La justice a frappé la criminalité organisée des déchets dans le Sud-Est en procédant à onze mises en examen, rapporte jeudi le parquet de Marseille. L'enquête vise notamment l'incendie de l'usine de recyclage en décembre à Saint-Chamas, dans les Bouches-du-Rhône.
Déchetteries remplies à ras bord jusqu'à l'incendie, exportation illégale de tonnes d'ordures…
Mardi 10 et mercredi 11 mai, cinq personnes ont été mises en examen "des chefs de gestion, transport, exportation et abandon irréguliers de déchets en bande organisée, escroquerie en bande organisée et infractions à la réglementation", a détaillé le parquet de Marseille dans un communiqué. Deux d'entre elles ont été placées en détention provisoire.
L'opération, menée dans le cadre d'une information judiciaire ouverte fin 2021, a été conduite dans les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse et le Gard, mobilisant plus de 60 gendarmes. Onze perquisitions ont été réalisées.
Six entreprises ont aussi été mises en examen en tant que personnes morales. Les cinq personnes mis en examen doivent aussi répondre de l'exploitation irrégulière d'une installation classée (déchetterie) et de destruction par incendie, a ajouté le parquet de Marseille.
L'enquête vise notamment un incendie récent, qui avait mobilisé élus et militants au début de l'année : celui du centre de tri de la société Recyclage concept 13, à Saint-Chamas, près de Marseille. Mais également celui de Meyrargues, le 10 décembre 2020.
"Plusieurs sites de stockage, des hangars loués devenus des hangars remplis de déchets, exploités pour y stocker des déchets par l'intermédiaire de plusieurs autres sociétés, ont été découverts dans le Gard, les Bouches-du-Rhône, la Drôme et le Vaucluse", décrit le parquet, parlant de conditions "irrégulières en raison du volume et de la nature des déchets".
Exports illégaux et enfouissements sauvages
Le point de départ de l'enquête, menée par l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et la santé publique (Oclaesp), est l'incendie survenu en août 2020 dans une déchetterie à Milhaud, dans le Gard, gérée par la société Benne 30.
Son responsable, Richard Perez, surnommé le roi des poubelles, fait partie des personnes mises en examen.
D'après le parquet de Marseille, plus de 26.000 tonnes de déchets auraient été exportées illégalement entre octobre 2020 et février 2021 par cette société, notamment en Espagne, tandis que certains déchets "auraient pu faire l'objet d'enfouissements sauvages".
"Les investigations concernant l'origine de l'incendie, mais également les conditions de stockage et de traitement des déchets au regard de la réglementation (...) ont permis de mettre en évidence plusieurs irrégularités, notamment au regard des volumes stockés", a expliqué le parquet.
Après l'incendie, et ce malgré une mise en demeure du préfet de réduire le volume de ses déchets, la société "avait poursuivi son activité en réceptionnant de nouveaux déchets".