Transidentité : voilà pourquoi j'ai décidé de m'appeler Lee, militant de la visibilité transgenre à Marseille

Née fille, Lee Ferrero n'a jamais été en accord avec le sexe de sa naissance. En ce mercredi 31 mars, journée internationale de la visibilité transgenre, le jeune homme, militant pour les droits, la visibilité et la compréhension des personnes transgenres et non binaires, témoigne.

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"J'ai toujours su que je n'étais pas une femme", se souvient Lee Ferrero. "Je me suis rendu compte très tôt que j'avais une identité de genre différente de celle de ma naissance, sans pouvoir mettre les mots dessus".

À 24 ans, Lee Ferrero assume totalement sa transformation de genre, même s'il reconnaît comme il le dit ne pas toujours avoir su mettre des mots sur sa transidentité "parce que la société ne me renvoyait une image comme quoi je pouvais être un homme".

À sept ans, il ne comprend pas son genre. "Être une fille n'a aucun sens", il se définit alors non-binaire, ni garçon, ni fille, "comme un garçon féminin", jusqu'à ses 19 ans où il comprend que le mot à mettre sur son identité est "homme".  

"Quand on vit dans une société qui nous renvoie l'image que pour être un homme il faudrait correspondre à un stéréotype, performer une virilité, être attiré par les filles, jouer au foot, ce carcan normatif de genre ne m'a pas aidé à me sentir un garçon".  

Non, la transidentité ne relève pas du psychiatrique

Quand on aborde le sujet, Lee Ferrero passe à l'offensive. "Comment pouvez-vous envisager d'interroger aussi un pédo-psychiatre sur le sujet ?" Et pourtant, le parcours de transition des personnes transgenres fait encore l'objet de traitement en psychiatrique. Un problème majeur pour les associations qui souhaitent que la transidentité ne soit plus considérée comme une pathologie.

Pour leur donner raison, en 2018, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a retiré la transidentité de sa liste des troubles mentaux pour la classer dans le chapitre de la santé sexuelle. La France a été le premier pays au monde, en 2010, à sortir la transidentité de la liste des affections psychiatriques.

"On ne devient pas trans, ce n'est pas un trouble", insiste Lee Ferrero qui milite auprès de l'association Transat à Marseille. "Cette identité est là, elle est parfois refoulée pendant un certain temps parce que l'on ne se sent pas en sécurité dans une société qui nous a assigné une identité sur la base de nos organes génitaux".

Jusqu'à une chirurgie de réattribution sexuelle

Et justement pour certains la transition doit parfois aller jusqu'à l'opération médicale. Vient pour Lee Ferrero la décision de la transformation physique : la chirurgie ou démarche de transition médicalisée comme préfèrent dire les associations LGBT.

Lee Ferrero attaque sa transition avec de la testostérone, puis deux opérations. Une mammectomie et également une métaidoïoplastie, une chirurgie de réattribution sexuelle, "assez simple où l'on peut choisir de conserver son vagin, de créer un urètre ou d'ajouter des implants testiculaires".

Pas de tabou pour le jeune homme, "il faut en parler pour toutes ces personnes transmasculines qui aimeraient peut-être faire ce type d'opération beaucoup moins invasive que la phalloplastie". L'opération consiste principalement à prélever un lambeau de peau d'une région du corps pour la création d'un phallus.

Un problème d'identité pour l'État civil

Changer de genre et avant tout changer de nom. Les personnes transgenres abandonnent souvent leur prénom de naissance, parce qu'il ne correspond plus à leur identité. Il devient alors un deadname.

La démarche administrative soulève encore des difficultés malgré la publication du décret d’application de la loi du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice du XXIe siècle sur le changement d’état civil des personnes trans.

Les personnes trans n’ont, en principe, plus à produire de documents médicaux pour faire une demande de changement d’état civil. "La loi précise que l'absence de documents médicaux ne peut pas motiver un refus", insiste Lee Ferrero. Ce qui dans les faits n'est pas toujours le cas. La procédure reste à ce jour toujours judiciarisée.

Le cas de Lilie, petite fille transgenre de huit ans est représentatif. L'État civil refuse qu'elle puisse changer d'identité. Pour l'administration, il n'existe pas de preuve que la petite fille a entamé une transformation progressive de son corps de garçon vers celui d’une fille. C'est parfaitement illégal"

Lee Ferrero est membre fondateur de l'association Transat. Ces militants cherchent à sensibiliser le public à la question de la transidentité, à apporter des réponses pour la défense des droits des transgenres et lutter contre la transphobie.

Il est très difficile de chiffrer le nombre de personnes trans en France. Les chiffres varient en fonction des sources, les associations étant les plus actives dans le domaine. Selon un rapport déjà très daté de 2009 de la Haute autorité de santé, datant de 2009, entre une personne sur 10.000 et une personne sur 50.000 serait concernée.

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