Après six ans d'attente, le procès de l'eau contaminée d'Air Bel, dans le 11ᵉ arrondissement de Marseille, s'est ouvert aujourd'hui. Les habitants de ce quartier populaire demandent la reconnaissance de préjudice d'anxiété et de jouissance.
Le procès de l'eau polluée à la légionelle s'est ouvert ce vendredi 1er septembre. Depuis des années, les habitants du quartier d'Air Bel, dans le 11ᵉ arrondissement, dénoncent la mauvaise qualité de l'eau. À la barre, sont accusés les bailleurs sociaux, Unicil, Logirem et Erilia. 300 dossiers ont été déposés devant les juges, 12, seulement, seront examinés et serviront de références pour les autres.
Une soixantaine de plaignants sont arrivés en bus, ce matin, pour assister au procès au tribunal de la caserne du Muy à Marseille. Leur avocate réclame 10 000 euros pour le préjudice d'anxiété et 5 000 euros pour le préjudice de jouissance pour chaque famille.
Un quotidien invivable
"On a peur de boire de l'eau du robinet", déclare Guendouz. Un quotidien qu'elle partage avec les autres habitants et habitantes du quartier populaire Air Bel. "Parfois, l'eau coule. Elle est rouillée et rouge. On vit dans le danger", poursuit-elle.
Et si cette eau est de mauvaise qualité, c'est en raison du fort taux de légionelles. Cette bactérie, à l'origine de la légionellose, peut provoquer de graves infections pulmonaires. C'est à partir de 2011 que sa présence est détectée dans les canalisations d'eau chaude de la cité.
Un homme décède en 2017
Mais c'est en septembre 2017 que cette affaire prend un autre tournant. Un père de famille de 46 ans, habitant à Air Bel, meurt. Des expertises prouvent, un mois plus tard, que cette bactérie serait à l’origine de ce décès. Toutefois, aucun lien formel n'avait été établi entre le décès et le lieu d'habitation par l'Agence régionale de santé (ARS).
Si la défense nous dit que ce ne sont pas les légionelles qui l'ont tué, alors c'est quoi ?
Adel Haouache, fils de la victimeà France 3 Provence-Alpes.
Ce matin, le fils de la victime était présent. Il accuse le comportement de la défense, affirmant que les légionelles "ne tuaient pas". "Je ressens de la haine. Ils ne peuvent pas nous dire ça, alors que notre famille a été touchée. J'aimerais qu'ils avouent", nous confie Adel Haouache.
Six ans d'attente
Pour certains habitants, l'attente est longue. "Ça fait un moment qu'on souffre, six ans qu'on se bat. On veut savoir où est le problème, il faut qu'on trouve une solution", déclare une résidente.
D'autres souhaitent que "justice soit faite". "On veut faire entendre notre voix, que les gens des quartiers populaires n'appartiennent pas aux bailleurs sociaux", assure Rania Aougaci.
Cette habitante d'Air Bel considère que ce procès est déjà un grand pas vers la reconnaissance. "Le fait que ce ne soit pas classé sans suite, c'est une première réussite."
La décision sera mise en délibéré le 1ᵉʳ décembre.