais dû lui demander une carte quand il est rentré, me rappeler que c’est le Syndic qui convoque et informe de la venue d’un agent”, affirme-t-il. “Il a discuté bien 10 minutes avec moi. J’étais en confiance”, rétorque le vieil homme, qui n’a rien dit, même lorsque le voleur ne lui a pas donné de ticket de carte bleue. “Il m’a bien embrouillé”, conclut-il.
Une dizaine de personnes escroquées
Immédiatement, Joseph porte plainte. Une enquête est alors ouverte à la division criminelle territoriale (DCT) de Marseille. “Sur un fait isolé comme celui-ci, c’est difficile d’identifier le voleur”, avoue Patrick Mathouillet directeur de l’enquête.
“On a essayé de faire des rapprochements au sein de nos fichiers pour essayer d’identifier d’autres faits avec un mode opératoire identique et un signalement identique. Ça nous a permis de remonter sur une dizaine de faits”, ajoute l’enquêteur. Au total, le voleur a escroqué près de 12 000 euros à des personnes âgées de 80 à 95 ans.
Les enquêteurs décrivent l’individu comme étant une personne sans emploi, calme, sympathique, arrivant à s’attirer facilement la confiance de personnes vulnérables afin de “voler tout ce qu’il pouvait”. “Il n’y a pas de violence”, souligne Patrick Mathouillet, “simplement de la manipulation face à des personnes qui sont isolées, seules, en situation de vulnérabilité”.
L'homme âgé de 41 ans, père d’une fille de quelques mois, a déjà été condamné à 3 ans de prison ferme en 2016 pour des faits similaires. Il a été interpellé lundi 16 décembre et condamné de nouveau à quatre ans de prison dont un avec sursis. Ce mode opératoire n’est donc pas nouveau et tend à se développer de plus en plus.
Joseph lui n’a pas pu être indemnisé par sa banque, considérant qu’il s’agissait d’une négligence de sa part. “J'ai dû emprunter à mon beau-fils pour payer mes crédits”, explique l’octogénaire. Il doit recevoir 1 000 euros du fonds d’indemnisation des victimes auxquels s’ajoutent 1 000 euros pour le préjudice moral.
Les conseils de Benoit Auger-Latife, commissaire à la DCT, afin d’éviter ce genre de vol :
1. En amont, lorsqu'une intervention est programmée
- Contacter l’organisme auquel prétend être rattaché l’individu
- Se renseigner auprès des voisins et du Syndic concernant la véracité de sa venue
2. Lorsque l’individu se présente à votre domicile :
- Exiger qu’il montre une carte professionnelle ou un justificatif d’intervention
- Garder en tête que les interventions se déroulent entre 9 heures et 17 heures et donc ne pas ouvrir à des inconnus en dehors de ces horaires
- Vérifier systématiquement les objets de valeur dès son départ
3. De manière générale :
- Ne pas indiquer sur les boîtes aux lettres le veuvage, qui permet aux malfaiteurs de détecter les personnes seules
- Ne jamais indiquer la localisation des objets de valeur et des liquidités dans le logement
- Et en cas de doutes, ne pas hésiter à faire le 17